Question de Mme GRÉAUME Michelle (Nord - CRCE) publiée le 12/10/2018
Question posée en séance publique le 11/10/2018
Mme Michelle Gréaume. Monsieur le président, mes chers collègues, ma question s'adresse à Mme la ministre des solidarités et de la santé.
Les lignes directrices de la future réforme des retraites ont enfin été dévoilées. En effet, votre projet de fusion des quarante-deux régimes actuels et de mise en place d'une retraite par points va réduire les pensions des travailleurs et repousser à soixante-trois ans, par un système de décote, l'âge de départ effectif à taux plein. (Mme la ministre des solidarités et de la santé fait un geste de dénégation.)
Ce sont les mécanismes de redistribution et de solidarité que vous remettez en cause, au profit d'une logique individualiste qui fait peser sur l'assuré tous les risques du montant de sa future pension.
Vous accédez par là aux vieux rêves du grand patronat et des marchés financiers d'en finir avec notre système de protection sociale, en livrant ce fabuleux magot des retraites aux intérêts privés. Car jamais les salariés n'auront le nombre de points nécessaires à un niveau de retraite digne. Ils seront donc poussés à recourir aux fonds de pension et à l'épargne privée, pour ceux qui en ont les moyens. Pour tous les autres, ce seront des pensions de misère.
En Suède, ce système par points a entraîné une baisse de 30 % du niveau des pensions.
À l'heure où la révolution numérique va détruire de nombreux emplois, et alors que plus de 1,5 million de seniors ne peuvent déjà ni prétendre à la retraite ni retrouver un travail, reculer l'âge de départ à taux plein est une aberration, un non-sens.
Oui, le système actuel de retraites est inégal et le niveau des pensions insuffisant. Toutefois, plutôt que de remettre en cause les principes de la sécurité sociale, pourquoi ne pas faire contribuer les revenus financiers des entreprises, sans oublier les créations d'emplois et les hausses de salaire, qui sont le cœur du financement de notre protection sociale ? C'est cela, une politique progressiste ! (Applaudissements sur les travées du groupe communiste républicain citoyen et écologiste, ainsi que sur des travées du groupe socialiste et républicain.)
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Réponse du Ministère des solidarités et de la santé publiée le 12/10/2018
Réponse apportée en séance publique le 11/10/2018
Mme Agnès Buzyn, ministre des solidarités et de la santé. Madame Gréaume, la réunion qui s'est tenue hier au ministère de la santé, en présence de Jean-Paul Delevoye et des représentants des organisations syndicales, a eu lieu dans un climat de grande confiance. Les propositions avancées à d'issue de cette réunion par le Haut-Commissaire à la réforme des retraites ont été particulièrement appréciées par les organisations syndicales, car elles étaient le reflet d'une très longue concertation celle-ci a duré six mois , au cours de laquelle un certain nombre de questions ont été posées.
Aucune organisation syndicale n'a osé tenir les propos que vous tenez dans cette assemblée, madame la sénatrice ! (Applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche et du groupe du Rassemblement Démocratique et Social Européen, ainsi que sur des travées du groupe Les Républicains.)
M. Jean-François Husson. Très bien !
Mme Éliane Assassi. Écoutez donc ceux qui sont descendus dans la rue !
Mme Agnès Buzyn, ministre. À aucun moment, n'a été remis en cause le système universel de retraite par points, avec une part importante dédiée à la solidarité. Et toutes les organisations syndicales ont reconnu que nous couvrions de nouvelles solidarités, inexistantes dans le système actuel.
À aucun moment, ainsi que le Président de la République s'y était engagé, il n'a été question de reculer l'âge de départ à la retraite.
Les partenaires sociaux ont tous reconnu que ce mode de concertation avait été particulièrement fructueux et qu'il permettait d'engager une nouvelle phase de questionnement sur la gouvernance du futur système et les modalités de transition avec le système actuel.
Nous avons rassuré sur le fait qu'aucune personne actuellement à la retraite ne serait touchée par la réforme, ni aucune personne qui partirait à la retraite dans les cinq ans suivant la promulgation de la loi.
Nous avons enfin acté que cette réforme aurait besoin d'un temps de transition long, de façon à s'adapter aux situations particulières. (Applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche, ainsi que sur des travées du groupe du Rassemblement Démocratique et Social Européen et du groupe Union Centriste.)
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