Question de M. LEGENDRE Jacques (Nord - UMP) publiée le 08/10/2009

M. Jacques Legendre attire l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale sur la situation et l'avenir de l'enseignement de l'arabe en France.
Selon les dernières statistiques parues, pour la rentrée 2008, 6 468 élèves de collèges et de lycées apprennent l'arable, soit 0,1% de l'effectif total. Force est de constater que depuis vingt ans, l'enseignement de l'arabe stagne à un niveau extrêmement faible. Même au sein des langues rares, l'arabe occupe une position secondaire, nettement derrière le russe et le chinois.
La faiblesse des effectifs contraste singulièrement avec l'importance du vivier français de locuteurs natifs et la force de notre tradition orientaliste depuis Sylvestre de Sacy, la richesse de la culture arabe classique et la vitalité des médias arabophones contemporains, enfin le poids géostratégique des pays arabes et les liens historiques qui les rapprochent de la France.

La faiblesse de l'enseignement de l'arabe en France n'est pas sans conséquence directe sur l'enseignement du français dans les pays arabes : tout désengagement de notre part peut être interprété comme un désintérêt, qui poussera les pays arabes à reconsidérer à leur tour la place du français, au profit de l'anglais notamment. L'affaiblissement des liens culturels, que l'apprentissage croisé des langues permettait de renforcer, risque d'avoir à long terme des répercussions politiques et économiques sérieuses.

La demande de cours d'arabe ne fait pourtant pas défaut, comme en témoigne le succès même des enseignements proposés dans le cadre d'associations confessionnelles. Est plutôt en cause la carence de l'offre au sein de l'éducation nationale. Alors même que les programmes ont été clarifiés au profit d'une meilleure intégration des différentes variétés dialectales et que la qualité des enseignants formés au sein de l'université n'est pas contestée, l'apprentissage de l'arabe ne semble pas assez valorisé. Il souffre de stéréotype qui la cantonnent au rôle de langue du pays d'origine et de langue religieuse, ce qui favorise ainsi le repli communautaire au détriment du dialogue interculturel.

C'est pourquoi il lui demande quelles mesures seront prises pour lutter contre le lent déclin de l'enseignement de l'arabe et favoriser au contraire son développement dans le triple souci de promouvoir la diversité culturelle, de favoriser l'intégration de jeunes issus de l'immigration et de dynamiser les relations économiques avec les pays arabes.

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Réponse du Ministère de l'éducation nationale publiée le 14/01/2010

Au même titre que le chinois, le hindi, l'espagnol, le russe ou le portugais ou le japonais, l'arabe est une des langues clés de notre monde multipolaire et une des vingt-deux langues vivantes étrangères susceptible d'être choisie à l'épreuve écrite du baccalauréat. En 2009, avec une inégale répartition sur le territoire national, 6 400 élèves suivent un enseignement d'arabe en LV1, LV2 et LV3 au collège et au lycée d'enseignement général, technologique et professionnel. Dans le même temps, plus de 50 000 élèves font le choix de suivre cet enseignement dans un cadre associatif, le plus souvent confessionnel, en particulier pour les enfants scolarisés dans le primaire. Bien placée dans l'enseignement supérieur et bénéficiant de l'expérience et de la réputation internationale de chercheurs français de très haut niveau, la langue arabe reste dans l'enseignement secondaire une langue encore trop cantonnée aux établissements d'excellence. Si elle attire également dans les classes préparatoires et les grandes écoles des élèves venus du monde entier, elle semble encore pour le moment très délaissée par les générations nouvelles dont les parents et grands-parents étaient des locuteurs traditionnels. La situation actuelle, marquée par le vieillissement et une baisse lente des effectifs nationaux du corps enseignant de langue arabe, est comparable à la situation constatée dans les autres États de l'Union européenne. Notre pays compte 203 enseignants de langue arabe en 2008-2009, dont certains sont en sous-service. Le nombre d'enseignants a diminué car en 2005-2006 ils étaient 236. Nous avons reculé dans ce domaine. Forte est la conviction qu'il vaut mieux que l'arabe soit enseigné au sein de l'éducation nationale, par des enseignants bien formés, bien préparés, dans un cadre national, que par des organismes ou des associations qui ne disposent pas de mêmes ressources humaines. Le Président de la République souhaite un nouvel élan de la langue arabe. Ainsi, dès les prochaines semaines, un effort particulier sera déployé pour le développement de l'enseignement de l'arabe dans l'enseignement technologique et professionnel, ainsi que dans le lycée d'enseignement général au titre de la LV3. Pour la rentrée prochaine, plusieurs pistes nouvelles vont être explorées. Un premier effort portera sur un rééquilibrage de l'offre d'enseignement de manière intra- et interacadémique, un deuxième sur la mise en place de sections « bilangue », en particulier anglais-arabe, et un troisième sur une remise à plat de l'enseignement de langue et cultures d'origine (ELCO) dispensé à l'école primaire. Le dispositif ELCO, qui aujourd'hui est de la responsabilité des autorités des trois États du Maghreb (Maroc, Algérie, Tunisie), pourra être ouvert à d'autres États et, surtout, devra mieux s'articuler avec l'enseignement de langues en collège. Plus généralement, une réflexion particulière sera menée pour que l'arabe trouve toute sa place dans les filières d'excellence - sections internationales ou sections de langues orientales, lycées des métiers... - et pour que la certification en langue arabe, aujourd'hui fragmentée et lacunaire, au niveau mondial puisse devenir un sujet privilégié pour les institutions multilatérales comme l'Institut du monde arabe. Une politique volontariste sera menée sous l'impulsion des recteurs et la mobilisation des chefs d'établissement afin d'inverser les tendances actuelles. Des postes seront crées pour accompagner le développement de la langue arabe. Enfin, des assises de la langue arabe rassemblant les différents acteurs concernés pourront permettre en 2011 de prolonger ces diverses initiatives.

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