Question de M. PLACÉ Jean-Vincent (Essonne - ECOLO) publiée le 06/03/2014
M. Jean-Vincent Placé attire l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale sur l'avenir de l'enseignement du latin et du grec en France.
D'après les statistiques du ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche, plus de 535 000 élèves du second degré étudiaient le latin ou le grec à la rentrée 2012. L'héritage gréco-romain est essentiel pour comprendre notre culture politique, historique, morale, littéraire, artistique et linguistique. Le latin et le grec sont des langues de culture par excellence, elles forment le socle de la culture humaniste dont le bénéfice pour les élèves rayonne à travers toutes les disciplines du secondaire et du supérieur.
Les objectifs de l'enseignement du latin et du grec sont le renforcement de la maîtrise du français et des langues étrangères, l'acquisition d'une solide base culturelle, notamment européenne, ainsi que la formation de citoyens et individus éclairés.
Néanmoins, ces enseignements souffrent de leur caractère optionnel. Certaines associations de défense de l'enseignement du latin et du grec rapportent que certains établissements et académies se voient contraints de réduire les horaires réservés à ces enseignements et même parfois de les supprimer.
Ces mesures d'économie ont des répercussions à long terme sur la recherche académique et sur la formation et le recrutement des professeurs.
En outre, cette situation est caractérisée par une forte injustice sociale, culturelle et géographique qui nuit au pacte républicain d'égalité face à l'instruction.
Ainsi, il lui demande quelles sont les réponses apportées par son administration à cette problématique et quelles sont les orientations envisagées par le ministère en la matière.
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Transmise au Ministère de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche
Réponse du Ministère de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche publiée le 15/01/2015
La ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche accorde une très grande importance à l'enseignement des langues et cultures de l'Antiquité. L'étude des langues et cultures de l'Antiquité développe des compétences et des attitudes intellectuelles fondamentales et transférables, qu'il s'agisse de la maîtrise du français en premier lieu mais aussi de l'apprentissage des langues vivantes. À travers l'étude des textes fondateurs qui ne cessent de nourrir la pensée et la création, les élèves peuvent mieux prendre conscience des permanences et des évolutions et s'ouvrir à la communauté des héritages qui sont les nôtres. Langues de culture, enfin, partout fondatrices et structurantes, le grec et la latin ont un rayonnement interdisciplinaire qui les maintient dans un constant dialogue avec l'ensemble des champs, que l'on songe à la littérature et aux arts mais aussi à l'histoire, la philosophie, le droit et les sciences. Un nombre important d'élèves étudient actuellement au moins une langue ancienne, 527 500 environ, et les statistiques les plus récentes publiées par la direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP) font apparaître une grande stabilité des effectifs des latinistes et hellénistes au collège. Au lycée, l'évolution des effectifs d'élèves entre 2007 et 2010 laisse apparaître une baisse significative. On constate toutefois une certaine remontée des effectifs à partir de la rentrée 2010 : + 8,3 % de progression des effectifs pour le latin et près de 2,7 % de progression pour le grec. Cette tendance positive indique que l'attractivité pour les langues et cultures de l'Antiquité connaît un certain regain en classe de seconde même si par ailleurs, la déperdition des effectifs après cette classe reste un problème prégnant. Les efforts consentis et le dialogue établi dans les académies pour que la continuité de parcours et l'équité de l'offre soient partout assurées - on peut citer l'exemple des réseaux de visio-enseignement organisés par l'académie de Nantes -, la réforme du certificat d'aptitude au professorat de l'enseignement du second degré (CAPES) « Lettres » et l'ouverture de postes au concours au niveau national attestent l'attention portée à un enseignement dont la vitalité renouvelée doit garantir la pérennité. En associant fondements théoriques et propositions de mise en uvre venues des établissements des différentes académies et dans la continuité des Rencontres « Mondes anciens-mondes modernes » organisées en 2012 et 2013 sous l'égide de l'inspection générale et du ministère, les ressources pédagogiques d'accompagnement mises en ligne à l'automne dernier sur le portail national Éduscol constituent, dans cette perspective, une aide précieuse pour les enseignants.
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