Question de M. BONHOMME François (Tarn-et-Garonne - Les Républicains-A) publiée le 01/02/2018
M. François Bonhomme souhaite attirer l'attention de M. le ministre de l'agriculture et de l'alimentation sur les conséquences du nouveau zonage des zones défavorisées simples présenté le 20 décembre 2017.
Pour le département de Tarn-et-Garonne, de nombreuses communes ne figurent pas sur la carte des zones défavorisées. Or, l'avenir agricole de ce département en dépend.
Des données fausses ont été prises en compte au départ. Des prélèvements biophysiques ont en effet conduit à l'établissement d'une carte erronée mais le ministère est désormais en possession des éléments de la situation réelle. Il est impératif d'apporter ces corrections à la nouvelle base de réflexion.
Les contraintes naturelles du département ont des conséquences sur la diversité des cultures et leur rendement, sur la taille des parcelles.
Le Tarn-et-Garonne se caractérise par des exploitations de polyculture-élevage ou de polyculture diversifiée qui exploitent et valorisent des zones à potentiel limité et à relief accidenté. La taille du parcellaire est très modérée : d'une surface inférieure à 4 ha en moyenne, elle engendre des surcoûts significatifs mais permet, sur le plan environnemental, une biodiversité accrue.
Les critères « diversité des cultures », « taille des parcelles », « pourcentage des exploitations comportant des haies » traduisent bien les contraintes de gestion des terres. Or, sans gestion des terres, il n'y a pas d'entretien du paysage rural.
Les zones de transition entre côteaux et vallées où l'élevage est présent doivent, elles aussi, être prises en compte dans les zones défavorisées.
Enfin, le critère de rendement départemental blé tendre traduit fortement les contraintes subies par les agriculteurs de ces territoires.
La poursuite de l'exploitation des terres du Tarn-et-Garonne est suspendue, pour la plupart de celles-ci, à une décision d'intégration dans la carte des « zones défavorisées ».
Il rappelle que l'avenir du département de Tarn-et-Garonne dépend de ce zonage et lui demande d'être attentif aux éléments objectifs fournis par la direction régionale de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt (DRAAF).
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Réponse du Ministère de l'agriculture et de l'alimentation publiée le 07/03/2018
Réponse apportée en séance publique le 06/03/2018
M. François Bonhomme. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, ma question porte sur le devenir des zones défavorisées du département de Tarn-et-Garonne et sur les dispositifs d'accompagnement annoncés par le Gouvernement pour soutenir les agriculteurs tarn-et-garonnais.
Monsieur le ministre, vous le savez, l'avenir agricole du Tarn-et-Garonne repose en grande partie sur les aides compensatoires autorisées par le statut des zones défavorisées. Ce statut se révèle essentiel au maintien de nombre d'exploitations familiales du département, qui sont sujettes à des handicaps naturels.
Le Tarn-et-Garonne se caractérise en effet par des exploitations de polyculture-élevage et de polyculture diversifiée, qui exploitent et valorisent des zones à potentiel limité et à relief accidenté. La taille du parcellaire y est très modérée : d'une surface inférieure à 4 hectares en moyenne, elle engendre des surcoûts significatifs, mais autorise, sur le plan environnemental, une biodiversité accrue.
Les critères de diversité des cultures, de taille des parcelles et de pourcentage des exploitations comportant des haies traduisent bien les contraintes de gestion des terres. Or, sans gestion des terres, il n'y a pas d'entretien du paysage rural.
En outre, les zones de transition entre coteaux et vallées, où l'élevage est présent, méritent d'être prises en compte dans les zones défavorisées. Le critère de rendement départemental de blé tendre traduit, quant à lui, les fortes contraintes subies par les agriculteurs de ces territoires.
Monsieur le ministre, le projet de zonage divulgué le 20 décembre 2017 menaçait d'exclure des aides européennes de nombreuses communes tarn-et-garonnaises jusqu'alors éligibles. Vous le savez, des données erronées avaient été prises en compte, mais vous avez modifié les choses, en intégrant des corrections issues des réunions de travail avec les représentants agricoles.
La carte présentée le 20 février dernier aux membres du comité de pilotage national de la réforme des zones défavorisées simples porte le nombre de communes classées à 14 000 contre 13 984 dans le projet de carte présenté le 9 février. Le nombre de communes sortantes est, quant à lui, porté à 1 349 communes au lieu de 1 401 dans la carte du 9 février.
