Question de M. BÉTEILLE Laurent (Essonne - UMP) publiée le 17/12/2010
Question posée en séance publique le 16/12/2010
M. Laurent Béteille. Ma question concerne l'action du Gouvernement en faveur de la réussite scolaire et de l'accomplissement individuel.
M. Didier Boulaud. Alors, ça va être vite fait ! (Sourires sur les travées du groupe socialiste.)
M. Laurent Béteille. Conduite par l'OCDE, l'enquête PISA programme international pour le suivi des acquis des élèves est une étude internationale qui est menée tous les trois ans. Elle évalue et compare les connaissances des élèves de 15 ans dans trois domaines : la lecture, les mathématiques et la culture scientifique.
Les résultats pour 2009, présentés le 7 décembre dernier, sont venus nous rappeler que la France ne figure pas, hélas ! en tête du classement, il s'en faut.
M. Didier Boulaud. Que faites-vous depuis 2002 ?
M. Jacques Mahéas. Vous avez supprimé 50 000 postes !
M. Laurent Béteille. La France, pour être l'un des pays de l'OCDE qui dépensent le plus d'argent par élève, ne parvient pas à rivaliser avec des pays aux cultures et pratiques aussi différentes que Singapour, la Corée du Sud, la Finlande ou l'Allemagne. Pis, la France recule là où notre voisin parvient, pour un coût moindre, à améliorer sensiblement ses performances.
M. Didier Boulaud. Qui gouverne la France depuis dix ans ? C'est l'incurie !
M. Laurent Béteille. Depuis 2007, les programmes du primaire ont été recentrés sur l'acquisition des savoirs fondamentaux. Un dispositif d'accompagnement éducatif et des stages ont par ailleurs été mis en place afin de réduire la proportion d'élèves en difficulté et d'augmenter le nombre des bons élèves, de même qu'ont été lancés des programmes accordant plus d'autonomie aux établissements scolaires.
Laisser la main au terrain, sans cesser d'évaluer les pratiques, telle est la philosophie qui préside à ces réformes.
En 2005 déjà, sous l'impulsion de François Fillon, la majorité s'était employée à replacer la transmission des savoirs fondamentaux au cœur du projet éducatif.
M. Didier Boulaud. Avec quel succès !
M. Laurent Béteille. Par-delà les efforts et la volonté du Gouvernement de répondre à un défi dont dépend pour l'essentiel notre place sur la scène internationale à l'horizon 2030, se pose également en creux la question des valeurs transmises par l'école à l'heure où le respect de l'autre, la discipline et, disons-le clairement, l'autorité sont mis à mal par une permissivité et un relâchement qui sapent les fondements de notre République.
Peut-on, enfin, passer sous silence les ratés du « pédagogisme » qui, pour avoir érigé la lutte contre l'inégalité en dogme, a laissé prospérer une culture qualifiée par certains de « culture du vide et de l'ignorance »,
M. Didier Boulaud. Embauchez Allègre, il va arranger ça !
M. Laurent Béteille.
laquelle contribue sournoisement au maintien, voire à l'accroissement des inégalités dans l'accès au savoir ?
Aussi n'est-ce pas tant l'ascenseur social qui est aujourd'hui en panne que l'école républicaine qui est hantée par l'inversion systématique des valeurs.
Monsieur le ministre, que peut faire le Gouvernement pour que l'école, sans avoir à se substituer à la responsabilité parentale, puisse former des jeunes aussi brillants que porteurs de valeurs positives, favorisant le « vivre ensemble » ? (Applaudissements sur les travées de l'UMP.)
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Réponse du Secrétariat d'État chargé de la jeunesse et de la vie associative publiée le 17/12/2010
Réponse apportée en séance publique le 16/12/2010
M. le président. La parole est à Mme la secrétaire d'État chargée de la jeunesse et de la vie associative. (Applaudissements sur les travées de l'UMP.)
Mme Jeannette Bougrab, secrétaire d'État auprès du ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et de la vie associative, chargée de la jeunesse et de la vie associative. Monsieur le président, permettez-moi tout d'abord d'excuser l'absence de M. le ministre de l'éducation nationale
M. Yannick Bodin. Ce n'est pas grave !
Mme Jeannette Bougrab, secrétaire d'État.
qui participe en ce moment même, à Dijon, à un débat sur les rythmes scolaires.
Le progrès doit être un principe directeur dans la détermination des politiques éducatives. Pour pouvoir progresser, le système éducatif a besoin d'évaluations régulières, de comparaisons internationales.
Les résultats de l'enquête PISA, publiés le 7 décembre dernier, ont été analysés avec une grande attention afin qu'ils puissent être intégrés dans la politique éducative de notre pays.
M. Yannick Bodin. Il serait temps !
Mme Jeannette Bougrab, secrétaire d'État. Plusieurs enseignements ont été tirés de cette quatrième étude PISA.
Il apparaît que la France se maintient dans un peloton où l'on trouve l'ensemble des pays développés, notamment les États-Unis, l'Allemagne, la Suède et le Royaume-Uni. L'étude relève toutefois deux faiblesses de notre pays.
La première est une bipolarisation entre les résultats : une augmentation du nombre des élèves en difficulté et une faible progression du nombre des bons élèves.
La seconde faiblesse tient au lien qui existe entre les résultats scolaires de certains élèves et l'origine sociale de leurs parents.
Mme Nicole Borvo Cohen-Seat. Vous avez supprimé la mixité sociale !
Mme Jeannette Bougrab, secrétaire d'État. Un autre enseignement fort de cette enquête est que l'efficacité économique ne se mesure pas à l'aune du niveau de la dépense publique.
L'étude montre que certains pays de l'OCDE qui dépensent moins que la France sont mieux classés qu'elle. (Exclamations sur les travées du groupe socialiste et du groupe CRC-SPG.)
Mme Raymonde Le Texier. Ben voyons !
M. Yannick Bodin. Ce sont les parents qui paient !
Mme Nicole Borvo Cohen-Seat. Vous oubliez une dimension essentielle : le collège unique !
Mme Jeannette Bougrab, secrétaire d'État. D'autres pays de l'OCDE, qui dépensent parfois plus que la France, sont, eux, moins bien classés qu'elle.
M. Roland Courteau. Arrêtez votre rengaine !
M. Didier Boulaud. On touche le fond !
Mme Jeannette Bougrab, secrétaire d'État. En tout état de cause, l'étude PISA nous montre qu'il faut sortir du mythe du « toujours plus » pour aller vers le « toujours mieux ».
L'étude nous montre aussi que les faiblesses et les limites d'un système éducatif ne sont pas une fatalité. Un pays peut toujours améliorer les performances de son système scolaire.
Afin de mener chaque élève vers la réussite, notre action se concentre sur trois points : le recentrage sur les enseignements fondamentaux, la personnalisation de l'enseignement et une marge de manuvre plus grande laissée aux équipes pédagogiques.
En ce qui concerne le lien entre origine sociale et réussite, nous ne devons pas nous résigner. Nous sommes convaincus que nous parviendrons à le rompre grâce à l'école républicaine. (Applaudissements sur les travées de l'UMP. MM. Hervé Maurey et Bruno Retailleau applaudissent également.)
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