Question de M. PLANCADE Jean-Pierre (Haute-Garonne - RDSE) publiée le 01/06/2011

Question posée en séance publique le 31/05/2011

Concerne le thème : Politique audiovisuelle extérieure

M. Jean-Pierre Plancade. Monsieur le ministre, avec les membres du RDSE, je souhaite attirer votre attention sur la situation de France 24, qui me préoccupe beaucoup. Les événements de ces derniers jours – je pense à la démission de la directrice générale déléguée – ne font que renforcer ce sentiment.

Je tiens avant tout à rappeler que notre inquiétude quant à l'avenir de cette chaîne d'information est à la mesure des espérances que nous avions placées en elle.

L'espérance est née, tout d'abord, du fait que l'ambition originelle affichée par France 24, à savoir doter notre pays d'une « CNN à la française », nous semblait correspondre à un véritable besoin. Ce besoin s'est trouvé souligné et confirmé par les événements actuels dans le monde arabe, qui ont démontré, une fois de plus, le rôle crucial que pouvait jouer la télévision satellitaire.

Cette espérance a été renforcée par les premiers succès, encourageants, qu'a connus la chaîne : d'une part, sa percée en Afrique francophone et au Maghreb, d'autre part, conformément à sa mission initiale, le passage à une diffusion continue en langue arabe depuis décembre dernier.

Cependant, les sources d'inquiétude demeurent nombreuses. J'en citerai deux, la première concernant le financement.

Nous sommes tous conscients que France 24 ne peut pas, pour l'heure, rivaliser avec ses concurrents anglo-saxons, qui disposent d'un budget jusqu'à huit fois supérieur au sien. Il n'empêche que la question demeure : qu'attendez-vous réellement de France 24 ? De quels moyens financiers disposera-t-elle jusqu'en 2012 et après ?

La seconde source d'inquiétude est liée à cette pitoyable crise de gouvernance qui n'en finit pas, qui nuit chaque jour un peu plus à la crédibilité de la chaîne, et ce alors même que des défis majeurs restent à relever. Sur le plan interne, la chaîne est confrontée à la nécessaire réorganisation des rédactions de RFI et de France 24, même si nous nous interrogeons aujourd'hui à ce sujet. Sur le plan externe, elle a besoin de consolider sa présence au Proche-Orient et au Moyen-Orient.

Ma question est donc simple, monsieur le ministre, et je la résumerai ainsi : quels moyens allez-vous donner à France 24 pour lui permettre de surmonter à la fois sa crise financière et sa crise de gouvernance ?

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Réponse du Ministère de la culture et de la communication publiée le 01/06/2011

Réponse apportée en séance publique le 31/05/2011

M. Frédéric Mitterrand, ministre de la culture et de la communication. Monsieur le sénateur, je l'ai dit tout à l'heure, France 24 a su faire des progrès considérables, malgré ce que j'ai appelé, peut-être un peu légèrement, une « crise d'adolescence », formulation que Mme Morin-Desailly a eu l'indulgence d'accepter.

La chaîne est distribuée mondialement, ce qui constitue un réel succès. Elle peut être reçue par 160 millions de foyers uniques dans le monde, soit une progression de 28 % par rapport à 2010. La chaîne touche 102 millions de foyers uniques en Europe, 43 millions au Maghreb et au Moyen-Orient, 6 millions en Afrique, 3 millions en Asie, 3 millions aux États-Unis.

TV5, quant à elle, est chargée d'essayer de démarcher sur les zones les plus lointaines pour obtenir de nouveaux foyers de diffusion.

Malgré la crise de gouvernance, tout cela fonctionne et marque un progrès.

La chaîne a réussi son implantation en langue arabe, ce qui était une entreprise très difficile, et émet 24 heures sur 24 dans cette langue. Son comité de rédaction, d'une qualité remarquable, a su tenir le choc face à des chaînes en langue arabe très expérimentées comme Al Jazeera, qui existe depuis plus de dix ans.

Cette performance a été accomplie en quelques mois, ce qui est tout de même une prouesse, surtout lorsqu'on sait les difficultés que traversait cette chaîne. Elle émet désormais en français, en anglais et en arabe.

Concernant les ressources de France 24, je rappelle qu'elles ont augmenté de 26 % par rapport à 2009, en deux fois 13 %.

Je suis conscient que la réponse que je vous apporte n'est pas vraiment satisfaisante, mais c'est celle de la raison : j'attends le résultat du rapport de l'inspection des finances et des travaux de la mission parlementaire pour déterminer exactement les ressources qui seront nécessaires au fonctionnement de la chaîne.

M. le président. Il faut conclure !

M. Frédéric Mitterrand, ministre. Vous ne devez pas vous inquiéter : la crise de gouvernance étant réglée et la stratégie générale définie, nous ne laisserons pas tomber France 24, bien au contraire.

M. le président. La parole est à M. Jean-Pierre Plancade, pour la réplique.

M. Jean-Pierre Plancade. Je vous remercie de votre réponse, monsieur le ministre. Comme vous l'avez souligné, on ne peut qu'attendre le résultat des travaux de l'inspection des finances et de la mission d'enquête parlementaire.

Je tenais à vous faire part de la grande inquiétude qui s'exprime sur toutes les travées de cette assemblée, un sentiment causé par l'affichage permanent de la discorde qui déchire la direction de l'AEF.

Cela étant dit, je suis convaincu que vous gérez ce dossier conformément à l'intérêt de la France.

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