Question de Mme FÉRAT Françoise (Marne - UDI-UC) publiée le 27/03/2014
Mme Françoise Férat attire l'attention de M. le ministre de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt sur l'arrivée à terme du mandat 2009-2013 des membres de l'Observatoire national de l'enseignement agricole (ONEA) et sur les préconisations en faveur de cet enseignement spécifique dont on attend la prise en compte.
Tout d'abord, la mission des membres de l'ONEA est arrivée à terme en 2013. Malgré la diversité et la complémentarité des personnalités désignées à l'ONEA, qui ont démontré l'importance de leurs analyses et la pertinence de leurs propositions, aucun décret n'a été publié afin de désigner un nouveau mandat. Le ministère de l'agriculture laisse paraître une volonté de mettre fin à l'Observatoire.
Par ailleurs, les sept axes de recommandations de développement, de dynamisation et d'adaptation de l'enseignement agricole, exposés dans le rapport 2013 de l'ONEA « L'enseignement agricole face aux défis de l'agriculture à l'horizon 2025 », n'ont pas suscité un intérêt particulier de l'État et sont, pour la plupart, absents du projet de loi d'avenir de l'agriculture.
Elle lui demande donc de lui indiquer si le ministère entend maintenir l'existence de l'Observatoire et si une prise en compte de ses recommandations sera opérée.
- page 798
Transmise au Ministère de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt
Réponse du Ministère de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt publiée le 21/05/2014
Réponse apportée en séance publique le 20/05/2014
Mme Françoise Férat. Monsieur le ministre, ma question porte sur l'arrivée à son terme du mandat de l'Observatoire national de l'enseignement agricole, l'ONEA, qui a été très pertinent et très productif pour la compréhension des enjeux de cette formation spécifique.
En effet, le mandat des dix membres de l'ONEA pour la période 2009-2014 s'achève. Aucun décret n'est, me semble-t-il, en préparation, afin de nommer les prochains membres ou, le cas échéant, de proroger le mandat des membres actuels de quelques mois, comme le prévoit le règlement et comme cela s'est déjà fait auparavant.
Je ne comprends pas cette absence de mise en conformité avec les textes, et ce, pour deux raisons.
D'une part, les personnalités désignées dans cette instance ont démontré une réelle motivation et ont fourni un travail effectif, qui a été rendu public dans leur rapport de 2013. La diversité de ces membres et leur complémentarité ont permis la constitution d'un corpus de propositions pertinentes, en phase avec cette formation originale.
D'autre part, le Gouvernement a, par votre voix, monsieur le ministre, plusieurs fois avancé son soutien à l'enseignement agricole. Reconnaissez que l'absence de décret rend perplexe et laisse paraître une volonté de mettre purement et simplement fin à l'existence de l'ONEA.
Comme je le précisais à l'instant, l'observatoire, présidé par l'ancien ministre Henri Nallet, a remis en 2013 un rapport intitulé L'enseignement agricole face aux défis de l'agriculture à l'horizon 2025. Dans ce document, ont été imaginées et mises en forme de nombreuses idées et préconisations permettant d'inscrire la formation des futurs acteurs du monde rural dans une agriculture du XXIe siècle.
L'ONEA a présenté sept recommandations dressant le panorama de l'enseignement agricole et de sa gouvernance.
Plus largement, comme vous le savez, les compétences de cette instance d'évaluation et de prospective, placée sous votre autorité, s'étendent à l'ensemble du dispositif de formation agricole : formation scolaire, apprentissage, formation continue, enseignement supérieur agronomique et vétérinaire. Elles portent sur toutes les missions de l'enseignement agricole public et privé : formation ; insertion sociale, scolaire et professionnelle ; animation et développement des territoires ; développement, expérimentation et innovation agricoles et agroalimentaires ; coopération internationale.
Depuis 1996, l'ONEA apporte une aide à la décision et au pilotage à l'ensemble des acteurs de l'enseignement agricole. Contribuant à une meilleure connaissance de cet enseignement, l'observatoire participe aussi à l'information et à la communication sur les spécificités de celui-ci auprès des partenaires et du grand public.
