Question de M. MAGNER Jacques-Bernard (Puy-de-Dôme - SOCR) publiée le 15/02/2018
M. Jacques-Bernard Magner attire l'attention de Mme la ministre des solidarités et de la santé sur les conséquences de la diminution du budget dédié à la protection juridique des majeurs dans la loi n° 2017-1837 du 30 décembre 2017 de finances pour 2018. Cette diminution doit être compensée par la revalorisation du barème des taux de prélèvement, ce qui entraînera une augmentation de la participation financière des personnes à leur mesure de protection, alors que la plupart d'entre elles se trouvent dans une situation financière particulièrement fragile. S'ajoute à cela la suppression de la franchise égale au montant de l'allocation adulte handicapé (AAH) dans la détermination de l'assiette des ressources. Ainsi, le barème de la participation financière de la personne protégée est modifié alors que la direction générale de la cohésion sociale (DGCS) a commandé une étude sur le coût réel d'une mesure de protection, dont les résultats sont attendus à la fin de l'année 2018. Compte tenu du fait que les nouvelles dispositions sont complexes et ne vont pas dans le sens d'une prise en charge de qualité des personnes vulnérables, il lui demande s'il ne lui parait pas nécessaire d'attendre les conclusions de la DGCS avant d'appliquer le nouveau barème.
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Réponse du Ministère des solidarités et de la santé publiée le 30/08/2018
Près de 800 000 personnes sont placées sous mesure de protection juridique en France, au titre desquelles 483 000 sont prises en charge par des professionnels, les mandataires judiciaires à la protection des majeurs (MJPM). Depuis la loi du 5 mars 2007 portant réforme de la protection juridique des majeurs et en vertu des articles L. 361-1 et L. 471-5 du code de l'action sociale et des familles (CASF), le financement des mesures de protection juridique, exercées par les MJPM, relève en premier lieu des personnes protégées en fonction de leurs ressources et, à titre subsidiaire, du financement public. Ainsi, le dispositif de financement repose sur un système unique de participation des personnes au financement de leur mesure, dont le montant est déterminé en fonction de leurs ressources et un financement public subsidiaire alloué sous forme de dotation globale aux services mandataires ou sur la base de tarifs mensuels forfaitaires à la mesure aux mandataires individuels. La loi de finances pour 2018 (programme 304 - action 16) a prévu de réformer le barème de participation financière des personnes sous mesure de protection. Cette réforme vise à dégager un rendement supplémentaire (36 M en année pleine pour la mise en uvre de cette politique) permettant de financer une progression des budgets des services plus conforme à l'évolution des besoins du secteur. Au-delà de la seule réforme du barème, la loi de finances pour 2018 prévoit des modifications touchant à plusieurs dispositions réglementaires en vigueur qui ne respectent pas la jurisprudence administrative ainsi que certains principes prévus dans la loi du 5 mars 2007. Il importe à ce titre de mettre en conformité la réglementation avec les principes concernant la rémunération des MJPM qui doit être déterminée selon des modalités de calculs et des indicateurs communs (loi du 5 mars 2017) et la participation de la personne protégée qui ne peut être supérieure au coût de sa mesure (décision du Conseil d'État en date du 4 février 2011). Or, actuellement seuls les textes applicables aux mandataires individuels respectent ce dernier principe. Enfin, la réforme simplifie certaines dispositions relatives à la tarification des mandataires individuels et précise que leur rémunération (tarifs mensuels forfaitaire à la mesure) correspond au coût des mesures de protection. Le nouveau barème de participation des personnes prévoit : le maintien de l'exonération totale des personnes dont les ressources n'excèdent pas le montant de l'AAH en N-2 (9 692 ) ; la suppression de la franchise pour la tranche des personnes dont le niveau de ressources est supérieur au montant de l'AAH (9 692 ). Actuellement, quel que soit le niveau de ressources des personnes protégées, aucun prélèvement n'est effectué sur cette tranche de 0 à 9 692 ; pour les personnes ayant un niveau de ressources supérieur à l'AAH, le nouveau barème s'établirait ainsi : 0,6 % au lieu de 0 % sur la tranche 0 - AAH (0 -9 692 ), 8,5 % au lieu de 7 % sur la tranche AAH - SMIC (9 692 - 17 599 ), 20 % au lieu de 15 % sur la tranche SMIC 2,5 SMIC (17 599 - 43 999 ), 3 % au lieu de 2 % sur la tranche 2,5 SMIC- 6 SMIC (43 999 - 105 597 ). Ainsi, à titre d'exemple, les personnes dont le niveau de ressources se situe entre l'AAH et le SMIC participeront au financement de leur mesure à hauteur de 32,9 par mois. Le décret fixant ces nouvelles modalités est actuellement examiné par le Conseil d'État. Il devrait entrer en vigueur prochainement.
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