Question de M. BIWER Claude (Meuse - UC) publiée le 26/02/2009
M. Claude Biwer attire l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale sur les conclusions d'une récente note de la direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance de son ministère suivant laquelle "les performances des élèves de CM2 en lecture, calcul et orthographe ont baissé de manière significative entre 1987 et 2007".
Ces résultats, plutôt alarmants, semblent démontrer que, malgré l'augmentation considérable des moyens dévolus à l'éducation nationale au cours des vingt dernières années, la qualité de l'enseignement a baissé, entraînant une augmentation importante du nombre d'élèves en difficulté.
Il le prie de préciser les mesures qu'il compte mettre en oeuvre visant à accentuer les réformes déjà entreprises ayant pour but de mettre l'accent sur les "fondamentaux" à l'école primaire à savoir, qu'au sortir de celle-ci, les élèves sachent, au minimum, "lire, écrire et compter".
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Réponse du Ministère de l'espace rural et de l'aménagement du territoire publiée le 14/10/2009
Réponse apportée en séance publique le 13/10/2009
La parole est à M. Claude Biwer, auteur de la question n° 458, adressée à M. le ministre de l'éducation nationale.
M. Claude Biwer. Monsieur le ministre, je peux m'associer aux deux questions précédentes, qui ont mis en lumière certaines difficultés que connaît, au quotidien, le monde rural. J'ai d'ailleurs pu apprécier dans vos réponses toute votre finesse politique et votre bon sens, et j'ose espérer que vous suivrez la même voie pour la question que je m'apprête à vous poser !
« Les performances des élèves de CM2 en lecture, calcul et orthographe ont baissé de manière significative entre 1987 et 2007 ». Cette affirmation, sans appel, émane non pas d'un homme politique désireux de marquer son hostilité à l'égard de notre système éducatif, mais de la très officielle direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance du ministère de l'éducation nationale, dans une note publiée à la fin du mois de janvier dernier.
S'agissant de la lecture, deux fois plus d'élèves, soit 21 %, se situent en 2007 au niveau de compétence des 10 % d'élèves les plus faibles en 1987. De plus, les élèves ont tendance à s'abstenir de répondre aux questions exigeant un effort de rédaction.
En calcul, l'étude réalisée note une baisse importante du niveau des élèves entre 1987 et 1999, mais une baisse plus légère entre 1999 et 2007, ce qui est peut être dû à la remise à l'ordre du jour du calcul mental et des techniques opératoires dans les programmes à compter de 2002.
En orthographe, la même dictée proposée aux élèves en 1987 et 2007 a donné des résultats vraiment très préoccupants : 46 % des élèves font plus de quinze erreurs en 2007, contre 26 % en 1987. Nul doute que le développement exponentiel des SMS et de leur orthographe si singulière ne va certainement pas améliorer cette situation, et je frémis d'avance en pensant aux résultats d'un test similaire qui serait réalisé dans vingt ans !
Au courant du mois de janvier dernier, les élèves de CM2 ont été soumis à un nouveau test de connaissances. Si les résultats publiés par l'éducation nationale semblent plus encourageants, il ne s'agit en réalité que d'un artifice de présentation : à y regarder de plus près, ils sont toujours aussi mauvais !
En premier lieu, plus des deux tiers des questions posées aux élèves de CM2 en français et en maths étaient du niveau du CM1 et du CE2.
En second lieu, l'addition des élèves ayant des acquis insuffisants à ceux qui sont dotés d'acquis fragiles, sans que l'on sache véritablement quelle est la différence entre les deux, fait apparaître que la proportion d'élèves de CM2 qui entreront en classe de sixième sans en avoir le niveau est toujours aussi préoccupante : 25 % pour le français et 35 % pour les maths.
Enfin, les évaluations nationales qui se sont déroulées fin mai 2009 pour les élèves de CE1 ne sont guère plus encourageantes : 27 % des élèves ont des difficultés en français et 25 % en maths. Professeurs ou parents d'élèves eux-mêmes peut-être les uns et les autres sont-ils moins bons qu'auparavant ? Il ne m'appartient pas de répondre à cette question.
Ces résultats, tous aussi alarmants les uns que les autres, semblent démontrer que malgré l'augmentation considérable des moyens humains, matériels et financiers dévolus à l'éducation nationale au cours des vingt dernières années, la qualité de l'enseignement a baissé, entraînant une augmentation importante du nombre d'élèves en difficulté. Les collectivités locales sont d'ailleurs, vous le savez, monsieur le ministre, saisies régulièrement sur les cités afin d'engager des actions périscolaires pour compenser ces mauvais résultats.
Pour toutes ses raisons je vous serais reconnaissant de m'indiquer ce que le Gouvernement compte faire afin d'accentuer les réformes déjà entreprises ayant pour but de mettre l'accent sur les « fondamentaux » à l'école primaire. L'objectif est que, au sortir de celle-ci, les élèves sachent au minimum lire, écrire et compter ; c'est bien le moins que l'on puisse attendre de notre système éducatif !
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Michel Mercier, ministre de l'espace rural et de l'aménagement du territoire. Monsieur le sénateur, je vous prie de bien vouloir excuser Luc Chatel, ministre de l'éducation nationale. Il vous aurait répondu bien mieux que moi, mais il se trouve en ce moment même avec le Président de la République pour présenter la réforme du lycée, qui devrait constituer l'un des éléments de réponse à la question que vous posez.