Ancré dans la réalité des problématiques de terrain, l'ONEA a, par exemple, identifié la gouvernance disparate de l'enseignement agricole suivant les régions. Il a ainsi préconisé de redéfinir - point très important selon lui - un projet global et fédérateur, de repenser son pilotage et sa gouvernance, d'accompagner l'autonomie des établissements. Il a constaté qu'il fallait valoriser et faciliter le rôle et l'implication des professionnels de l'agriculture dans l'orientation stratégique de notre formation. Lors de la deuxième lecture du projet de loi d'avenir pour l'agriculture, l'alimentation et la forêt, je ferai de nouveau, monsieur le ministre, des propositions sur ces points.
Son histoire, ses travaux et ses analyses, la diversité et la complémentarité de ses membres confèrent à l'ONEA une véritable légitimité pour s'inscrire dans la durée et continuer à apporter son expertise et son regard sur l'enseignement agricole.
L'ONEA ne peut pas disparaître ! Aucune instance de concertation aussi large ne pourra donner des orientations si pertinentes pour l'enseignement agricole.
Monsieur le ministre, je souhaiterais que vous m'indiquiez la date à laquelle sera publié le décret de désignation des membres de l'observatoire.
Mme la présidente. La parole est à M. le ministre.
M. Stéphane LeFoll,ministre de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt, porte-parole du Gouvernement. Madame la sénatrice, je sais votre attachement à l'enseignement agricole. Je l'ai constaté durant les longues heures de débat que nous avons eu sur le projet de loi d'avenir pour l'agriculture, l'alimentation et la forêt. Je découvre aujourd'hui que vous tenez également à l'ONEA.
Vous l'avez rappelé, cet observatoire a produit un rapport qui nous a été rendu par Henri Nallet. Ce document a été plus qu'utile, puisqu'il a servi à la préparation de la partie relative à l'enseignement agricole du texte précité.
Vous avez également rappelé les missions de l'observatoire quant à l'état de l'enseignement agricole, public et privé, ses évolutions et ses perspectives d'avenir, l'adaptation de ses contenus et des méthodes, la mise en uvre par ses établissements des missions qui leur sont dévolues, les besoins en matière d'emploi et les qualifications, ainsi que l'insertion des élèves, apprentis et stagiaires.
À titre personnel, je suis favorable au maintien d'un tel observatoire, car j'estime, tout comme vous, que cet organisme est utile pour éclairer les grands enjeux de l'enseignement agricole. D'ailleurs j'observe qu'un observatoire est aussi visé dans la loi d'orientation et de programmation pour la refondation de l'école de la République. Cela étant, le mandat des membres de l'ONEA a pris fin le 31 décembre 2013.
À cet égard, je souhaite que l'examen du projet de loi d'avenir pour l'agriculture, l'alimentation et la forêt soit achevé le plus rapidement possible, malgré un calendrier parlementaire chargé, pour disposer d'un cadre définitif. Ensuite, nous pourrons publier un décret qui définira les missions et les objectifs de cet observatoire et lui redonnera une place dans ce nouveau cadre.
J'indique enfin que grâce, à l'existence de cet organisme, des personnalités sont mobilisées afin d'appuyer la politique du ministère et, surtout, d'anticiper les évolutions.
Mme la présidente. La parole est à Mme Françoise Férat.
Mme Françoise Férat. Monsieur le ministre, vos propos m'apportent entière satisfaction. Au vu des documents dont je dispose, je vous accordais un petit sursis jusqu'au mois de juin. Vous avez évoqué l'achèvement du mandat des membres de l'observatoire à la fin de l'année 2013 : cela « précipitera » peut-être quelque peu la préparation du prochain décret...
Certes, la discussion du projet de loi d'avenir pour l'agriculture, l'alimentation et la forêt est importante. Pour autant, il conviendrait, me semble-t-il, de mettre en place dès que possible le nouvel observatoire, car une trop longue attente soulèverait de nombreuses questions et risquerait de susciter des inquiétudes inutiles.
Je ne vous cache pas que le rapporteur pour avis du budget que je suis se réfère très régulièrement aux préconisations de cet observatoire. Il serait dommage que nous ne puissions disposer de son travail cette année.
Je vous remercie toutefois, monsieur le ministre, de vos propos très rassurants.
- page 4084
Page mise à jour le