Question de M. LABBÉ Joël (Morbihan - RDSE-R) publiée le 06/07/2018

Question posée en séance publique le 05/07/2018

M. Joël Labbé. Ma question s'adresse à M. le ministre d'État, ministre de la transition écologique et solidaire.

Johannesburg, 2002 : « Notre maison brûle et nous regardons ailleurs. » C'était il y a seize ans déjà. La maison continue de brûler, et nous persistons trop souvent à regarder ailleurs.

Monsieur le ministre d'État, vous avez présenté hier un nouveau plan pour la biodiversité, visant à contrer l'appauvrissement accéléré du monde du vivant.

Lors de cette présentation, vous avez rappelé la situation catastrophique provoquée par l'effondrement de la biodiversité. Je suis de ceux qui partagent votre analyse, mais nous ne pourrons véritablement avancer tant que ce constat ne sera pas très largement admis tant par les parlementaires que par vos collègues du Gouvernement.

Nous sortons d'une semaine de débat sur le projet de loi relatif à l'agriculture et à l'alimentation. La biodiversité aurait dû être au cœur de nos préoccupations. Nous l'avons évoquée à plusieurs reprises, mais elle s'est, la plupart du temps, « ramassée ».

Pouvez-vous nous rappeler, une fois encore, en quoi la situation est si catastrophique ? (Applaudissements sur des travées du groupe du Rassemblement Démocratique et Social Européen. –Mme Esther Benbassa et M. André Gattolin applaudissent également.)

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Réponse du Ministère de la transition écologique et solidaire publiée le 06/07/2018

Réponse apportée en séance publique le 05/07/2018

M. Nicolas Hulot, ministre d'État, ministre de la transition écologique et solidaire. « La nature nous parle, mais nous ne l'écoutons pas », disait Victor Hugo. J'ose croire qu'enfin nous l'écoutons. J'ose croire que nous avons entendu son cri de détresse. La prise de conscience précède les actes.

La réunion interministérielle inédite présidée hier par le Premier ministre en témoigne : nous allons collectivement prendre notre part de responsabilité dans ce grand fléau du XXIe siècle, que nous devons arrimer de manière indissociable à l'enjeu climatique.

Ai-je besoin de dresser une nouvelle fois le tableau ? En trente ans, ce sont un tiers des oiseaux en milieu agricole et 80 % des insectes en Europe qui ont disparu. Une espèce sur trois est menacée en France. Plus globalement, plus de 60 % des écosystèmes s'effondrent dans le monde entier. Si nous continuons avec ce modèle de développement, qui est parfois une licence de détruire la nature, c'est 40 % ou 50 % du vivant qui aura définitivement disparu au cours du siècle.

Le Gouvernement prendra donc ses responsabilités. Le plan que nous avons présenté hier n'est pas tout ; c'est un début ! Nous voulons enclencher une responsabilité et une dynamique collectives. Il faut que chaque citoyen, chaque acteur politique, chaque acteur économique s'interroge profondément sur sa responsabilité, en négatif ou en positif.

C'est donc un plan de mobilisation. Je veux, à ce stade, faire confiance à la volonté qui se manifeste ainsi. N'en doutez pas, dans les mois qui viennent, nous évaluerons l'efficacité de ce plan semaine après semaine. (Applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche.)

M. le président. La parole est à M. Joël Labbé, pour la réplique.

M. Joël Labbé. Cela ne se fait peut-être pas, mais je m'adresserai maintenant à M. le Premier ministre.

Monsieur le premier ministre, dans votre discours de présentation du plan, vous avez parlé d'état urgence, avec une certaine gravité. Si vous adhérez vraiment au propos de votre ministre d'État, nous attendons de vous que vous imprimiez cette urgence à l'ensemble de l'action de votre gouvernement.

Si votre ministre de la transition écologique et votre ministre des solidarités et de la santé avaient été associés, le texte relatif à l'agriculture et à l'alimentation aurait sûrement été beaucoup plus ambitieux. Outre la biodiversité, la santé humaine est concernée au plus haut point.

Il est temps de s'engager avec entrain dans l'ère de l'après-pesticides, pour tourner le dos aux sombres perspectives de printemps silencieux et aller vers des printemps joyeux et réenchantés !

M. le président. Il faut conclure !

M. Joël Labbé. Il faut que nous puissions entendre encore longtemps, longtemps les concerts d'insectes somnolents chers à Albert Camus, ainsi que « des chants d'oiseaux au réveil et des rires d'enfants », comme le disait si bien Jacques Brel ! (Applaudissements sur les travées du groupe du Rassemblement Démocratique et Social Européen, du groupe La République En Marche, du groupe socialiste et républicain et du groupe communiste républicain citoyen et écologiste.)

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