Question de M. RAINAUD Marcel (Aude - SOC) publiée le 22/05/2008

M. Marcel Rainaud attire l'attention de M. le ministre des affaires étrangères et européennes sur les actions qu'il entend mener en direction des autorités birmanes afin qu'elles autorisent l'accès de leur sol aux Organisation Non Gouvernementales, ainsi qu'aux aides issues de la mobilisation internationale.

La situation sanitaire de ce pays nécessite la mise en œuvre d'une forte mobilisation internationale afin de limiter le nombre de victimes supplémentaires.

Il lui demande de préciser les actions qu'il a engagées et les interventions qu'il entend effectuer afin d'infléchir la position des autorités birmanes, et ainsi mettre en œuvre une aide indispensable à la population.

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Réponse du Ministère des affaires étrangères et européennes publiée le 12/03/2009

Le drame qui a frappé la Birmanie, à la suite du passage du cyclone Nargis, est bouleversant. Selon de nombreuses estimations, il y aurait eu plus de 120 000 victimes. Entre 1,2 et 2 millions de personnes se seraient retrouvées sans abri. Le bilan de cette catastrophe a été aggravé par les conditions socio-économiques et humanitaires très dégradées du pays ainsi que par la réaction initiale des autorités qui ont entravé l'accès direct de l'aide humanitaire. La priorité absolue a été donnée à l'acheminement de l'aide directement à la population birmane. La France s'est aussitôt mobilisée pour porter assistance aux sinistrés. Une aide de 2 millions d'euros a été mise en place en vue de financer l'action des ONG françaises présentes sur le terrain. Nous avons fait pression sur les autorités birmanes pour qu'elles délivrent des visas aux ONG françaises et qu'elles autorisent l'envoi d'avions chargés de fret humanitaire. La France a par ailleurs envoyé le bâtiment de projection et de commandement de la marine nationale Mistral avec à son bord environ une tonne de riz et de matériels humanitaires, permettant d'assurer l'approvisionnement en eau et en nourriture de 100 personnes pendant quinze jours et des abris pour 60 sinistrés, et de répondre aux risques médicaux les plus urgents grâce à un stock de médicaments et de moustiquaires. Bien que nous trouvions incompréhensible que les autorités birmanes n'aient pas, donné leur autorisation à un déchargement de la cargaison du mistral directement en Birmanie, nous sommes heureux que cette aide ait pu finalement bénéficier dans son intégralité à ses destinataires suite à un transfert en Thaïlande. La France a également été à la tête de la mobilisation internationale sur la question de l'accès aux victimes. Elle a appelé aux Nations unies à New York, notamment au Conseil de sécurité, à une levée de toutes les restrictions au libre acheminement de l'aide par les canaux les plus efficaces, en particulier les organismes spécialisés des Nations unies et les ONG. Ces initiatives ont contribué à infléchir l'attitude des autorités birmanes. Face à la montée de la pression internationale, celles-ci ont accepté de répondre à une proposition de l'ASEAN visant à la création d'un mécanisme de coordination de l'aide rassemblant des représentants des Nations unies, de l'ASEAN et des autorités birmanes. Ce mécanisme a permis une évaluation crédible des besoins et une allocation transparente de l'aide. Les ONG et organisations internationales témoignent depuis d'une amélioration des conditions opérationnelles dans le delta. La France, comme l'Union européenne, soutient depuis l'origine cette implication renforcée des pays de l'ASEAN. Nous sommes en effet convaincus que l'ASEAN, organisation régionale dont fait partie la Birmanie, a un rôle à jouer pour faire évoluer la Birmanie dans la bonne direction. Neuf mois après le passage du cyclone, il convient cependant de rester vigilants. La France est toujours très préoccupée par la situation des droits de l'homme, la situation humanitaire et le blocage persistant de la situation politique en Birmanie. Si des améliorations se sont produites en matière d'accès à l'aide humanitaire, elles ne concernent toujours qu'une petite partie du territoire birman. Plusieurs autres situations de crise humanitaire latente, notamment dans les régions peuplées de minorités ethniques, ne trouvent toujours pas de réponse adéquate. Il existe par ailleurs un risque que les autorités birmanes cherchent à mettre un terme à ce timide début d'ouverture. Plus largement, la France considère comme essentiel de contribuer dans la durée au développement des capacités de la société civile birmane dans un pays qui reste l'un des plus pauvres d'Asie. La population birmane, déjà profondément affectée par une gestion désastreuse ainsi que par un système éducatif et de santé laissé en déshérence, ne doit pas être pénalisée une seconde fois par un abandon de la communauté internationale. Une nouvelle décision a ainsi été prise concernant l'octroi d'une aide alimentaire pour 2009. La France appuie l'engagement croissant de l'Union européenne dans les secteurs de l'éducation et de la santé. La France est convaincue qu'une approche équilibrée combinant des éléments de pression sur le régime et une aide à la société civile est la mieux à même de promouvoir les évolutions que nous souhaitons voir se produire en Birmanie. Nous ne devons pas laisser la Birmanie se refermer sur elle-même.

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