Question de Mme GOULET Nathalie (Orne - UC) publiée le 04/05/2011
Question posée en séance publique le 03/05/2011
Concerne le thème : La France et l'évolution de la situation politique dans le monde arabe
Mme Nathalie Goulet. L'exercice des questions cribles est un peu difficile sur un sujet aussi délicat, au cœur de l'actualité.
Monsieur le ministre d'État, notre politique dans les pays arabes dépend, en grande partie, de la qualité de nos personnels.
Une des proches collaboratrices d'Hillary Clinton, avec qui je me suis entretenue voilà quelques semaines, m'a indiqué qu'il fallait revoir le recrutement et l'implication du personnel de nos ambassades à l'aune des événements actuels.
De très nombreux postes sont pourvus par des personnes qui ne parlent pas la langue du pays. C'est notamment le cas des attachés culturels et des personnels qui travaillent dans le domaine de la coopération. Nous avons là de grands progrès à faire.
Ainsi, un attaché de presse qui était en poste récemment dans une ambassade des pays du Golfe ne parlait ni arabe ni anglais, ce qui lui interdisait tout contact avec les populations locales. Et je pourrais citer bien d'autres exemples.
Monsieur le ministre d'État, quelles mesures envisagez-vous pour corriger ces erreurs de « casting » dans notre politique étrangère, erreurs dont notre pays n'a pas les moyens ?
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Réponse du Ministère des affaires étrangères et européennes publiée le 04/05/2011
Réponse apportée en séance publique le 03/05/2011
M. Alain Juppé, ministre d'État, ministre des affaires étrangères et européennes. Madame le sénateur, je ne suis pas absolument sûr que les capacités linguistiques de nos collègues diplomates américains soient aussi développées qu'on veut bien le dire, même s'ils ont l'avantage de parler naturellement l'anglais, ce qui, reconnaissons-le, facilite leur travail.
Je peux vous assurer que, dans notre politique de recrutement, nous nous efforçons, dans la mesure du possible, d'adapter le plus possible les profils aux postes.
Je souhaite vous rendre attentif au fait que le taux de rotation au sein du ministère des affaires étrangères est l'un des plus élevés, rapporté tant à l'administration qu'à la société française tout entière, puisqu'un tiers des agents titulaires et assimilés de mon ministère change chaque année d'affectation.
Cela étant, nous nous efforçons, je le répète, d'adapter le profil au poste. Nous tenons en particulier compte du critère linguistique. La majorité des personnels titulaires du ministère des affaires étrangères et qui sont en fonction dans le Golfe sont arabisants. Il en est ainsi, en Arabie Saoudite, de l'ambassadeur, du numéro deux, du conseiller de coopération d'action culturelle, du chef du service commun de gestion, du consul général à Djeddah et de son adjoint. Il en est de même, au Koweït, de notre ambassadrice, ancienne interprète de la présidence de la République, que j'ai eu l'occasion de bien connaître lors de l'exercice de mon premier ministère au Quai d'Orsay, voilà maintenant quinze ans, ainsi que du conseiller culturel et de son adjointe. Et c'est également le cas, au Qatar, de l'ambassadeur, du numéro deux et du numéro trois, ainsi que du conseiller culturel. Comme vous pouvez le constater, il y a beaucoup d'arabisants au Quai d'Orsay, et nous nous efforçons d'améliorer encore la situation.
Je ferai deux observations complémentaires. En premier lieu, nous essayons de développer la formation linguistique dans l'accueil des diplomates. C'est un des points du Livre blanc que j'ai rédigé avec Louis Schweitzer, voilà maintenant deux ou trois ans.
En second lieu, la révision générale des politiques publique, la RGPP, qui, je dois le dire, réduit considérablement nos moyens, nous incite à nous adresser à des recrutés locaux. Dans ce cas, le critère linguistique est respecté.
Aussi, madame le sénateur, comme vous pouvez le constater, votre souci est pris en considération.
M. le président. La parole est à Mme Nathalie Goulet, pour la réplique.
Mme Nathalie Goulet. Une mise à jour des connaissances est nécessaire, et je me félicite de cette réponse qui montre que les points de vue ont évolué sur cette question que je pose depuis des années.
La collaboratrice d'Hillary Clinton, que j'évoquais tout à l'heure, reconnaissait que des efforts étaient également nécessaires du côté américain. Chacun travaille dans l'intérêt de son pays. Il nous reste beaucoup à faire afin de parvenir à une meilleure connaissance des pays dans lesquels nous sommes implantés et qui attendent beaucoup de la France.
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