Question de M. COURTIAL Édouard (Oise - Les Républicains) publiée le 02/08/2018
M. Édouard Courtial attire l'attention de M. le secrétaire d'État, auprès du Premier ministre, chargé du numérique sur la fracture sociale qu'entraîne aujourd'hui la question de l'« illectronisme ». À l'heure d'une dématérialisation toujours accrue des procédures administratives, il s'inquiète que l'utilisation d'internet ne devienne non seulement un obstacle technique mais aussi social. En effet, la mauvaise maîtrise d'un quart des Français environ des technologies de l'information et de la communication est alarmante car vectrice de fortes inégalités et d'une rupture intergénérationnelle. Ainsi, 58 % des personnes de soixante-dix ans et plus affirment ne pas être à l'aise avec le numérique, selon une étude récente menée par le conseil supérieur de l'audiovisuel. Néanmoins, cette problématique ne touche pas uniquement les seniors mais bien toutes les classes d'âge confondues. Ainsi, sur l'année écoulée, 15 % des moins de trente-cinq ans avouent avoir renoncé à une démarche parce qu'elle faisait appel à internet. Ces « abandonnistes » s'isolent donc alors même que la plupart sont équipés d'outils informatiques et voudraient progresser pour la moitié d'entre eux. Pour y remédier, onze centres sociaux de l'Oise ont équipés des seniors isolés de tablettes numériques et leur proposent des ateliers hebdomadaires et à domicile avec un jeune en service civique pour apprendre à s'en servir, à communiquer ou encore à s'amuser avec, afin de banaliser et de dédramatiser cet outil. Par ailleurs, l'apprentissage du numérique, à l'école, est une « compétence clé » selon les termes de l'Union européenne au même titre que la lecture, l'écriture et le calcul. Pourtant des lacunes s'accumulent dès le cycle 2 et deviennent un réel handicap pour ces élèves. Au regard de ces enjeux, il lui demande de bien vouloir lui indiquer si l'extension d'une mesure telle que celle initiée dans l'Oise, à l'échelle nationale, ne serait pas judicieuse, entre autres, pour résoudre l'« illectronisme » des seniors et quelles actions il compte prendre dans le domaine de l'éducation notamment pour mieux former les élèves.
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Réponse du Secrétariat d'État, auprès du Premier ministre, chargé du numérique publiée le 11/10/2018
En décembre 2017, le Secrétaire d'État auprès du Premier Ministre, chargé du Numérique, M. Mounir Mahjoubi, a lancé l'élaboration d'une stratégie nationale pour un numérique inclusif dont l'objectif est d'accompagner les 13 millions de Français qui sont en difficulté face au développement toujours plus rapide des technologies et usages numériques. Dans ce cadre, le Gouvernement, les associations d'élus partenaires, les collectivités et les acteurs locaux, publics ou privés, se sont engagés à élaborer conjointement une feuille de route dont l'objectif est clair : favoriser ou permettre l'acquisition de compétences numériques de base pour tous. Un rapport a été remis le 28 mai 2018 à M. Mounir Mahjoubi, qui explicite les recommandations de l'ensemble des parties prenantes pour la mise en place de stratégies d'inclusion numérique (disponible à l'adresse suivante : https://rapport-inclusion.societenumerique.gouv.fr/). Ce travail a permis la création par la Mission société numérique de deux plateformes en ligne, pour aider au déploiement dans les territoires de dispositifs inclusifs. Une première plateforme qui outille les aidants numériques (ceux qui sont en contact direct avec ces publics en difficulté sans être des professionnels de l'accompagnement numérique) est disponible ici : https://kit-inclusion.societenumerique.gouv.fr/. Une deuxième plateforme accompagne les collectivités territoriales dans la mise en uvre de leur stratégie locale d'inclusion numérique en fournissant ressources, outils et bonnes pratiques : https://inclusion.societenumerique.gouv.fr/. Des dizaines de collectivités territoriales portent aujourd'hui des initiatives en matière d'inclusion numérique. Ce second site a pour objet de les recenser et de les valoriser afin qu'elles puissent être reprises par d'autres. Aujourd'hui, la dynamique collective se poursuit et plusieurs axes de travail sont en cours : un travail est engagé autour de la généralisation du pass numérique, comme annoncé par le Président de la République à Sarliac, le 19 juillet 2018. Ce dispositif permet à la population d'accéder gratuitement à un accompagnement au numérique, sous forme d'ateliers, dans des lieux labellisés et de qualité. L'État financera l'amorçage du dispositif à hauteur de 10 millions d'euros. Les collectivités locales et les opérateurs sociaux seront partenaires de son financement et de sa distribution. Un travail est également mené pour accompagner la mobilisation des acteurs dans les territoires pour structurer l'offre de la médiation numérique et donner des capacités supplémentaires aux acteurs en présence. La Banque des Territoires a lancé un appel à projet de 5 millions d'euros ayant pour objectif de faire émerger des centres de ressources, « hubs territoriaux », en capacité d'animer et de faire monter en compétences les réseaux de la médiation numérique. En complément de l'engagement des collectivités et des opérateurs sociaux, des entreprises privées se mobilisent pour apporter un soutien financier et humain au dispositif, ou en mobilisant leur écosystème associatif partenaire. Afin de coordonner les actions et de créer des outils communs, une instance nationale partenariale a été créée, regroupant l'État, les collectivités locales, les acteurs de l'inclusion et les grands partenaires privés. Enfin, pour accompagner les populations trop éloignées qui ne pourront être formées, un travail est mené pour former les aidants et médiateurs numériques à un accompagnement personnalisé. Services civiques et travailleurs sociaux sont les premiers concernés. En parallèle, il convient d'assurer à tous un accès à une connexion de qualité en fixe ou en mobile et cela passe par le déploiement des infrastructures pour soutenir le plan THD et le plan mobile qui fait l'objet d'une attention toute particulière de la part du Gouvernement, aux côtés des collectivités et acteurs locaux.
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