Question de Mme de CIDRAC Marta (Yvelines - Les Républicains) publiée le 16/02/2018
Question posée en séance publique le 15/02/2018
Mme Marta de Cidrac. Ma question s'adresse à M. le Premier ministre.
Monsieur le Premier ministre, la misère existe dans notre pays, des femmes et des hommes vivent dans la rue et, depuis le début de l'année, plusieurs SDF sont morts à Paris. Nous devons tous lutter contre cette réalité ; c'est une question d'humanité.
Lorsque j'entends M. Julien Denormandie, secrétaire d'État, déclarer que « le nombre de personnes isolées dormant dans la rue en Île-de-France correspond à une cinquantaine », je m'indigne et je l'invite à aller à leur rencontre.
M. François Grosdidier. Il ne parle que du VI e arrondissement !
Mme Marta de Cidrac. À l'occasion d'une récente interview, Louis Gallois, président de la Fédération des acteurs de la solidarité, a révélé que les préfets excluraient de leur comptage des personnes sans abri les célibataires et ceux qui vivent sous une tente. Sans doute les préfets se sentent-ils liés par la promesse du Président de la République qu'« il n'y aura[it] plus personne dans la rue à la fin de l'année 2017 ». Nous sommes en 2018 et, hélas, cette promesse non plus n'est pas tenue
Monsieur le Premier ministre, pensez-vous, comme Julien Denormandie, qu'il n'y a qu'une cinquantaine de personnes qui dorment dans la rue en Île-de-France ? Pensez-vous, comme le député de votre majorité Sylvain Maillard, que l'immense majorité des SDF passent la nuit dehors par choix ? Pensez-vous, monsieur le Premier ministre, que le Président de la République, emporté par sa communication, a tenu sa promesse ? Monsieur le Premier ministre, ne pensez-vous pas plutôt que nous sommes là face à trois fake news ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
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Réponse du Ministère de la cohésion des territoires publiée le 16/02/2018
Réponse apportée en séance publique le 15/02/2018
M. Jacques Mézard, ministre de la cohésion des territoires. Madame la sénatrice Marta de Cidrac, au regard des drames de la misère et la solitude que vous évoquez, cette polémique sur les chiffres est tout à fait déplorable. (Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.)
Je ne me suis jamais engagé dans ce débat sur les chiffres, mais je sais que nous partageons tous, dans cet hémicycle, au Gouvernement, à l'Assemblée nationale et dans nos collectivités locales, un même objectif : qu'il y ait le moins possible de nos concitoyens qui vivent dans la rue.
Cette polémique est déplorable ! Jamais nous ne donnerons des ordres aux préfets afin de cacher la vérité ! Nous les respectons trop pour cela, et si Julien Denormandie et moi-même tenons chaque semaine une conférence avec les treize préfets de région, ce n'est pas pour leur demander de masquer les chiffres, mais pour réaffirmer la nécessité de faire en sorte qu'il n'y ait plus un enfant, plus une famille dans la rue.
Effectivement, si des résultats positifs ont été obtenus, il y a encore beaucoup trop d'hommes et de femmes sans abri dans notre pays. Mais, je vous le dis en face, faire de ce drame un sujet de polémique et de petites phrases pour les matinales, c'est détestable ! (Bravo ! et applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche et sur des travées du groupe du Rassemblement Démocratique et Social Européen.)
M. le président. La parole est à Mme Marta de Cidrac, pour la réplique.
Mme Marta de Cidrac. De grâce, monsieur le ministre, attelez-vous au travail de fond, et cessons de polémiquer. (Exclamations ironiques sur les travées du groupe La République En Marche.) Ensemble, faisons mentir Bertolt Brecht, selon qui « si les puissants de la terre sont capables de provoquer la misère, ils sont incapables d'en supporter la vue ». Nous comptons tout de même sur vous (Applaudissements sur des travées du groupe Les Républicains.)
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