Question de M. LEGENDRE Jacques (Nord - UMP) publiée le 31/03/2010
Question posée en séance publique le 30/03/2010
Concerne le thème : L'éducation et l'ascension sociale
M. Jacques Legendre. Je remets aujourd'hui ma casquette de président de la mission d'information que la commission des affaires culturelles avait conduite en 2007 sur la diversité sociale et l'égalité des chances dans la composition des classes préparatoires aux grandes écoles, dont M. Bodin était d'ailleurs le rapporteur.
Nous avions alors, à l'unanimité, dénoncé le caractère socialement fermé des classes préparatoires aux grandes écoles dans un rapport au titre significatif : « Halte au délit d'initié ». Nous constations d'ailleurs avec inquiétude que cette fermeture, et donc celle des grandes écoles, qui préparent une bonne partie des élites de notre pays, tendait à s'accentuer.
Nous avions attiré l'attention du Gouvernement sur ce point, et je me réjouis que le Président de la République, le Premier ministre et vous-même, monsieur le ministre, ayez marqué votre volonté de réagir, en particulier en fixant un objectif de 30 % de boursiers dans les classes préparatoires aux grandes écoles. (Exclamations sur les travées du groupe socialiste.) Je crois cependant qu'il ne peut s'agir là que d'un indicateur, et non de la solution au problème.
Ce qui écarte les jeunes gens issus de milieux modestes de ces classes préparatoires, c'est d'abord l'impression que « ce n'est pas pour eux » (M. Yvon Collin opine), ensuite un problème d'orientation, souvent aussi des difficultés de logement, enfin l'inégale répartition des classes préparatoires sur le territoire national, 17 % d'entre elles étant situées dans la seule ville de Paris, tandis que vingt départements en sont totalement dépourvus.
M. Yvon Collin. Eh oui !
M. Jacques Legendre. Monsieur le ministre, pourriez-vous nous préciser quelles mesures globales vous comptez prendre pour favoriser l'accès de tous les jeunes gens qui ont la capacité de suivre de telles études aux classes préparatoires, et donc aux fonctions de direction dans notre pays ? (Mme Muguette Dini applaudit.)
M. René-Pierre Signé. Il y a des classes privées parallèles !
Réponse du Ministère de l'éducation nationale publiée le 31/03/2010
Réponse apportée en séance publique le 30/03/2010
M. Luc Chatel, ministre. Monsieur le sénateur, nous partageons le même objectif. Le 11 janvier dernier, le Président de la République a demandé aux grandes écoles, quintessence de l'élitisme républicain, de jouer leur rôle dans le renouvellement et la diversification des élites. Si nous voulons que davantage de jeunes issus de milieux défavorisés accèdent au meilleur, ce n'est pas en abaissant le niveau que nous y parviendrons,
M. Jacques Legendre. Bien sûr !
M. Luc Chatel, ministre.
ni en créant des concours différenciés, mais en assurant un bon brassage et le bon fonctionnement de notre système fondé sur le mérite républicain.
Depuis 2007, nous avons beaucoup avancé dans cette voie. Nous avons d'abord inventé plusieurs dispositifs destinés à accompagner les élèves issus de milieux défavorisés vers les filières d'excellence de l'enseignement supérieur. L'objectif de 30 % de boursiers dans les classes préparatoires a été atteint en ce début d'année, avec un an d'avance.
L'éducation nationale s'est également fixé pour objectif, dès à présent atteint, que chaque lycée propose la candidature d'au moins 5 % de ses élèves aux classes préparatoires.
Enfin, pour accompagner et guider les élèves provenant de milieux défavorisés et assurer le lien entre lycées et classes préparatoires, Mmes Pécresse et Amara ont créé le dispositif des « cordées de la réussite ».
Le comité interministériel sur l'égalité des chances qui s'est tenu en novembre dernier a décidé d'accroître fortement l'offre de classes préparatoires, notamment dans la filière technologique. Nous avons ainsi ouvert, à la rentrée dernière, la première classe préparatoire professionnelle. Je crois que diversifier les voies d'accès à l'excellence est aussi un moyen de faire parvenir au meilleur niveau des élèves issus de milieux défavorisés. Nous continuerons à travailler dans cette direction.
M. le président. La parole est à M. Jacques Legendre, pour la réplique.
M. Jacques Legendre. J'approuve dans une large mesure vos propos, monsieur le ministre, mais je souhaiterais tout de même insister sur la nécessité de déployer de nouvelles classes préparatoires, y compris en zones rurales.
M. Yvon Collin. Très bien !
M. Jacques Legendre. On parle souvent du handicap subi par les élèves issus des banlieues, et il est vrai qu'il faut y être attentif, mais je souligne à nouveau que vingt départements ne comptent aucune classe préparatoire. Il est plus difficile, je le sais, de créer des « prépas » que d'organiser des internats d'excellence, mais je crois cet effort nécessaire. C'est un complément à l'action que vous menez, monsieur le ministre, et je compte sur vous.
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