Question de M. DALLIER Philippe (Seine-Saint-Denis - Les Républicains) publiée le 13/05/2016
Question posée en séance publique le 12/05/2016
M. Philippe Dallier. Ma question s'adresse à M. le Premier ministre.
Le 16 avril dernier, à l'UNESCO, la France a malheureusement voté une résolution portée, nous dit-on, par un groupe de pays arabes modérés,
M. Roger Karoutchi. Très modérés
M. Philippe Dallier.
mais comptant en son sein, par exemple, le Soudan.
Les termes de cette résolution sont une injure à l'histoire. Pis, ils sont une négation de l'existence même de ce qu'il y a de plus sacré pour le peuple juif, le Mont du Temple, à Jérusalem.
M. Loïc Hervé. Très bien !
M. Philippe Dallier. Au sein de la communauté juive de France, l'émoi est considérable.
Est-ce donc ainsi que la France compte faire progresser le processus de paix, une paix que nous appelons tous de nos vœux ?
Mardi dernier, à l'Assemblée nationale, M. le ministre des affaires étrangères semblait embarrassé. Hier, monsieur le Premier ministre, vous avez dit regretter vivement ce vote de la France. Le Président de la République lui-même a exprimé des regrets, paraissant surpris que ce texte soit interprété de cette manière. C'est à se demander si quelqu'un l'avait lu !
Dès lors, deux questions viennent immédiatement à l'esprit : qui détermine et conduit aujourd'hui la politique étrangère de la France ?
M. Alain Gournac. Ah !
M. Philippe Dallier. Plus précisément, qui a autorisé notre représentant à l'UNESCO à voter en faveur de l'adoption de cette résolution ? (Applaudissements sur de nombreuses travées du groupe Les Républicains et de l'UDI-UC.)
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Réponse du Premier ministre publiée le 13/05/2016
Réponse apportée en séance publique le 12/05/2016
M. Manuel Valls, Premier ministre. Monsieur Dallier, le vote, le 16 avril dernier, de cette résolution a effectivement suscité, en Israël et en France, des interrogations, des inquiétudes et un sentiment d'indignation.
Je le redis avec beaucoup de force et de conviction : nier la présence de l'histoire juive à Jérusalem n'a aucun sens. (M. Robert del Picchia acquiesce.)
Quand on veut traiter d'un tel sujet, en quelque lieu que ce soit, il faut choisir ses mots avec beaucoup d'intelligence. En l'occurrence, tel n'a pas été le cas. Cette résolution de l'UNESCO, qui n'est pas nouvelle, contient des formulations malencontreuses, maladroites et blessantes.
M. Christian Cambon. Pourquoi l'avoir votée, alors ?
M. Manuel Valls, Premier ministre. Ces dernières auraient incontestablement dû être évitées. Comme vous l'avez rappelé, le Président de la République, le ministre des affaires étrangères et moi-même regrettons ce vote. Jean-Marc Ayrault et moi-même aurons l'occasion de le dire au Gouvernement israélien et, au-delà, à la société israélienne : à la fin de cette semaine, le ministre des affaires étrangères sera à Jérusalem et dans les territoires palestiniens ; je m'y rendrai pour ma part dans une dizaine de jours.
Quand il s'agit de Jérusalem, de cette cité unique au monde, de cette ville du Livre où sont représentés les trois monothéismes, il faut faire preuve de la plus grande clarté.
M. Christian Cambon. Mais alors, pourquoi avoir voté ce texte ?
M. Manuel Valls, Premier ministre. Nous avons eu l'occasion de nous exprimer. Ce vote, cette erreur sont derrière nous. (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain. - M. Robert del Picchia applaudit également.)
M. le président. La parole est à M. Philippe Dallier, pour la réplique.
M. Philippe Dallier. Monsieur le Premier ministre, personne ne met en doute la sincérité des regrets que vous avez exprimés, mais nul, dans cet hémicycle, ne peut croire que notre représentant à l'UNESCO ait agi de son propre chef !
Un sénateur du groupe Les Républicains. Bien sûr !
M. Philippe Dallier. La question qui se pose est la suivante : y a-t-il un pilote dans l'avion ? Nous pensons qu'il y en a un !
Sur ce sujet extrêmement sensible, la France doit conserver une position équilibrée. Sinon, l'initiative qu'elle a prise d'organiser une conférence internationale à la fin du mois de mai n'a absolument aucune chance d'aboutir. Il faut faire bouger les choses, mais ce n'est pas avec de semblables procédés que nous y parviendrons. Nous espérons qu'un tel incident ne se reproduira pas : c'est le crédit et le sérieux de notre diplomatie qui sont en cause ! (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains et sur certaines travées de l'UDI-UC.)
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