Question de M. HASSANI Abdallah (Mayotte - LaREM) publiée le 17/10/2018
Question posée en séance publique le 16/10/2018
M. Abdallah Hassani. Je m'associe au message de solidarité adressé à nos deux collègues de l'Aude et à la population de ce département.
Monsieur le ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse, les premiers résultats d'une évaluation nationale montrent qu'un quart des élèves, au début du cours préparatoire, ont des difficultés à reconnaître les lettres et les sons qui leur sont associés. Ils ont besoin d'un renforcement de leurs compétences pour bien entrer dans l'apprentissage de la lecture et de l'écriture.
En début de CE1, 8 % des élèves ont des difficultés à reconnaître les nombres dictés, 30 % lisent moins de trente mots par minute, alors que l'objectif national est de cinquante mots par minute. Un élève sur deux a des difficultés en calcul mental.
Parmi les causes de ces fragilités, les difficultés sociales et familiales semblent tenir une place importante. Aussi sera-t-il particulièrement intéressant de connaître les résultats de mon département, Mayotte, comme ceux d'autres territoires ultramarins.
Ainsi, à Mayotte, plus de 80 % de la population vit sous le seuil de pauvreté. Le nombre de naissances est tel qu'il faudrait créer une classe par jour. Enfin, 30 % des enfants de plus de trois ans n'ont pas accès à la maternelle, alors que le shimaoré ou le shibushi est la langue du foyer.
Ces premiers résultats nationaux sont cohérents avec ce que nous indiquent d'autres enquêtes. Pourriez-vous nous préciser, monsieur le ministre, ce qu'apporte cette évaluation, qui concerne des élèves en tout début de scolarité, et quelles suites vous entendez lui donner, dans un esprit de dialogue avec les enseignants et les parents ? (Applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche.)
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Réponse du Ministère de l'éducation nationale et de la jeunesse publiée le 17/10/2018
Réponse apportée en séance publique le 16/10/2018
M. Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse. Monsieur le sénateur Abdallah Hassani, je vous remercie de votre question, qui me permet de compléter les propos que j'ai tenus tout à l'heure et de mettre l'accent sur cette période si importante des premières années de la vie, qui est notamment celle de l'entrée des enfants dans les savoirs fondamentaux.
Ce sujet est bien entendu au cur des priorités qui sont les miennes, à savoir l'élévation du niveau général et la justice sociale, les deux étant complètement liées.
Atteindre ces objectifs passe par une série de dispositions : le dédoublement des classes de CP et de CE1 en REP et en REP+, ainsi que des mesures pédagogiques. Pour appuyer la pédagogie, pour donner des outils aux enseignants, nous avons évidemment besoin d'évaluations de début d'année, ce que l'on appelle des « évaluations-diagnostics ».
Ces évaluations, conçues par des scientifiques, contribuent à placer la France en tête de ce qui se fait de mieux sur le plan international. Elles permettent d'avoir une image complète, à 360 degrés, des compétences d'un enfant au début du CP et du CE1. C'est ainsi que nous disposons aujourd'hui, pour chacun des 1,6 million d'élèves du CP et du CE1, d'un portrait pédagogique, au service à la fois du professeur et des parents. Il s'agit d'un outil de communication entre le professeur et les parents ainsi, évidemment, que d'un élément de pilotage pédagogique de la classe par le professeur.
Ce portrait est précis et constitue un outil très moderne pour nos enseignants. Ils le ressentent ainsi, c'est pourquoi ils ont fait passer ces évaluations, malgré certaines critiques qui ont pu émerger. C'est un outil de lutte contre les inégalités sociales, contre l'échec scolaire, notamment parce que l'évaluation intervient tôt, à six ans et à sept ans. Ces évaluations apportent des éléments beaucoup plus intéressants que des enquêtes internationales qui nous apprennent que le niveau des élèves de quinze ans est insuffisant, car il est alors trop tard. Nous nous donnons les moyens d'agir ! (Applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche, ainsi que sur des travées du groupe Union Centriste et du groupe du Rassemblement Démocratique et Social Européen.)
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