Question de Mme DUMAS Catherine (Paris - Les Républicains) publiée le 09/08/2018

Mme Catherine Dumas interroge M. le ministre d'État, ministre de l'intérieur sur la situation préoccupante (trafics, nuisances et insécurité) aux abords de la Porte de la Chapelle (Paris-18ème), notamment sur le site désormais baptisé « Colline du crack ».
Elle rappelle que malgré une vaste opération de démantèlement opérée par les services de l'État le 27 juin 2018, un squat d'une centaine de toxicomanes s'est réinstallé aux portes de la capitale, entre le périphérique parisien et l'embranchement de l'autoroute A1.
Elle souligne que les riverains du quartier ont assisté, sans réaction efficace des services de police, à un retour en force des crackers et des dealers, avec son cortège de nuisance et d'insécurité, notamment l'agression médiatisée d'une automobiliste qui a reçu un pavé à travers sa vitre de voiture.
Elle souhaite relayer les demandes exprimées par les élus locaux (conseillers du 18ème arrondissement, mairie de Paris, conseil régional d'Île-de-France) pour qu'un plan concerté et pérenne (policier, sanitaire, judiciaire) soit mis en place sous l'autorité et la coordination de l'État pour garantir la sécurité des riverains et le retour à une zone de droit effective.
Elle adhère à la préoccupation exprimée par son collègue député du 18e arrondissement de Paris pour que le renforcement attendu d'une présence policière sur la zone, en surface, n'engendre pas, comme cela a déjà été constaté, un déplacement du problème vers les stations voisines du métro.
Elle souhaite donc connaître le calendrier et les moyens que l'État compte mobiliser pour lutter, rapidement et efficacement, contre la recrudescence du deal et de la consommation de crack dans ce secteur très fréquenté de Paris (riverains, automobilistes, touristes en transfert vers l'aéroport CDG…).

- page 4095

Transmise au Ministère de l'intérieur


Réponse du Ministère de l'intérieur publiée le 07/03/2019

Situé Porte de la Chapelle, entre le périphérique et le boulevard Ney, face à la station essence « BP », le secteur dit « Colline au Crack » est un lieu de rassemblement des usagers de crack. Ce site, formé par les interstices du périphérique, est le plus souvent occupé par des personnes sans domicile fixe qui dorment dans des tentes de fortune. On note aussi la présence de dealers de passage, qui se font appeler « modous ». À la suite d'une première évacuation en septembre 2017, le campement s'était reconstitué dans son intégralité, et la fréquentation de ce site, devenu un important et régulier lieu de consommation de stupéfiants et d'activités de prostitution, s'effectuait dans des conditions mettant en péril l'hygiène et la sécurité des riverains et des occupants. Ces derniers qui déambulaient sur le bas-côté mais aussi sur la chaussée du boulevard périphérique, généraient un danger accidentogène, pour eux-même et pour autrui. Compte tenu de l'ensemble de ces troubles majeurs à l'ordre public, le préfet de police a pris la décision de procéder à l'évacuation de ce campement sauvage. Cette opération, qui s'est déroulée le 27 juin 2018 sans incident, a été menée en partenariat avec la préfecture de la région d'Île-de-France (PRIF), la ville de Paris et les acteurs associatifs. Sur un total de 53 personnes recensées sur le site, 42 se sont vues proposer une solution d'hébergement provisoire en Île-de-France et ont pu bénéficier d'un diagnostic social et sanitaire. Les regroupements s'étant reconstitués dans une forme différente, la préfecture de police (PP) a mis en place un dispositif de sécurisation à la Porte de la Chapelle, afin d'éviter une nouvelle occupation du domaine public sans autorisation, et garantir la sécurité des riverains, mais aussi pour lutter et agir efficacement contre les trafics. Face à l'ampleur du phénomène du crack à Paris, un objectif thématique spécifique a été ajouté au plan spécifique de lutte contre les trafics de stupéfiants, mis en place à Paris et coordonné par la direction de la police judiciaire et associant la direction de sécurité de proximité de l'agglomération parisienne et direction du renseignement de la préfecture de police. En 2018, 48 opérations de sécurisation ont été menées dans le secteur. 977 interventions de police ont été effectuées et 205 individus interpellés pour trafic ou consommation de stupéfiants. La brigade anti-criminalité 18, à l'occasion de 12 opérations « colline », a interpellé 43 individus et saisi 334 grammes de crack, 5 grammes de cocaïne ainsi que 11 942 euros. L'action menée contre le crack dans le métro est axée principalement sur l'interpellation des vendeurs par les effectifs en civil et en tenue de la brigade des réseaux ferrés, assistés de patrouilleurs vidéo, et sur le traitement judiciaire renforcé des procédures. La nécessité d'une prise en compte spécifique et plus stricte de ce phénomène a conduit à l'installation par le Procureur de la République de Paris, le 21 février 2018, d'un groupe local de traitement de la délinquance propre au trafic de crack dans le métro. Afin d'obtenir des résultats sur le long terme, ces actions coercitives doivent obligatoirement être assorties de mesures sociales, sanitaires et d'accompagnement, les personnes concernées vivant le plus souvent dans une grande précarité. À cet égard, une task force opérationnelle a été mise en place au mois de novembre 2018 afin de coordonner les mesures mises en place, allant des maraudes à l'hébergement des personnes. Elle réunit, deux fois par mois, l'ensemble des acteurs : associations, État - direction régionale et interdépartementale de l'hébergement et du logement, Agence régionale de santé, PRIF, PP, ville de Paris. Elle est également habilitée à mobiliser l'ensemble des financements disponibles, notamment ceux issus du fonds interministériel pour la prévention de la délinquance et ceux de la RATP-CAARUD (Régie autonome des transports parisiens-Centre d'accueil et d'accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogues).

- page 1288

Page mise à jour le