Question de Mme DINDAR Nassimah (La Réunion - UC) publiée le 10/05/2018

Mme Nassimah Dindar attire l'attention de M. le ministre d'État, ministre de la transition écologique et solidaire, sur le raticide à utiliser pour lutter efficacement contre les rats à La Réunion.

Il se nomme Difenacoum et les agriculteurs réunionnais ne jurent que par lui. Or l'Europe quant à elle souhaite qu'il soit remplacé par le ratron qui neutralise le rongeur par échanges gazeux mais n'affiche pas l'efficacité espérée.

Depuis le début de l'année 2018, notre département connaît une explosion des cas de leptospirose, bactérie transmise par l'urine des rongeurs, notamment des rats.

Pas moins de soixante-cinq cas et un décès ont déjà été recensés en moins de quatre mois soit bien plus que le bilan d'une année « normale ».

Ainsi, les planteurs de la fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles (FDSEA) expliquent que ce n'est pas le moment de retirer le Difenacoum.

Car préconiser le ratron pour lutter contre les rongeurs alors que ce produit, selon les autorités scientifiques compétentes (fédération départementale des groupements de défense contre les organismes nuisibles - FDGDON) est moins efficace et dépourvu d'antidote, n'est peut-être pas la solution la plus adaptée aux problèmes rencontrés dans les plantations.

Si elle est bien consciente qu'il faille se conformer à la réglementation, elle souhaite cependant savoir quelles solutions pragmatiques et efficaces il compte apporter aux planteurs.

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Transmise au Ministère de la transition écologique et solidaire


Réponse du Ministère de la transition écologique et solidaire publiée le 27/12/2018

La maîtrise des populations de rats à La Réunion répond à deux objectifs majeurs, la protection de la santé publique et la protection des cultures lorsque les rats consomment ou dégradent les productions, de canne à sucre notamment. Pour être efficace, la lutte contre les rongeurs nuisibles doit être collective et organisée à l'échelle de territoires au sein desquels il ne doit pas y avoir de secteur pouvant tenir lieu de refuge. Dans le cadre d'un usage biocide, les produits rodenticides peuvent comporter des substances anticoagulantes, comme le difénacoum. D'une manière générale, la mise sur le marché et l'utilisation des produits biocides sont encadrées au niveau communautaire par le règlement européen (UE) n° 528/2012 du Parlement européen et du Conseil du 22 mai 2012 concernant la mise à disposition sur le marché et l'utilisation des produits biocides. Ce règlement comporte comme objectif de garantir un niveau élevé de protection de la santé humaine, de la santé animale et de l'environnement. À cet effet, le renouvellement de l'approbation du difénacoum effectué le 25 juillet 2017 au niveau européen est conditionné à des mesures de gestion du risque spécifiques. Des produits rodenticides comportant du difénacoum sont autorisés en France pour un usage biocide, mais avec des mesures de gestion du risque strictes, compte tenu du profil de danger de la substance (toxique par reproduction de catégorie 1B, très persistante, bioaccumulative et toxique). L'utilisation de produits biocides rodenticides, notamment ceux à base de difénacoum, doit donc se faire dans des conditions conformes à celles de leur autorisation de mise sur le marché. Au niveau phytopharmaceutique, le difénacoum est aussi une substance approuvée au niveau européen. Cependant, aucun produit à base de difénacoum n'est autorisé en France en tant que produit phytopharmaceutique. En ce qui concerne les rodenticides à usage phytopharmaceutique, deux autorisations de mise sur le marché ont été délivrées en 2017 par l'agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnementet du travail (Anses) pour des appâts au phosphure de zinc (RATRON GW et RATRON GL). Ces produits sont destinés à lutter contre plusieurs espèces de campagnols dans leurs galeries, mais peuvent également permettre de lutter contre les rats lorsqu'ils s'attaquent aux cultures, sous réserve que les appâts présentent une appétence suffisante pour cette espèce. Des essais vont être entrepris à La Réunion sous la conduite de la fédération départementale des groupements de défense contre les organismes nuisibles (FDGDON), qui dispose de l'expérience de la lutte contre ces rongeurs depuis 1976, afin de tester l'efficacité et définir les conditions d'utilisation adaptées qui permettraient de s'assurer que seuls les rats consommeront les appâts. Le phosphure de zinc présente l'avantage de ne pas provoquer d'effets non intentionnels en cas de consommation d'animaux ayant ingéré l'appât par des prédateurs. Parallèlement à la lutte chimique, la lutte non chimique, et plus particulièrement les actions de prévention, sont importantes. Il est conseillé de prendre attache auprès des services déconcentrés du ministère de l'agriculture et de l'alimentation sur ce volet prévention notamment.

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