Vous vous êtes engagé à mettre en place un dispositif d'accompagnement qui doit se matérialiser, entre autres, par l'élaboration de diagnostics territoriaux sur le nombre de bénéficiaires sortants et la typologie de leurs situations et de leurs difficultés. La mise en place d'un groupe réunissant des représentants de l'État et des régions afin d'identifier les outils mobilisables et adaptés a également été annoncée.
Monsieur le ministre, je souhaite connaître les dispositifs d'accompagnement envisagés par le Gouvernement. Quels sont vos engagements en la matière ?
M. le président. La parole est à M. le ministre de l'agriculture et de l'alimentation.
M. Stéphane Travert, ministre de l'agriculture et de l'alimentation. Monsieur le sénateur François Bonhomme, vous appelez mon attention sur la réforme des zones défavorisées simples, les ZDS. Je sais que ce sujet est important dans votre département et, depuis la publication des premières données cartographiques, nous avons beaucoup travaillé pour améliorer la situation.
Nul besoin de vous rappeler toute l'histoire : ces ZDS ont été définies en 1976 et la Commission européenne comme la Cour des comptes européenne demandent leur révision depuis 2003. Nous nous retrouvons donc à gérer ce dossier qui avait été mis sous le tapis pendant bien longtemps. La révision était donc complètement nécessaire.
Des discussions ont été engagées en 2016 par mon prédécesseur avec les professionnels agricoles et les conseils régionaux afin d'établir ce nouveau zonage. Plus de 120 simulations ont été faites. Dans votre département, 180 communes étaient classées jusqu'à présent et, à partir de 2019, elles seront encore 150.
Vous le savez, aucune des 120 hypothèses de travail explorées depuis deux ans ne permettait d'aller au-delà. Je sais que certains acteurs contestent la validité des référentiels et des analyses de sols qui ont permis d'établir les simulations.
Je rappelle que ces référentiels ont été constitués à partir des prélèvements effectués depuis plus de trente ans par les chambres d'agriculture et l'Institut national de la recherche agronomique ; ils répondent à des cahiers des charges et à des normes européennes très précises. En outre, ils ont été soumis à des pédologues indépendants avant d'être enfin validés par l'IGCS l'inventaire de gestion et de conservation des sols. Chacune des vérifications réalisées à la suite des diverses sollicitations reçues a confirmé la robustesse des données dont dispose la France.
La carte du 20 février 2018 constitue désormais la base de travail pour entamer les discussions avec la Commission européenne, notamment en ce qui concerne l'application d'un critère de continuité territoriale, qui pourrait permettre à certaines communes de réintégrer le zonage. Il s'agit donc maintenant pour nous d'engager ce travail avec la Commission européenne.
J'ai bien conscience que les éleveurs qui sortent du classement en zone défavorisée simple sont en attente de solutions et je me suis engagé à leur en apporter. Ce matin, avant de venir au Sénat, j'ai réuni les directeurs régionaux de l'agriculture et de la forêt et nous allons mobiliser des groupes de travail territoriaux pour porter des projets de transformation et analyser la situation individuelle des agriculteurs concernés. Le nombre de ces agriculteurs n'est lui-même pas encore connu, puisqu'il dépend du recensement général agricole de 2010 ; les choses méritent donc d'être affinées.
M. le président. Je vous remercie de conclure, monsieur le ministre.
M. Stéphane Travert, ministre. Nous allons mettre en place un accompagnement grâce au grand plan d'investissement que nous avons annoncé, mais aussi par des mesures sur lesquelles nous allons travailler avec les professionnels et les élus, en particulier les conseils régionaux.
M. le président. La parole est à M. François Bonhomme.
M. François Bonhomme. Monsieur le ministre, je prends acte de vos propos et je reconnais bien volontiers que vous avez eu fort à faire pour traiter ce dossier, qui avait été mis sous le tapis et qui constituait une forme de saut dans le vide. Vous avez apporté des corrections qui sont significatives, il faut également le reconnaître.
Pour autant, il reste, dans mon département, entre 25 et 30 communes qui attendent un dispositif d'accompagnement réel. Je souhaite simplement que vous ne proposiez pas une simple pommade ou un sédatif profond, mais des principes actifs qui permettent à ces communes d'envisager l'avenir.
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