Question de M. LE MENN Jacky (Ille-et-Vilaine - SOC) publiée le 19/02/2009
M. Jacky Le Menn attire l'attention de M. le ministre des affaires étrangères et européennes afin de connaître sa position sur l'état d'avancement des libertés dans la République populaire de Chine et en particulier au Tibet.
En réponse à une question orale, le 5 février dernier au Sénat, Monsieur le Premier ministre a déclaré que « s'agissant du Tibet, la France reconnaît la souveraineté de la Chine dans ses frontières depuis 1964 » puis que « le Tibet fait partie intégrante de la République populaire de Chine ». Il a en outre réaffirmé la volonté de la France de renforcer son partenariat stratégique avec ce pays.
Il est tout aussi essentiel de rappeler ou de ne pas oublier qu'historiquement la République populaire de Chine a envahi le Tibet et que cette occupation s'est faite par la force. De nombreux Tibétains ont été tués ou obligés de fuir. Encore aujourd'hui, certains essayant de quitter la République de Chine pour rejoindre le gouvernement tibétain en exil, qui s'est constitué depuis plusieurs années déjà d'une manière démocratique avec notamment un parlement, sont tués sans sommation.
Cette véritable colonisation a entraîné 1,2 million de morts, la destruction de plus de 90 % du patrimoine culturel tibétain, et pourrait annoncer à terme le génocide complet du peuple tibétain. Aujourd'hui, il y a plus de Chinois au Tibet que de Tibétains, la situation écologique y est catastrophique, la torture y est toujours présente, l'emprisonnement pour convictions politiques ou religieuses aussi, les Tibétains sont considérés dans leur pays-même comme des citoyens de seconde zone, la censure y est totale comme dans tout le reste de la Chine
Compte tenu de cette douloureuse histoire pour le peuple tibétain, il lui demande si le gouvernement de la France, qui est le premier à célébrer la fin des dictatures passées, considère que la Chine est bien une dictature, et si oui, quelles conséquences il entend en tirer sur le plan diplomatique pour notre pays.
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Réponse du Ministère des affaires étrangères et européennes publiée le 02/04/2009
L'honorable parlementaire a bien voulu attirer l'attention du ministre des affaires étrangères et européennes sur la politique chinoise en matière de droits de l'homme, en particulier au Tibet. La situation au Tibet et dans les zones de peuplement tibétain demeure préoccupante. Un an après les émeutes qui ont marqué les zones de peuplement tibétain, en mars 2008, la situation politique et sécuritaire reste tendue. De surcroît, les étrangers ne peuvent plus accéder au Tibet. Comme l'a rappelé récemment le ministre des affaires étrangères et européennes, « la position de la France est claire. La France n'a jamais soutenu l'indépendance du Tibet, pas plus que le Dalaï Lama qui demande une autonomie réelle ». Un dialogue entre les représentants du Dalaï Lama et les autorités chinoises est institué depuis plusieurs années. La France et ses partenaires de l'Union européenne souhaitent que ce dialogue, dont la dernière session a eu lieu en novembre 2008, reprenne au plus vite. Le premier ministre chinois a indiqué le 13 mars dernier que la porte du dialogue restait ouverte. La partie tibétaine a répondu en soulignant que « le Dalaï Lama reste prêt à discuter avec les dirigeants chinois pour trouver une solution mutuelle acceptable ». Comme le ministre des affaires étrangères et européennes l'a indiqué à de nombreuses reprises, seul un dialogue constructif permettra de parvenir à une solution durable qui respecte l'identité culturelle et religieuse tibétaine dans le cadre de la République populaire de Chine. La France espère que le gouvernement chinois va très rapidement proposer aux représentants personnels du Dalaï Lama une nouvelle opportunité de discuter. La violence, là comme ailleurs, ne mène à rien, si ce n'est à retarder encore davantage l'émergence d'une solution raisonnable. La France reste attentive à la question du respect par la Chine des droits de l'homme et notamment au Tibet. Elle s'efforce de promouvoir auprès des autorités chinoises les libertés fondamentales et notamment la liberté de religion, d'association et d'expression.
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