Le ministre de l'éducation nationale a pris la pleine mesure de la situation évoquée par la note de la direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance à laquelle vous faites référence et qui confirme des études antérieures et convergentes.
Dans le cadre de la réforme de l'enseignement primaire, le Gouvernement s'est fixé des objectifs précis destinés à assurer la réussite de chaque élève et à lutter contre l'échec scolaire : d'abord, diviser par trois, en cinq ans, le nombre d'élèves qui sortent de l'école primaire avec de graves difficultés ; ensuite, diviser par deux le nombre d'élèves ayant pris une année de retard dans leur scolarité.
Pour atteindre ces objectifs et garantir à chaque élève les moyens nécessaires à l'acquisition du socle commun de connaissances et de compétences, de nouveaux programmes recentrés sur les enseignements fondamentaux sont entrés en application à la rentrée scolaire 2008-2009 dans toutes les classes des écoles maternelles et élémentaires.
Deux dispositifs sont également entrés en vigueur à la rentrée scolaire 2008-2009 : premier dispositif, la mise en place de deux heures hebdomadaires d'aide personnalisée et l'organisation de stages de remise à niveau. La suppression de la classe le samedi matin a permis, depuis la rentrée 2008, de libérer deux heures chaque semaine dans l'emploi du temps des enseignants et de les consacrer aux élèves qui éprouvent des difficultés dans leurs apprentissages.
Ces deux heures hebdomadaires d'aide personnalisée ont bénéficié à près d'un million d'élèves l'an passé, sans compter les stages de remise à niveau proposés aux élèves de CM1 et de CM2 pendant les vacances de printemps et d'été pour lesquels les enseignants n'ont pas hésité à se porter volontaires, témoignant ainsi du haut niveau de conscience professionnelle des enseignants, n'est-ce pas, monsieur Mazuir ? (Sourires.)
Deuxième dispositif, les nouvelles évaluations nationales en CE1 et CM2 permettent le repérage objectif des difficultés des élèves.
Il s'agit de faire le bilan des acquis de tous les élèves scolarisés dans les écoles publiques et privées sous contrat, en français et en mathématiques, à deux moments clé de la scolarité primaire : la fin du CE1 et la fin du CM2.
Il ne s'agit plus seulement de repérer les élèves en grande difficulté et d'analyser cette difficulté mais, pour chaque élève, d'être confronté au niveau défini par le programme.
Instrument commun de mesure, les évaluations constituent donc le cur de la réforme de l'école primaire.
Ces nouvelles évaluations, qui s'appuient sur les progressions fixées par les programmes, ont un objectif : permettre aux professeurs de connaître précisément le niveau de chaque élève par rapport aux objectifs fixés pour, le cas échéant, redresser la barre avant que les difficultés ne s'accumulent.
Grâce à ces évaluations, la nation s'est dotée d'un moyen de placer tous les élèves face à la même référence nationale, où qu'ils soient et d'où qu'ils viennent.
C'est une sorte de rendez-vous républicain qui est offert à chaque élève pour faire en sorte de lui offrir un traitement adapté en cas de difficulté.
Vous le voyez, monsieur Biwer, faire progresser les résultats de chaque élève et aider ceux qui rencontrent des difficultés à les surmonter sont les préoccupations constantes du ministère de l'éducation nationale ! Les nouvelles évaluations mises en place à l'école primaire contribuent à atteindre ces objectifs.
Je vais maintenant m'exprimer à titre purement personnel. Ce qu'il faut bien voir, c'est que les élèves du primaire sont probablement beaucoup plus savants aujourd'hui que nous ne l'étions à leur âge dans les mêmes classes. Mais ils ne connaissent pas les mêmes choses que nous.
Les nouvelles technologies leur offrent une ouverture sur le monde entier et leur apportent, dans quantité de domaines, des notions qu'ils approfondissent grâce à l'ordinateur. Mais, en même temps, il les libère de tout carcan des programmes sans qu'on sache très bien où les élèves vont vagabonder !
Les enseignants sont donc confrontés à un nouveau défi. Jusqu'alors maîtres du savoir, il leur faut apprendre à devenir guides vers le savoir, ce qui est tout à fait différent et change le métier. Il faut en avoir pleinement conscience.
En même temps, on s'interroge sur l'opportunité de la réforme de l'orthographe.
Dans ces conditions, la mise en place d'un système de référence nationale peut permettre de faire progresser tout le monde et pas seulement les virtuoses de la Toile, qui savent aller y chercher telle ou telle connaissance. Car tel est bien là le fondement républicain de notre système d'éducation !
M. le président. La parole est à M. Claude Biwer.
M. Claude Biwer. Je vous remercie, monsieur le ministre, d'avoir laissé la place, dans votre propos, à une part privée. Il est rare d'entendre un membre du Gouvernement développer ainsi une part tirée de son expérience personnelle. En la reliant à la réponse officielle, nous allons obtenir quelque chose de cohérent, quelque chose qui me convient assez bien.
Il est vrai que l'ordinateur peut faire beaucoup pour améliorer la vie quotidienne de nos concitoyens. Mais nous avons encore besoin de savoir lire et de savoir compter. De ce point de vue, la machine à calculer n'arrange rien !
C'est en intégrant ces deux dimensions que le Gouvernement pourra progresser dans la direction qu'il a choisie mais qui mérite encore d'être améliorée.
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