Question de M. HUMBERT Jean-François (Doubs - UMP) publiée le 29/03/2013

Question posée en séance publique le 28/03/2013

M. Jean-François Humbert. Ma question s'adresse à M. le ministre du travail, de l'emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social.

Monsieur le ministre, qui peut encore croire en la promesse réaffirmée cette semaine par François Hollande d'inverser la courbe du chômage d'ici à la fin de l'année ?

Mme Michèle Delaunay, ministre déléguée auprès de la ministre des affaires sociales et de la santé, chargée des personnes âgées et de l'autonomie. Nous ! (On le confirme sur les travées du groupe socialiste.)

M. Jean-François Humbert. Personne ! D'ailleurs, nous le verrons bien ce soir.

Aujourd'hui, 68 % des Français sont inquiets pour leur avenir. Ils peuvent l'être, leur pouvoir d'achat ayant baissé, selon l'INSEE, de 0,8 % au quatrième trimestre de l'année dernière et de 0,4 % sur l'ensemble de l'année 2012. Ce recul du pouvoir d'achat, le premier depuis 1984, s'explique principalement par des ponctions sociales et fiscales inégalées. Ce sont les économistes qui le disent !

Mesdames, messieurs les ministres, la France souffre, les Français souffrent. Quand plus de 260 000 chômeurs supplémentaires ont été enregistrés en neuf mois, soit un tiers environ de la hausse constatée sur les cinq années précédentes, l'appel à la mobilisation générale pour l'emploi lancé il y a peu par le Premier ministre prend des allures pathétiques.

C'était il y a neuf mois qu'il fallait agir, comme le candidat Hollande s'y était engagé durant sa campagne ! Au lieu de cela, vous avez multiplié les réformes dites « sociétales » pour satisfaire des minorités, et proposé des réformes de convenance essentiellement tactiques.

Ce ne sont pas les 150 000 emplois d'avenir concrétisés jusqu'à présent ni les contrats de génération qui peuvent constituer une politique face au fléau du chômage !

Mais il y a plus, car, dès le départ, vous avez envoyé des signaux très concrets de défiance envers les entreprises et provoqué un véritable choc fiscal, alors que c'est dans les entreprises que se crée la richesse de demain. C'est d'elles que viendra la croissance ! (Eh oui ! sur les travées de l'UMP.)

D'ailleurs, comment espérer cette croissance, quand un excès de normes rend les entreprises françaises toujours plus vulnérables dans le jeu de la concurrence mondiale ? Certainement pas des mesures du plan pour la compétitivité et l'emploi, une véritable usine à gaz, si vous m'e n croyez !

Monsieur le ministre, quand allez-vous conduire une réelle politique de l'emploi ? Quand ce gouvernement va-t-il enfin mettre de la cohérence dans sa politique ? Quand allez-vous arrêter de dresser les Français les uns contre les autres ? Que comptez-vous faire pour redonner de la confiance à ce pays et en ce pays ? (Applaudissements sur les travées de l'UMP. – M. Vincent Capo-Canellas applaudit également.)

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Réponse du Ministère du travail, de l'emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social publiée le 29/03/2013

Réponse apportée en séance publique le 28/03/2013

M. le président. La parole est à M. le ministre du travail, de l'emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social.

M. Jean-Vincent Placé. Ah !

M. Michel Sapin, ministre du travail, de l'emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social. Monsieur le sénateur, je vous remercie de cette question pleine d'ambition...

Mme Éliane Assassi. Et posée avec tant de passion... (Sourires sur les travées du groupe CRC.)

M. Michel Sapin, ministre. ... sur le retour de la confiance, cette confiance qui a disparu depuis de si nombreuses années dans notre pays.

Je me souviens de quelqu'un - je vous laisse retrouver son nom - qui, à peine élu, disait qu'il allait chercher la croissance « avec les dents ». (Réactions amusées sur les travées du groupe socialiste.)

Or à combien s'est élevé le taux de croissance au cours des cinq dernières années ? À zéro ! Zéro croissance en cinq ans ! Dès lors, il n'est pas étonnant que, pendant ces mêmes années, le nombre de chômeurs ait augmenté de plus de 1 million !

Monsieur le sénateur, je comprends totalement votre préoccupation. En l'exprimant, vous êtes parfaitement dans votre rôle d'élu ! Au reste, vous la formulez avec une modération dont votre voisin immédiat ferait bien de s'inspirer. (M. François Grosdidier s'étonne.)

Comme d'autres ici, vous avez été responsable de grandes collectivités territoriales. En cette qualité, vos questions sur le chômage et sur l'emploi ou vos conseils sont parfaitement légitimes. Mais, je vous prie, formulez-les avec la modestie de ceux qui n'ont pas réussi, avec la retenue qui convient à ceux qui ont échoué. (Applaudissements sur quelques travées du groupe socialiste.)

Monsieur le sénateur, où est le sens, où est la cohérence, sinon dans l'action, dans les outils ?

Vous pouvez bien tourner en dérision tel ou tel de ces outils, mais il n'empêche...

Prenez les emplois d'avenir.

M. François Grosdidier. Mme Aubry !

M. Michel Sapin, ministre. Monsieur Humbert, si vous pouviez demander à votre voisin de travée de s'inspirer de votre modération,...

M. François Grosdidier. Mes propos sont très modérés !

M. Michel Sapin, ministre. ... je pense que le Sénat tout entier en serait honoré. (Bravo et applaudissements sur quelques travées du groupe socialiste.)

Monsieur le sénateur, ce sont 150 000 emplois d'avenir qui seront mis en place, dont 100 000 dès la fin de cette année. Les collectivités territoriales - y compris celles de votre département du Doubs, comme de votre région - participeront à leur création.

Ces 150 000 emplois d'avenir sont autant de solutions concrètes pour des jeunes qui, aujourd'hui, n'ont aucune possibilité d'emploi ni de formation. Cet outil est concret et simple, mais il doit être mis en œuvre et, pour cela, les uns et les autres doivent se mobiliser.

Monsieur le sénateur, vous appeliez à juste titre à ce que nous nous réunissions dans la bataille pour l'emploi. Certes, l'opportunité de tel ou tel outil a pu être débattue, jusque dans cet hémicycle du reste, mais les emplois d'avenir sont utiles ! Dès lors, œuvrons tous ensemble à leur mise en œuvre.

Prenez le contrat de génération, maintenant.

Vous nous demandez des comptes sur ces contrats. Quoi de plus normal de la part d'un membre de la représentation nationale ? Sachez que le contrat de génération est en application depuis lundi dernier. Certains contrats ont déjà été signés.

M. Alain Gournac. Un seul contrat, voulez-vous dire !

M. Michel Sapin, ministre. Et, vous le savez, cela fonctionne ! Les employeurs, les entreprises, les PME, les PMI, les artisans et les commerçants de votre région sont en train de s'emparer de ce très bel outil, extrêmement efficace pour les jeunes comme pour les plus anciens.

Oui, monsieur le sénateur, unissons nos forces dans l'intérêt de la France et de chacun des Français, dans cette bataille qu'est la lutte contre le chômage. Ainsi, nous atteindrons ensemble l'objectif que nous nous sommes fixé : inverser, enfin, la courbe du chômage ! (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et du groupe écologiste.)

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