Question de M. GREMILLET Daniel (Vosges - Les Républicains) publiée le 01/11/2018
M. Daniel Gremillet interroge M. le ministre de l'agriculture et de l'alimentation, face à l'augmentation des attaques de scolytes qui menacent les forêts d'épicéas dans le quart nord-est de la France, sur les moyens à mettre en place pour exploiter d'urgence les forêts touchées et sur les moyens qui seront mis en œuvre pour leur replantation.
Les forêts d'épicéas des départements de la région Grand Est et des régions limitrophes (Bourgogne Franche-Comté, Hauts-de-France, Wallonie, Rhénanie-Palatinat
) sont victimes d'attaques de scolytes en raison des conditions météorologiques exceptionnellement chaudes et sèches de cet été et d'un automne très doux favorisant leur propagation. La moitié nord de la France est entrée en phase épidémique particulièrement dans les plaines et les zones montagneuses de basse altitude.
Ces insectes attaquent des épicéas affaiblis avec des conséquences souvent fatales pour l'arbre mais aussi des risques de propagation bien réels. Dessèchement de la cime (jaunissement/roussissement des aiguilles), présence, au niveau de l'écorce, de multiples petits trous de forage avec présence de sciure et écoulements de résine voire des décollements d'écorce pouvant être constatés dans les stades plus avancés de l'attaque.
Les conséquences tant pour les propriétaires privés que publics sont très préoccupants. Nous ne sommes pas loin de parler d'une situation de crise sanitaire. En Grand Est, les chiffres actuels (sujets à évolution) montrent que 30 % de la récolte annuelle d'épicéas sont touchés et qu'il faut compter une perte de 20 à 50 euros par m³ à laquelle s'ajoute une perte de valeur commerciale liée à leur exploitation prématurée.
Une fois les épicéas scolytés détectés, des méthodes et des précautions sont à prendre en vue d'éviter l'apparition et la diffusion des ravageurs et des maladies. Ce sont des mesures simples à appliquer, de moindre coût et souvent efficaces : abattage, évacuation dans des délais plus courts afin de freiner la prolifération, écorçage.
Cette crise sanitaire concerne aussi des pays voisins (Belgique, Allemagne, Suisse) et son impact sur le marché du bois reste encore à évaluer dans les prochaines semaines mais sera bien évidemment conséquent à cause de l'afflux important de matière scolytée, des nuisances à sa commercialisation, des distances par rapport aux scieurs de la filière notamment pour les épicéas de la plaine du nord de la région.
Le nombre d'arbres concernés devrait continuer d'augmenter au cours des prochains jours et des prochaines semaines. De fait, cette épidémie de scolytes entraîne le besoin d'exploiter et de transformer en priorité ces bois au détriment d'autres bois déjà payés par les clients. Dès lors les besoins en trésorerie sont augmentés tant pour la propriété privée que publique.
Aussi, il demande au Gouvernement de bien vouloir lui indiquer quelles mesures l'État peut mettre en œuvre afin d'accompagner les acteurs privés et publics de la filière, dont les maires, qui se trouvent confrontés à cette épidémie à savoir, outre des aides à la trésorerie et aux cautionnement des achats, des moyens pour le stockage des bois scolytes ; un traitement systématique des piles de bois en bordure de route, une simplification des procédures réglementaires pour permettre la sortie des bois dans les zones à enjeux environnementaux, une autorisation de dérogation à 57 tonnes d'autorisation de poids roulant autorisé sur les itinéraires de transport des bois ronds et la possibilité de rejoindre ces itinéraires à partir des massifs forestiers, une priorisation des aides à la replantation des forêts touchées quels que soient les propriétaires et en appelle à la mobilisation de l'État pour la région Grand Est.
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Réponse du Ministère de l'agriculture et de l'alimentation publiée le 20/12/2018
La sécheresse de l'été 2018 et l'automne ont été propices à un fort développement de scolytes dans les forêts d'épicéas, dans des proportions exceptionnelles, particulièrement dans les plaines et les zones montagneuses de basse altitude du Nord-Est de la France. Le suivi de la propagation du phénomène est assuré par le département santé des forêts du ministère de l'agriculture et de l'alimentation, fort de son réseau de correspondants observateurs sur le terrain et de ses experts. Consciente de l'ampleur du phénomène, la filière s'organise en prenant dès à présent des mesures de priorisation des exploitations de bois. Cela permet de rationaliser les moyens et de limiter la saturation des marchés. Le ministère chargé de l'agriculture est attentif à la situation et à son évolution. Il reste difficile de prédire à ce stade l'intensité des dommages au printemps 2019. Le ministère chargé de l'agriculture a financé un état des lieux complet par télédétection des surfaces scolytées à l'entrée de l'hiver et au début du printemps sur les deux régions, Grand-Est et Bourgogne Franche-Comté. Les éléments seront disponibles début janvier 2019, l'état des lieux complet début février, à compléter par une nouvelle cartographie au printemps. La cartographie produite et partagée avec l'ensemble de la filière permettra d'orienter les exploitations forestières pour que les bois scolytés soient sortis prioritairement de la forêt avant la reprise des activités des insectes au printemps. Enfin, sur la base de la progression ou non des foyers de scolytes au début du printemps et au regard du marché, il sera étudié si des mesures doivent être mises en place, notamment par l'État, en complément de celles déjà engagées par les acteurs de la filière. L'autorisation de dérogation de poids roulant de 57 tonnes sur les itinéraires de transport des bois ronds relèverera le cas échéant des conseils départementaux.
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