Question de Mme BENBASSA Esther (Paris - CRCE-R) publiée le 11/04/2018
Question posée en séance publique le 10/04/2018
Mme Esther Benbassa. Monsieur le président, mes chers collègues, ma question s'adresse à M. le Premier ministre.
Ce matin, dans une tribune publiée par France Info, 425 enseignants dénoncent la loi relative à l'orientation et à la réussite des étudiants et sa plateforme Parcoursup. Ils appellent au retrait de cette « réforme absurde » et expriment leur soutien aux étudiants mobilisés depuis des semaines. Ces étudiants, ces enseignants rejettent à raison une sélection à l'entrée de l'université qui ne dit pas son nom ! (Brouhaha sur les travées du groupe Les Républicains.) Vous pourriez avoir la politesse de vous taire tout de même, mes chers collègues ! (Exclamations sur les mêmes travées. Sourires et applaudissements sur les travées du groupe communiste républicain citoyen et écologiste et sur des travées du groupe socialiste et républicain.)
Le diagnostic est pourtant simple : faute de places et de moyens, tous les étudiants ne peuvent être accueillis dans l'enseignement supérieur français. Quant au milliard d'euros évoqué par Mme la ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation et destiné à la refonte du premier cycle, nul n'en a encore vu la couleur et aucun document budgétaire n'y fait référence. Or la réforme à mener doit avant tout donner les moyens d'un fonctionnement décent à nos universités.
Hier, des CRS ont interrompu une réunion d'étudiants et d'enseignants sur le campus de Nanterre. (Exclamations ironiques sur les travées du groupe Les Républicains.) Je finirai mon intervention quoi qu'il en soit, mes chers collègues ! (Sourires.)
Bel exemple de réponse du Gouvernement à la contestation de sa politique : la violence ! Le Gouvernement répond par la violence dans les universités, à Notre-Dame-des-Landes, (Vives protestations et huées sur les travées du groupe Les Républicains.), violence physique ou symbolique contre tous ceux qui résistent aux réformes !
M. François Grosdidier. Ce sont les squatteurs qui sont violents !
Mme Esther Benbassa. Ma question est simple : monsieur le Premier ministre, pour les étudiants, mais aussi pour les cheminots, les soignants, les avocats, les magistrats, pour tous ceux qui défendent le service public, allez-vous persévérer dans la stratégie du pourrissement et du clivage ou ferez-vous enfin le choix de la détente et de la concertation,
M. le président. Il faut conclure, ma chère collègue, car j'ai déjà laissé jouer les arrêts de jeu !
Mme Esther Benbassa.
en revenant, s'il le faut, sur des réformes dont les premiers acteurs concernés ne veulent pas ? Bel exemple de démocratie ! (Applaudissements sur les travées du groupe communiste républicain citoyen et écologiste.)
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Réponse du Ministère de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation publiée le 11/04/2018
Réponse apportée en séance publique le 10/04/2018
Mme Frédérique Vidal, ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation. Madame la sénatrice Benbassa, il est très important de ne pas mélanger deux choses : d'un côté, ce qui se passe effectivement dans certaines universités, avec des étudiants qui débattent, assistent aux assemblées générales et, parfois, contestent, ce qui est leur droit ; de l'autre, la violence organisée par de petits groupes qui n'ont qu'une envie, celle de trouver une tribune au sein des universités. (Applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche, du groupe du Rassemblement Démocratique et Social Européen, du groupe Union Centriste et du groupe Les Républicains.)
M. Jacques Grosperrin. Exactement !
Mme Laurence Cohen. Vous parlez de l'extrême droite ?
Mme Frédérique Vidal, ministre. Je tiens d'ailleurs à le rappeler, les universités sont des lieux de liberté et de débat, et non des lieux que l'on peut récupérer politiquement.
Mme Éliane Assassi. Vous pourriez au moins dire que c'est l'extrême droite qui est responsable !
Mme Frédérique Vidal, ministre. Ce qui s'est passé hier à Nanterre est très simple : une trentaine d'individus ont débarqué à six heures et demie du matin et cassé des portes. Ces faits constituent tout simplement un délit et il est normal que, dans ces conditions, le président de l'université ait demandé aux forces de l'ordre, dont c'est la mission, d'intervenir pour protéger le site, les personnels et les étudiants. Je peux vous certifier que c'est ce qui s'est passé hier à Nanterre.
Je voudrais que l'on arrête la désinformation
Mme Laurence Cohen. Vous êtes bien placée pour savoir de quoi il s'agit !
Mme Frédérique Vidal, ministre. Il faut cesser de dire que nous allons brader les diplômes : c'est faux ! Il faut cesser de dire qu'il n'y aura plus de compensation ou de redoublement : c'est faux !
Je voudrais également que l'on arrête l'amplification. Un président d'université me disait encore hier que la réalité des universités aujourd'hui, c'est 70 étudiants en assemblée générale, dont 35 sont pour le blocage et 33 contre, mais c'est surtout 55 000 étudiants au travail ! Voilà la réalité des universités ! (Applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche, du groupe Union Centriste et du groupe Les Républicains.)
Enfin, je voudrais rappeler que croire dans le débat, croire dans l'échange, croire dans la démocratie, c'est aussi entendre la voix du plus grand nombre, c'est-à-dire celle des étudiants qui s'expriment pour dire qu'ils souhaitent réviser et passer leurs examens.
Un sénateur du groupe Les Républicains. Ils veulent travailler !
Mme Frédérique Vidal, ministre. C'est aussi entendre le vote de la majorité des organisations syndicales des personnels et des étudiants qui ont approuvé la loi, et respecter le vote du Parlement, qui a choisi de supprimer le tirage au sort ! (Vifs applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche, du groupe Les Indépendants République et Territoires, du groupe du Rassemblement Démocratique et Social Européen, du groupe Union Centriste et du groupe Les Républicains.)
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