Question de Mme KAMMERMANN Christiane (Français établis hors de France - UMP) publiée le 12/12/2008
Question posée en séance publique le 11/12/2008
Ma question s'adresse à M. Alain Joyandet, secrétaire d'État chargé de la coopération et de la francophonie.
Monsieur le secrétaire d'État, alors que la crise financière et économique sévit dans les pays occidentaux, il est impératif de prendre en compte, dans le contexte de mondialisation que nous connaissons, les impacts de ces difficultés sur les pays du Sud, notamment en Afrique.
D'ailleurs, la Banque mondiale et le Fonds monétaire international ont récemment et officiellement mis en garde les pays en développement contre les graves conséquences de la crise financière internationale.
En effet, alors que les pays en développement ne sont aucunement responsables des difficultés actuelles, ils pourraient en payer les conséquences. Je pense, notamment, à la raréfaction globale du crédit, au ralentissement des flux d'investissements directs étrangers et à la baisse du cours des matières premières.
Certes, il est prévu que la croissance de l'Afrique se poursuivra en 2009 à un rythme de 4 % à 5 %, mais ce taux représente une baisse de deux points par rapport à 2008. Or chaque point de croissance perdu constitue un recul majeur dans la lutte contre la pauvreté et une catastrophe humaine pour les pays du Sud.
À court terme, ces pays auront également besoin, comme les États plus développés, de plans de relance. Mais contrairement à nous, ils disposent d'une marge d'action budgétaire plus réduite.
S'il est clair que les pays du Sud doivent assumer leur part de responsabilité dans le développement, à commencer par la bonne gouvernance et la transparence dans la gestion des fonds publics, les pays développés, plus que jamais, ne peuvent se dérober à leurs devoirs en matière d'aide publique au développement.
Il est crucial de mettre l'accent sur le soutien à la croissance durable, à la réduction de la pauvreté et à la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement.
M. le président. Veuillez poser votre question, ma chère collègue.
Mme Christiane Kammermann. Dans ces conditions, monsieur le secrétaire d'État, les pays donateurs, en particulier la France, changeront-ils d'attitude sous prétexte que la priorité est désormais donnée à la situation intérieure ? Quelles mesures la France compte-t-elle adopter afin d'aider les pays du Sud, en particulier l'Afrique ? (Applaudissements sur les travées de l'UMP et de l'Union centriste.)
M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'État chargé de la coopération et de la francophonie.
Réponse du Secrétariat d'État chargé de la coopération et de la francophonie publiée le 12/12/2008
Réponse apportée en séance publique le 11/12/2008
M. Alain Joyandet, secrétaire d'État. Madame la sénatrice, vous avez raison, l'Afrique est inquiète, très inquiète. Elle craint fort de connaître des difficultés encore plus importantes à cause de cette crise.
Dans ces conditions, que fait la France ? Elle agit à trois niveaux, essentiellement grâce à l'action et au rayonnement du Président de la République et du Gouvernement.
Tout d'abord, à l'échelle mondiale, le G20 de Washington a retenu pour la première fois parmi ses priorités la question du développement, ce qui n'était pas acquis.
Nous ne nous contenterons pas de réformer nos institutions financières pour que tout recommence comme avant. Nous agirons en prenant en compte la question centrale du rééquilibrage entre le Nord et le Sud. Ce point figure explicitement dans les conclusions du G20, et je vous renvoie notamment à l'article 14 de la déclaration publiée à l'issue de ce sommet.
À l'échelle européenne, dans le cadre de la présidence française, une unanimité s'est dégagée pour relancer dans les années à venir l'agriculture vivrière et l'agriculture de rente, particulièrement en Afrique.
Sur l'initiative de la France, l'Union européenne a décidé de consacrer un milliard d'euros supplémentaires afin de financer en Afrique subsaharienne les projets publics et privés qui sont nécessaires, notamment pour relancer durablement l'agriculture.
Nous entendons non pas seulement subventionner, mais aussi investir afin que se développe progressivement une agriculture compétitive. Ainsi fera-t-on d'une pierre deux coups : on relancera l'économie et on luttera contre la crise alimentaire.
Enfin, à l'échelle nationale, nous avons beaucoup travaillé sur ce sujet avec le Sénat, notamment sa commission des affaires étrangères et sa commission des finances, et je m'en réjouis.
Notre aide publique sera maintenue l'année prochaine. Le budget de la mission « Aide publique au développement » augmentera de 2,46 %, avec plus de 3 milliards d'euros de crédits de paiement.
En outre, pour soutenir le développement économique car, au fond, c'est cela qui fera reculer la pauvreté , et à la demande du Président de la République, nous mettons en place deux fonds dotés chacun de 250 millions d'euros afin de financer toutes les créations d'entreprises en Afrique, notamment celles qui sont portées par les jeunes Africains diplômés, et ils sont nombreux, qui manquent de moyens. Je le répète, c'est la meilleure façon de lutter dans la durée contre la pauvreté.
Enfin, sachez que nous encourageons tous les financements innovants. La France est pionnière en la matière avec la taxe sur les billets d'avion destinée à lutter contre le sida, qui constitue une initiative particulièrement efficace.
Vous le voyez, madame la sénatrice, à l'échelle mondiale ou européenne, dans un cadre multilatéral ou bilatéral, la France se trouve au cur de cette action. Nous sommes persuadés que le rééquilibrage Nord-Sud correspond à l'intérêt général et qu'il sera favorable à l'Afrique comme à la France.
M. le président. Veuillez conclure, monsieur le secrétaire d'État !
M. Alain Joyandet, secrétaire d'État. De toute façon, les enjeux sont tels que nous avons le devoir d'agir. La raison nous y incite, mais aussi le cur, ce qui est plus enthousiasmant ! (Applaudissements sur les travées de l'UMP.)
Un sénateur de l'UMP. Ça, c'est clair !
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