Question de M. ADNOT Philippe (Aube - NI) publiée le 29/11/2018
M. Philippe Adnot attire l'attention de Mme la ministre des solidarités et de la santé sur les modalités du dépistage du cancer du col utérin. Avec 3 000 nouveaux cas de cancers diagnostiqués et plus de 31 000 lésions précancéreuses détectées chaque année, le cancer du col de l'utérus figure au onzième rang des cancers féminins. Pourtant, pour dépister cette pathologie, l'institut national du cancer et les biologistes médicaux réclament à la direction générale de la santé l'adoption du test HPV en remplacement du frottis cervico-utérin dont les limites sont désormais bien connues.
Près de 192 000 femmes seront ainsi exposes à un risque de perte de chance si la technique actuellement privilégiée l'emporte sur le test HPV (test moléculaire de recherche des papillomavirus oncogènes). Dans ce contexte, il lui demande si elle est prête à accepter ce risque qui s'accroît chaque jour qu'est remise à plus tard l'introduction du test HPV lequel, selon les professionnels, ne rencontre aucun obstacle scientifique ni organisationnel.
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Réponse du Ministère des solidarités et de la santé publiée le 21/02/2019
Le cancer du col de l'utérus est le plus souvent consécutif à une infection par voie sexuelle par le papillomavirus humain (HPV). Cette infection très fréquente persiste dans 10 % des cas et entraîne des lésions précancéreuses du col qui peuvent évoluer vers un cancer dix à quinze ans après l'infection. En France, le cancer invasif du col utérin, avec une incidence d'environ 3 000 nouveaux cas estimés en 2012, est au onzième rang des cancers féminins et au douzième rang des décès par cancers féminins (1,7 %). Les taux d'incidence et de mortalité de ce cancer diminuent, ce qui est expliqué par une amélioration des conditions d'hygiène pour les générations les plus anciennes et par le dépistage individuel qui s'est développé dans les années 1960, pour les plus jeunes. Un test de dépistage, le frottis cervico-utérin (FCU), permet en effet la détection et le traitement de lésions cancéreuses et précancéreuses. Les recommandations françaises par la Haute autorité de santé (HAS) sont un FCU tous les trois ans après deux FCU successifs normaux pour les femmes entre 25 et 65 ans. Le dépistage organisé du cancer du col de l'utérus, première action du plan cancer 2014-2019, a été généralisé par un arrêté du ministère de la santé en date du 4 mai 2018. Les femmes entre 25 et 65 ans qui n'ont pas réalisé de FCU depuis trois ans vont être invitées à faire pratiquer ce dépistage gratuitement. Le test HPV a des performances supérieures au FCU dans un programme de dépistage organisé à condition que le test soit réalisé à partir de l'âge de 35 ans, à intervalles de cinq ans et non trois ans comme pour le FCU auquel les professionnels sont habitués. Si le test HPV est réalisé trop souvent, il y a un risque de sur-diagnostic et donc de sur-traitement des femmes, surtout les plus jeunes, avec des conséquences sur la fertilité. Des travaux sont en cours dans la perspective d'utiliser le test HPV dans le cadre de ce programme national organisé dès que les conditions techniques seront réunies, notamment les recommandations de la HAS sur l'utilisation de ce test en dépistage organisé. La principale cause de mortalité par cancer du col de l'utérus est la non-réalisation de dépistage quel qu'il soit. Il a donc été jugé préférable de débuter le programme avec le FCU dès 2018 de façon à ne pas faire perdre de chance aux femmes qui n'y ont pas accès actuellement, particulièrement les femmes de conditions socio-économiques défavorisées qui réalisent moins souvent ce test.
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