Question de M. de RAINCOURT Henri (Yonne - UMP-R) publiée le 11/12/2014

M. Henri de Raincourt attire l'attention de M. le ministre de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt, porte-parole du Gouvernement sur la vive inquiétude de la filière laitière quant aux conséquences que comporteraient l'adoption en l'état du projet de lignes directrices de la Commission européenne relatives aux procédures de gestion du risque E.coli producteur de shiga-toxines (STEC).

En effet, ce projet comporte actuellement des critères de gestion du risque STEC particulièrement sévères, allant au-delà des exigences fixées par l'Agence française de sécurité sanitaire (ANSES).

Si l'épidémiologie atteste que les risques de contamination, en raison de l'ingestion de produits laitiers sont sporadiques, l'adoption de ce dispositif entraînerait en revanche des conséquences désastreuses pour les filières de fromages au lait cru.

Selon les estimations de la profession, près de 8 à 15 % des filières pourraient être détruites, tandis que la perte économique concernerait plus de 20 000 tonnes de fromages ; soit une perte nette de 144 à 270 millions d'euros par an. Sans compter les conséquences considérables que cela pourrait avoir d'un point de vue social, eu égard à la disparition des milliers d'emplois liés aux nombreuses activités directement ou indirectement concernées par l'activité des filières laitières. Concernant par exemple la production de Chaource, la mise en œuvre des mesures préconisées par la Commission pourrait concerner plus de 20 % de la production de ce fromage.

Enfin, il s'alarme des répercussions que cela pourrait avoir sur l'ensemble du savoir-faire des producteurs français de fromages au lait cru, qui contribuent par leur travail à perpétuer ce patrimoine culinaire renommé dans le monde.

Il souhaite donc savoir par quels moyens le Gouvernement entend défendre la filière laitière, en prévenant toutes les mesures qui pourraient s'avérer disproportionnées au regard des conséquences qu'elles seraient susceptibles d'entraîner.

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Réponse du Ministère de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt publiée le 08/01/2015

À ce jour, aucun critère microbiologique n'est fixé dans la réglementation européenne pour les Esherichia coli producteurs de shigatoxines (STEC) dans les denrées alimentaires d'origine animale. En effet, les mesures de maîtrise préventives destinées à réduire la contamination fécale le plus en amont possible de la chaîne alimentaire étaient considérées comme suffisantes pour contribuer à la réduction des risques pour la santé publique. En l'absence de critère réglementaire, la Commission européenne a présenté, début 2014, un projet de document d'orientation relatif à l'application de l'article 14 du règlement (CE) n° 178/2002 au regard des aliments dans lesquels des STEC ont été détectés. Ce document vise à définir le caractère dangereux d'une denrée alimentaire contaminée par STEC et à harmoniser les modalités de gestion portant sur ces denrées dans les différents États membres. Basé sur l'avis de l'autorité européenne de sécurité des aliments (AESA) publié en avril 2013, il définit une méthode identifiant le niveau de risque qui s'appuie sur le type d'aliment concerné, les habitudes de consommation et le niveau de sensibilisation des consommateurs. Il établit une répartition entre deux niveaux de profil d'aliments, à risque élevé ou faible, les produits au lait cru étant classés comme présentant un risque élevé. Si, d'un point de vue théorique, l'approche proposée par la Commission européenne est en adéquation avec l'objectif prioritaire d'assurer un haut niveau de protection de la santé publique, conformément aux dispositions générales du paquet hygiène, elle risque en effet néanmoins d'avoir des conséquences très lourdes pour la filière « lait cru », en imposant des mesures de gestion sans vérification préalable du caractère effectivement pathogène des souches de STEC éventuellement détectées. Les autorités françaises ont alerté la Commission européenne à différentes reprises au cours de l'année 2014 sur les difficultés pressenties si les lignes directrices étaient adoptées en l'état. La France a fait part de son expérience, et les difficultés liées à la gestion de certains produits, notamment les fromages au lait cru, contaminés par des STEC potentiellement hautement pathogènes ont été présentées. Suite à ces échanges, la Commission européenne a décidé de transmettre un questionnaire aux différents États membres pour recueillir leur avis. Ainsi, l'adoption de ces lignes directrices, initialement pressentie pour décembre 2014, a été reportée en 2015. Dans la réponse à ce questionnaire, les autorités françaises ont réaffirmé leur attachement à une approche permettant de garantir la protection du consommateur, associée à des mesures de gestion efficaces et proportionnées, compatibles avec les contraintes techniques et économiques des opérateurs, notamment du secteur laitier. Dans le prolongement des échanges réguliers avec les organisations professionnelles de la filière lait, le ministère chargé de l'agriculture a mis en place un groupe de travail « STEC » spécifique aux produits laitiers, auquel elles sont associées, ainsi que les scientifiques. La première réunion est programmée en janvier 2015 et devra permettre de faire le point sur les données scientifiques disponibles ou nécessaires afin de pouvoir étayer l'argumentation sur ce sujet lors des futures négociations au niveau européen.

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