Question de Mme DARCOS Laure (Essonne - Les Républicains) publiée le 28/11/2018
Question posée en séance publique le 27/11/2018
Mme Laure Darcos. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'action et des comptes publics.
Un an et demi après l'avènement du « nouveau monde », les Français sont désespérés, exaspérés ! Bien sûr, vous héritez d'un passif lourd (Protestations sur les travées du groupe socialiste et républicain.), mais 73 % d'entre eux ont le sentiment que leur situation s'est dégradée et qu'ils sont injustement pénalisés. Chez les retraités, ce chiffre atteint du jamais vu : 94 %. Et ils se sentent, de surcroît, méprisés, traités de « Gaulois réfractaires » ou de « fainéants ».
Les classes populaires et moyennes sont accablées par l'impôt : hausse de la CSG pour les retraités, hausse de la fiscalité énergétique, baisse des aides au logement, si bien que la France est championne du monde des impôts et des taxes ! Ce matraquage n'est plus compris, d'autant qu'il est inefficace, puisque la dette publique continue de s'envoler, sans créer d'amélioration. Les territoires sont abandonnés, désertés par les services publics et de santé, les commerces et les transports. Et ensuite, on explique qu'il nous faut renoncer à la voiture, on surtaxe le carburant, on parsème les routes de radars qui ont généré près de 2 milliards d'euros de recettes en 2017.
Vous étranglez financièrement les collectivités à coups de réductions des dotations, faisant porter sur les maires la responsabilité d'arbitrer des hausses de fiscalité. Vous êtes durs avec les Français ! La voilà la réalité. Votre politique est injuste et illisible. Pis, elle déconsidère, aux yeux des gens, la parole politique elle-même.
La France qui travaille souffre : elle peine à boucler les fins de mois, elle peine à payer la cantine scolaire des enfants, elle peine à se nourrir correctement, à se loger dans le parc social, et elle peine à affronter les accidents de la vie. Depuis ce week-end, cette phrase est sur toutes les lèvres : « Les élites parlent de fin du monde, quand nous, on parle de la fin du mois. » (M. David Assouline s'exclame.)
Ma question sera simple, monsieur le ministre : quand votre gouvernement va-t-il enfin passer de l'idéologie à la réalité ? Allez-vous enfin entendre la souffrance qu'expérimentent les Français, y compris ceux qui vous avaient fait confiance et qui ne croient plus en rien ? (Très bien ! et applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains et sur des travées du groupe Union Centriste.)
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Réponse du Ministère de l'action et des comptes publics publiée le 28/11/2018
Réponse apportée en séance publique le 27/11/2018
M. Gérald Darmanin, ministre de l'action et des comptes publics. Madame la sénatrice Laure Darcos, c'est un sujet grave et important que vous évoquez. Finalement, c'est la question de la réussite du quinquennat du Président de la République
M. Bruno Sido. Oui !
M. Gérald Darmanin, ministre. nous souhaitons tous, je n'en ai aucun doute, que la France réussisse durant ces cinq ans à l'égard d'un peuple qui souffre et qui, vous l'avez dit, connaît trop de taxes, trop de dépenses publiques et par ailleurs trop de dettes.
Avouez-le avec moi vous l'avez dit, et ce n'est pas qu'un passif récent , de nombreux gouvernements depuis quarante ans, c'est-à-dire, permettez-moi de vous le dire, avant la naissance du Président de la République lui-même (Rires ironiques sur les travées du groupe Les Républicains.),
M. Philippe Dallier. Et avant la vôtre, monsieur le ministre !
M. Gérald Darmanin, ministre. la France, sous diverses majorités et pour des raisons très différentes, a présenté des projets en déséquilibre. (Protestations sur les travées du groupe Les Républicains et sur des travées du groupe Union Centriste.)
Madame la sénatrice, permettez-moi de vous dire que vous m'appelez, et à travers moi le Gouvernement, à la cohérence, c'est-à-dire à baisser les impôts. J'y suis très favorable, et pour cela, il faut baisser la dépense publique. Et j'y suis très favorable.
M. Martial Bourquin. Et l'ISF ?
M. Gérald Darmanin, ministre. D'ailleurs, je m'enorgueillis de présenter, sous l'autorité du Premier ministre, un projet de loi de finances et un projet de loi de financement de la sécurité sociale qui prévoient 0 % d'augmentation de la dépense publique c'est la première fois depuis vingt et un ans, madame la sénatrice.
Permettez-moi, et n'y voyez aucune espèce de mépris de ma part (Protestations sur les travées du groupe Les Républicains.), de vous appeler, dans le débat parlementaire, à la même cohérence. J'ai suivi la discussion avec Olivier Dussopt, mais en regardant bien les horaires de présence, j'ai constaté que j'ai été présent aux deux tiers des débats parlementaires en commission et dans cet hémicycle. (Vives protestations sur les travées du groupe Les Républicains et sur des travées du groupe Union Centriste.)
J'ai suivi, madame la sénatrice, vos propositions. Qu'a proposé la majorité sénatoriale ? Moins d'impôts ? Non ! Vous avez proposé de taxer les complémentaires. (Mêmes mouvements sur les mêmes travées.)
M. Alain Milon. Non ! Ce n'est pas vrai.
M. Gérald Darmanin, ministre. Si !
Vous avez proposé d'augmenter de 600 millions d'euros les dépenses autour de la famille. Madame la sénatrice, je suis d'accord, soyons cohérents ensemble ! (Applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche. Rires narquois sur les travées du groupe Les Républicains.)
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