Question de Mme HOARAU Gélita (La Réunion - CRC-SPG) publiée le 20/02/2009
Question posée en séance publique le 19/02/2009
Mme Gélita Hoarau. Permettez-moi tout d'abord d'exprimer toute ma solidarité et celle de mon groupe à la famille et aux proches de Jacques Bino, le syndicaliste guadeloupéen tué récemment lors des émeutes.
Monsieur le Premier ministre, la crise qui frappe les départements d'outre-mer est particulièrement grave et profonde, plusieurs de mes collègues l'ont rappelé. Elle touche de larges couches sociales. Les plus frappés sont incontestablement, à la Réunion, les 52 % de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté, qui doivent faire face au taux de chômage le plus élevé de la République et de toutes les régions de l'Union européenne, et qui voient leur pouvoir d'achat s'éroder régulièrement par un coût de la vie qui ne cesse de croître.
Cette population déshéritée attend des mesures d'urgence en sa faveur, par exemple une baisse substantielle et durable des prix des produits de première nécessité.
Le Gouvernement est-il prêt à prendre les mesures qui s'imposent pour atteindre cet objectif, notamment en luttant contre les monopoles et leurs surprofits ?
Ce qui a été possible en métropole doit l'être à la Réunion : il suffit de répercuter au profit du consommateur les marges arrière des grandes surfaces. Cette mesure est nécessaire, mais une solution durable passe par un approvisionnement de l'île à partir des pays de la zone, susceptibles d'offrir des coûts initiaux deux à trois fois moins élevés et qui se trouvent à une distance quatre fois moindre.
Cette population attend aussi une baisse des loyers et du prix des transports en commun.
Elle demande encore la gratuité des frais scolaires et de la cantine.
Là aussi, le Gouvernement est-il prêt à ouvrir ces chantiers avec les intéressés et les organismes concernés pour obtenir des avancées en faveur de cette population ?
D'autres mesures immédiates sont à prendre. Ainsi, il convient de répondre à l'attente des milliers de jeunes diplômés sans emploi, qui voient que la plupart des cadres de la fonction publique et du privé sont recrutés à l'extérieur. Leur frustration est grande, monsieur le Premier ministre !
M. le président. Veuillez conclure, madame Hoarau !
Mme Gélita Hoarau. Il est urgent de faire droit à ces revendications, car il ne faut pas laisser la désespérance se transformer en colère et en révolte.
Ces mesures doivent être prises rapidement, sans préjuger de celles qui sont nécessaires et qui portent sur la revalorisation des minima sociaux, des petites retraites, etc.
M. Dominique Braye. Temps dépassé !
Mme Gélita Hoarau. Enfin, il est évident que la sortie de crise est aussi liée à l'élaboration d'un projet de développement global et durable.
Sur ce point, ayons le courage de remettre en cause les recettes utilisées jusqu'à présent dans les départements d'outre-mer, qui montrent aujourd'hui leurs limites. Écoutons les forces vives de nos pays et les institutions qui portent déjà les projets, comme le Plan régional de développement durable de la région de la Réunion, en cohérence avec le projet « Réunion, île verte » et le programme GERRI. (Applaudissements sur les travées du groupe CRC-SPG et du groupe socialiste.)
M. le président. J'insiste sur la nécessité, pour chacun, de respecter le temps qui lui est imparti.
Réponse du Secrétariat d'État chargé de l'outre-mer publiée le 20/02/2009
Réponse apportée en séance publique le 19/02/2009
M. Yves Jégo, secrétaire d'État. À toutes les questions que vous avez posées, madame la sénatrice, la réponse est : oui, le Gouvernement est prêt.
Oui, le Gouvernement est prêt à travailler et à remettre à plat l'organisation économique de nos départements d'outre-mer pour mettre fin aux dérives que vous avez soulignées.
M. René-Pierre Signé. On attend les résultats !
M. Yves Jégo, secrétaire d'État. Oui, le Gouvernement est prêt à un effort de solidarité renforcée, M. le Premier ministre l'a rappelé, notamment grâce à la mise en uvre du RSA, qui permettra à 120 000 de nos compatriotes d'outre-mer qui travaillent de bénéficier d'un revenu supplémentaire.
Oui, le Gouvernement est prêt à fournir un effort en faveur des cantines scolaires. Nadine Morano et moi-même avons annoncé une augmentation de 20 % de la prestation accueil restauration scolaire, la PARS, qui permet outre-mer de financer les cantines scolaires. Cette augmentation sera liée à l'utilisation par ces cantines de denrées locales.
Il faut en effet que tout le monde prenne ses responsabilités. Ceux qui sont chargés des commandes publiques outre-mer ne doivent pas oublier de faire travailler les producteurs locaux, au lieu d'importer des produits de Nouvelle-Zélande pour nourrir les enfants des Antilles ou de la Réunion ! (MM. Jacques Gautier et Christian Cointat applaudissent.)
Car il faut bien dire que la responsabilité est partagée.
Mme Nicole Borvo Cohen-Seat. La responsabilité de qui ?
M. Jean-Luc Mélenchon. C'est l'Europe !
M. Yves Jégo, secrétaire d'État. Le dispositif que nous avons mis en place permettra d'améliorer la situation.
Oui, le Gouvernement va inscrire 54 millions d'euros pour les aides aux intrants, en particulier dans le secteur de l'agriculture, afin que la production locale se fasse dans de meilleures conditions de coûts.
Oui, la réunion qui se tiendra tout à l'heure avec le Président de la République vous confirmera que le Gouvernement est déterminé non seulement à apporter des réponses ponctuelles au conflit et à tout mettre en uvre pour dénouer la situation en Guadeloupe, dont chacun reconnaît que ses racines plongent bien au-delà de notre histoire propre, mais également à permettre d'assurer un nouvel avenir pour l'outre-mer, afin que nous fassions ensemble, je l'espère, entrer les départements ultramarins dans le XXIe siècle. (Applaudissements sur les travées de l'UMP et de l'Union centriste.)
M. René-Pierre Signé. Ce ne sont que des mesures ponctuelles !
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