Question de M. GUÉRINI Jean-Noël (Bouches-du-Rhône - NI) publiée le 04/12/2014
M. Jean-Noël Guérini appelle l'attention de Mme la ministre des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes sur les effets potentiellement néfastes des technologies 3D sur la vision des enfants et des adolescents.
Depuis le milieu des années 2000, de plus en plus de films et de jeux vidéo sont proposés en 3D stéréoscopique, communément appelée 3D. Or un rapport de l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses), intitulé « Effets sanitaires potentiels des technologies audiovisuelles en 3D stéréoscopique » et rendu public le 6 novembre 2014, met en garde contre l'inconfort visuel et les divers symptômes qui en résultent, en particulier chez les plus jeunes. La littérature scientifique disponible établit que « la fatigue visuelle apparaît plus vite et de manière plus intense qu'avec des images monoscopiques », parce que les images en 3D obligent les yeux à s'orienter vers des objets virtuels, à un endroit différent de celui où l'œil fait naturellement la netteté (« conflit accommodation-vergence »). Cela peut entraîner une fatigue et des douleurs péri-oculaires, la sensation d'œil sec, des troubles de la vision (vision double, sensibilité réduite aux contrastes spatiaux, diminution de l'acuité visuelle et de la rapidité de perception), mais également des troubles extra-oculaires (maux de tête, douleurs au cou, maux de dos, aux épaules, baisse de performances dans les activités mentales, pertes de concentration, vertiges
). L'Anses déconseille donc leur usage pour les enfants de moins de 6 ans, dont le système visuel est immature, et en recommande une utilisation modérée pour les moins de 13 ans.
Sachant que les 12-17 ans passent en moyenne 4 h 30 chaque jour derrière des écrans, il lui demande s'il ne conviendrait pas de conduire des recherches plus poussées pour mieux évaluer les risques de l'usage de ces technologies, notamment sur la vision et, d'ores et déjà, de lancer une campagne d'information pour en limiter autant que possible l'usage chez les plus jeunes.
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Réponse du Ministère des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes publiée le 05/11/2015
Dans son avis de novembre 2014, l'agence nationale de l'alimentation, de la sécurité sanitaire, de l'environnement et du travail (ANSES) recommande que les enfants de moins de six ans ne soient pas exposés aux technologies 3Ds, que les enfants et les adolescents de moins de 13 ans aient un usage modéré de ces technologies et qu'ils soient, ainsi que leurs parents, attentifs aux éventuels symptômes induits. Les recommandations de l'Agence s'appuient essentiellement sur les données relatives au développement visuel de l'enfant : l'apprentissage de l'accommodation (mise au point) s'effectue durant les six premières années et la maturation visuelle s'achève vers 13 ans. Le rapport du comité d'experts fait toutefois le constat que peu d'études scientifiques sont disponibles sur ce sujet ; ce sont surtout les effets sur la fatigue visuelle et le conflit entre l'accommodation et la vergence (orientation des deux yeux) qui ont fait l'objet de travaux scientifiques. Par ailleurs, les études montrent également qu'une partie de la population possède une vision stéréoscopique déficiente. Compte tenu de ces éléments, une information des professionnels de santé sur cette question est envisagée. L'Agence formule des propositions en matière de recherche (caractérisation des expositions, développement des méthodes d'évaluation de la fatigue visuelle, étude des conséquences psychologiques...) ; la construction de scores permettant d'évaluer la fatigue visuelle pourrait être un thème à inscrire dans le cadre de l'appel à projets de recherche lancé chaque année par l'agence. Enfin, ce travail d'expertise intervient dans un contexte d'incertitude concernant le développement de cette technologie et de sa diffusion. Il existe des différences de qualité importantes entre la 3D « reconstituée » à partir d'images 2D et la 3Ds (stéréoscopique deux yeux deux images), où le relief est construit directement. Un axe de travail pour la profession pourrait notamment être l'élaboration d'un label ou d'une norme afin d'améliorer la qualité de la production et de la diffusion en salle des contenus 3Ds.
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