Question de M. BOURQUIN Martial (Doubs - SOC) publiée le 04/02/2011
Question posée en séance publique le 03/02/2011
M. Martial Bourquin. Monsieur le ministre du travail, de l'emploi et de la santé, il est bon de rappeler certains chiffres, dont l'addition pèse très lourd.
En France, 8 millions de personnes, dont 2 millions d'enfants, vivent au-dessous du seuil de pauvreté.
M. René-Pierre Signé. Très juste !
M. Martial Bourquin. En décembre 2010, on comptait 4 millions de chômeurs, soit deux fois la population de Paris.
Aujourd'hui, 700 000 personnes se trouvent en situation de chômage de longue durée, un jeune actif de moins de 25 ans sur cinq est sans emploi, tandis que le taux de chômage des seniors a connu une augmentation de 20 % et nos territoires une désindustrialisation massive.
M. Bernard Frimat. Quel bilan
M. Martial Bourquin. Derrière ces chiffres impressionnants, on trouve des réalités sociales, des drames humains dans les familles et un combat quotidien pour la dignité.
Monsieur le ministre, une conclusion s'impose : ce bilan est le vôtre, et il est accablant.
M. René-Pierre Signé. Il sera difficile de se faire réélire !
M. Martial Bourquin. Quand allez-vous mobiliser le pays tout entier pour favoriser l'émergence d'une véritable culture industrielle ? Dans ce domaine, il faut mener une politique de haut niveau, fondée sur l'innovation, des formations de qualité, des infrastructures productives, un financement adapté des filières, des dynamiques territoriales, en considérant les collectivités territoriales non pas comme des ennemies, mais comme des alliées majeures.
Mme Nicole Borvo Cohen-Seat. Cela ne va pas être possible !
M. Martial Bourquin. Quand allez-vous sortir de ce budget de crise et d'austérité, pour vous engager pleinement dans la lutte en faveur du plein emploi
M. Jean-Marc Pastor. Oui !
M. Martial Bourquin.
et de la croissance durable ? Quand accepterez-vous de redonner du lest au pouvoir d'achat ?
Quand allez-vous vous décider à rééquilibrer la fiscalité pour favoriser enfin l'économie réelle, celle qui crée des emplois, et non de nouvelles bulles financières ?
Monsieur le ministre, il faut inverser le logiciel ! Cessez d'agir pour la France des rentiers, agissez pour la France qui travaille, qui se lève tôt, qui produit des richesses, mais qui peine actuellement comme jamais auparavant.
Il faut moins d'autosatisfaction, moins d'effets d'annonce, plus d'actions vigoureuses et déterminées pour faire de l'emploi une véritable cause nationale ! (Bravo ! et applaudissements sur les travées du groupe socialiste et du groupe CRC-SPG, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
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Réponse du Ministère du travail, de l'emploi et de la santé publiée le 04/02/2011
Réponse apportée en séance publique le 03/02/2011
M. Xavier Bertrand, ministre du travail, de l'emploi et de la santé. Monsieur le sénateur, inversez donc vous-même votre logiciel ! Vous égrenez les statistiques pour essayer d'obtenir un effet spectaculaire, mais tandis que vous vous bornez à commenter les chiffres, nous agissons pour faire reculer le chômage. Voilà la réalité ! (Applaudissements sur les travées de l'UMP. Protestations sur les travées du groupe socialiste.)
C'est vrai, la situation est difficile. Pendant la crise, le taux de chômage a augmenté de 33 % dans notre pays. Cependant, vous vous êtes bien gardé d'indiquer qu'il a progressé, dans le même temps, de 43 % à l'échelle de l'Europe,
M. Richard Yung. Pas en Allemagne !
M. Xavier Bertrand, ministre.
et de beaucoup plus encore dans certains pays gérés par vos amis socialistes, telles l'Espagne et la Grande-Bretagne ! (Protestations sur les travées du groupe socialiste.)
Monsieur le sénateur, si les choses étaient faciles, cela se saurait.
M. René-Pierre Signé. Cela fait dix ans que vous êtes au pouvoir !
M. Xavier Bertrand, ministre. Vous sollicitez les chiffres d'une façon manichéenne !
M. Yannick Bodin. Répondez à la question !
M. Xavier Bertrand, ministre. Inversons le logiciel, comme vous l'avez proposé, et considérons que l'emploi est un enjeu national, au-delà des clivages politiques. Nous aurions tous aimé que le chômage recule en 2010 ; cela n'a pas été le cas, mais il a beaucoup moins augmenté qu'en 2009.
Mme Nicole Borvo Cohen-Seat. Il suffit donc d'attendre : les chefs d'entreprise vont régler le problème !
M. Xavier Bertrand, ministre. La hausse a été de 3 % en 2010, contre 18,9 % en 2009.
M. René-Pierre Signé. Ajoutez les emplois à temps partiel !
Mme Nicole Borvo Cohen-Seat. Tout va bien ! Quelle autosatisfaction !
M. Xavier Bertrand, ministre. Grâce aux moyens engagés, nous entendons faire reculer le chômage des jeunes, mais aussi éviter que de nombreux chômeurs ne basculent dans l'exclusion. La volonté du Président de la République et du Premier ministre est de faire régresser le chômage de longue durée.
Sur tous ces sujets, on peut certes choisir, comme vous le faites, de dresser un camp contre l'autre. Pour ma part, je vous fais une proposition : dans le cadre des contrats d'objectifs et de moyens pour la modernisation et le développement de l'apprentissage, quand l'État met un euro, que les régions, gérées par vos amis, en mettent également un ! (Applaudissements sur plusieurs travées de l'UMP.)
Voilà qui nous permettra d'être beaucoup plus efficaces et de faire reculer le chômage des jeunes ! Nous croyons à l'alternance. Sur tous ces sujets, il ne sert à rien de chercher à polémiquer.
Mme Nicole Borvo Cohen-Seat. Vous n'avez rien démontré !
M. Xavier Bertrand, ministre. L'élection présidentielle est encore loin, surtout dans l'esprit de nos concitoyens. En tout cas, mesdames, messieurs les sénateurs de l'opposition, libre à vous de vous en tenir à un rôle de commentateurs ; quant à nous, nous avons décidé de faire reculer le chômage dès cette année 2011 ! (Applaudissements sur les travées de l'UMP. MM. Philippe Darniche et Bruno Retailleau applaudissent également.)
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