Question de Mme EUSTACHE-BRINIO Jacqueline (Val-d'Oise - Les Républicains) publiée le 05/07/2018

Mme Jacqueline Eustache-Brinio attire l'attention de M. le ministre d'État, ministre de l'intérieur, sur l'évacuation du campement de trafic de drogue désigné sous le nom de « colline du crack », porte de la Chapelle à Paris.

En effet, le mercredi 27 juin 2018 a eu lieu le démantèlement de ce campement, où prospéraient divers trafics de stupéfiants. Cette intervention a conduit à l'interruption de la circulation sur l'autoroute A1 dans le sens Roissy-Paris. Les associations s'inquiètent désormais de voir ces trafics se déplacer ver les grandes gares ou les bouches de métro parisiennes.

Elle lui demande donc quelles mesures il envisage de prendre afin de prévenir la reformation de ce camp, dangereux pour les automobilistes et source de perturbations pour les riverains. Elle souhaiterait également savoir quels moyens sont mis en œuvre afin de prévenir le déplacement des trafics.

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Transmise au Ministère de l'intérieur


Réponse du Ministère de l'intérieur publiée le 14/03/2019

Situé Porte de la Chapelle, entre le périphérique et le boulevard Ney, face à la station essence « BP », le secteur dit « colline au crack » est un lieu de rassemblement des usagers de crack. Ce site, formé par les interstices du périphérique, est le plus souvent occupé par des personnes sans domicile fixe qui dorment dans des tentes de fortune. On note aussi la présence de dealers de passage, qui se font appeler « modous ». À la suite d'une première évacuation en septembre 2017, le campement s'était reconstitué dans son intégralité, et la fréquentation de ce site, devenu un important et régulier lieu de consommation de stupéfiants et d'activités de prostitution, s'effectuait dans des conditions mettant en péril l'hygiène et la sécurité des riverains et des occupants. Ces derniers qui déambulaient sur le bas-côté mais aussi sur la chaussée du boulevard périphérique, généraient un danger accidentogène. Compte tenu de l'ensemble de ces troubles majeurs à l'ordre public, le préfet de police a pris la décision de procéder à l'évacuation de ce campement sauvage. Cette opération, qui s'est déroulée le 27 juin 2018 sans incident, a été menée en partenariat avec la préfecture de la région d'Île-de-France (PRIF), la ville de Paris et les acteurs associatifs. Sur un total de 53 personnes recensées sur le site, 42 se sont vu proposer une solution d'hébergement provisoire en Île-de-France et ont pu bénéficier d'un diagnostic social et sanitaire. Les regroupements s'étant reconstitués dans une forme différente, la préfecture de police (PP) a mis en place un dispositif de sécurisation à la Porte de la Chapelle, afin d'éviter une nouvelle occupation du domaine public sans autorisation, et garantir la sécurité des riverains, mais aussi pour lutter et agir efficacement contre les trafics. Face à l'ampleur du phénomène du crack à Paris, un objectif thématique spécifique a été ajouté au plan spécifique de lutte contre les trafics de stupéfiants, mis en place à Paris et coordonné par la direction de la police judiciaire et associant la direction de sécurité de proximité de l'agglomération parisienne et direction du renseignement de la préfecture de police. En 2018, 48 opérations de sécurisation ont été menées dans le secteur. 977 interventions de police ont été effectuées et 205 individus interpellés pour trafic ou consommation de stupéfiants. La BAC 18, à l'occasion de 12 opérations « colline », a interpellé 43 individus et saisi 334 grammes de crack, 5 grammes de cocaïne ainsi que 11 942 euros. L'action menée contre le crack dans le métro est axée principalement sur l'interpellation des vendeurs par les effectifs en civil et en tenue de la brigade des réseaux ferrés, assistés de patrouilleurs vidéo, et sur le traitement judiciaire renforcé des procédures. La nécessité d'une prise en compte spécifique et plus stricte de ce phénomène a conduit à l'installation par le procureur de la République de Paris le 21 février 2018, d'un groupe local de traitement de la délinquance propre au trafic de crack dans le métro. Afin d'obtenir des résultats sur le long terme, ces actions coercitives doivent obligatoirement être assorties de mesures sociales, sanitaires et d'accompagnement, les personnes concernées vivant le plus souvent dans une grande précarité. À cet égard, une task force opérationnelle a été mise en place au mois de novembre 2018 afin de coordonner les mesures mises en place, allant des maraudes à l'hébergement des personnes. Elle réunit, deux fois par mois, l'ensemble des acteurs : associations, État - Direction régionale et interdépartementale de l'hébergement et du logement, Agence régionale de santé, PRIF, PP, ville de Paris. Elle est également habilitée à mobiliser l'ensemble des financements disponibles, notamment ceux issus du fonds interministériel pour la prévention de la délinquance et ceux de la RATP-CAARUD (centre d'accueil et d'accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogues).

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