Question de M. GUILLAUME Didier (Drôme - SOC) publiée le 27/01/2010
Question posée en séance publique le 26/01/2010
Concerne le thème : Copenhague et après ?
M. Didier Guillaume. « Échec », « faillite » « désastre », « flopenhague » : que n'a-t-on entendu à l'issue de ce sommet ! Si ses résultats sont effectivement décevants, comme cela a été rappelé, pouvions-nous attendre autre chose d'un rassemblement de 192 pays ? En tout état de cause, les mesures contraignantes font défaut.
Tout d'abord, monsieur le ministre d'État, la France et l'Union européenne seront-elles capables, après la conférence de Copenhague, de reprendre la main afin de remettre la communauté internationale en mouvement pour sauvegarder la planète ?
Par ailleurs, je constate que jamais un sommet des Nations unies n'avait suscité des attentes aussi fortes et un intérêt aussi intense de la part des peuples, des citoyens du monde, et notamment des Français. La déception, cruelle, a été à la mesure de ces attentes.
Que comptez-vous faire pour remobiliser nos concitoyens, auxquels on demande toujours plus : rouler moins, fermer le robinet pour économiser l'eau, se chauffer moins, trier les déchets... alors même que les taxes d'enlèvement ne cessent d'augmenter. Ils constatent que les chefs d'État et de gouvernement sont incapables de se mettre d'accord pour sauver la planète et se demandent s'ils doivent continuer à accomplir ces gestes quotidiens et à assumer cette responsabilité individuelle, sur laquelle la responsabilité collective n'a pu prendre le pas.
Alors qu'ils risquent de payer une nouvelle taxe, la taxe carbone, comment faire pour les remobiliser et les inciter à défendre notre planète ?
M. le président. Veuillez conclure, mon cher collègue !
M. Didier Guillaume. La France a un rôle particulier à jouer au sein de l'Union européenne. Pouvez-vous nous dire comment elle agira dans les semaines et les mois à venir ? (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste.)
Réponse du Ministère de l'écologie, de l'énergie, du développement durable et de la mer, en charge des technologies vertes et des négociations sur le climat publiée le 27/01/2010
Réponse apportée en séance publique le 26/01/2010
M. Jean-Louis Borloo, ministre d'État. Monsieur le sénateur, au risque d'être politiquement incorrect,...
Mme Nicole Bricq. Voilà qui est intéressant !
M. Jean-Louis Borloo, ministre d'État. ... permettez-moi de vous dire que je ne partage pas cette vision, largement répandue depuis la fin du mois de décembre, de la conférence de Copenhague.
M. Jean-Paul Emorine. Très bien !
M. Jean-Louis Borloo, ministre d'État. En effet, une réunion s'analyse par rapport à la situation de la veille. Il s'agit de savoir, en réalité, si le schéma retenu pour la première phase du protocole de Kyoto allant jusqu'à 2012 a avancé significativement. Auparavant, un financement international destiné à aider les pays les plus vulnérables avait-il été prévu ? Tel n'était pas le cas pour ce qui concerne la forêt et les énergies renouvelables. Lors de la conférence de Copenhague, une aide de 10 milliards de dollars par an, portée à 100 milliards de dollars à partir de 2012, a été retenue. Le problème est de mettre effectivement en place cette véritable révolution.
Par ailleurs, avant la conférence de Copenhague, les Chinois, les Brésiliens, les Indiens raisonnaient-ils en termes d'engagement, voire d'information ? La réponse est non. Désormais, ils se sont engagés, à compter du 31 janvier, à réduire l'intensité de leurs émissions de CO2 dues à leur croissance, position conforme aux engagements adoptés lors de la conférence de Bali.
Enfin, s'agit-il d'engagements contraignants à la mode européenne ? La réponse est non. En fait, c'est de notre propre projection culturelle sur la forme des accords que résulte notre déception ! Qui pouvait imaginer sérieusement que de grands pays auraient conclu des engagements sous la forme retenue par les pays européens, lesquels ont accepté, dans le cadre d'une Europe de la Paix, de reconnaître la souveraineté de l'Europe dans le domaine du climat ?
M. le président. Veuillez conclure, monsieur le ministre d'État.
M. Jean-Louis Borloo, ministre d'État. Pour relancer la mobilisation des citoyens, il faut des victoires et analyser la situation avec une parfaite lucidité. (Applaudissements sur les travées de l'UMP.)
M. le président. La parole est à M. Daniel Raoul, pour la réplique.
M. Daniel Raoul. L'issue de la conférence de Copenhague ne m'a pas trop surpris. Elle a eu un résultat positif : amplifier le besoin de gouvernance mondiale.
En tous les cas, l'ensemble des 193 pays rassemblés avaient sans doute des préoccupations autrement plus prioritaires que la réduction des gaz à effet de serre. La ville d'Angers, dont je suis conseiller municipal, étant jumelée avec Bamako, je peux vous affirmer, monsieur le ministre d'État, que les préoccupations premières du Mali sont tout autres !
De fait, l'évolution démographique de notre planète posera, à terme, de véritables problèmes. En effet, lorsque la population mondiale atteindra neuf milliards d'habitants, comment pourra-t-on lui assurer l'alimentation et la fourniture d'énergie nécessaires ?
Je peux donc admettre les réticences de certains pays qui n'avaient pas compris la nécessité d'une gouvernance mondiale pour maîtriser non seulement la consommation d'énergie mais aussi la consommation courante. On a évoqué l'eau. On pourrait aussi viser les denrées alimentaires, sujet de préoccupation bien plus important pour eux que les gaz à effet de serre.
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