Question de M. JACQUIN Olivier (Meurthe-et-Moselle - SOCR) publiée le 12/04/2019
Question posée en séance publique le 11/04/2019
M. Olivier Jacquin. J'habite depuis toujours à douze kilomètres des fonderies de Pont-à-Mousson, qui tournent depuis plus de 150 ans. Elles font partie de notre identité et sont une fierté collective, d'abord pour les 2 000 salariés du groupe et leur savoir-faire mondialement reconnu, puisque l'on trouve partout les canalisations en fonte ductile et les fameuses plaques d'égout. Or Saint-Gobain s'apprête à lâcher le fleuron Pont-à-Mousson !
Madame la secrétaire d'État, vous venez de nous confirmer que la cession était possible, mais aussi que la filière relevait bien d'une activité pouvant être considérée comme stratégique. Vous venez aussi de nous dire que vous nous recevrez après votre rendez-vous avec le PDG du groupe Saint-Gobain et qu'alors seulement, vous nous donnerez plus d'informations. Je vous remercie de nous rencontrer de manière unitaire, mais je suis le quatrième parlementaire à vous interroger sur le sujet cette semaine, et votre réponse demeure insatisfaisante. Car c'est bien vous qui définissez la politique industrielle de la France.
Je vous demande donc quelles sont vos lignes rouges et claires sur ce dossier, en amont de ce rendez-vous. Quelles informations quant à la santé financière du groupe Saint-Gobain justifiant qu'il se sépare du site de Pont-à-Mousson avez-vous ?
Par ailleurs, vous disposez de leviers, ici et avec les fonds européens, pour contribuer à une modernisation et éviter une délocalisation désastreuse pour notre économie, pour l'emploi, pour le pays, et empêcher ainsi la perte des brevets et des savoir-faire historiques de la fonderie.
La Lorraine a déjà beaucoup trop payé pour la désindustrialisation. Merci de nous rassurer ! (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain.)
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Réponse du Secrétariat d'État auprès du ministre de l'économie et des finances publiée le 12/04/2019
Réponse apportée en séance publique le 11/04/2019
Mme Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d'État auprès du ministre de l'économie et des finances. Monsieur le sénateur, votre question, à la suite de celle de M. Husson, est emblématique de la mobilisation des élus du territoire, quelle que soit leur famille politique. Je vous en remercie, car nous devons effectivement avancer unis et de manière déterminée.
Mais je veux également le rappeler il n'est pas question de délocalisation. Nous parlons de la situation d'un site qui vient de bénéficier d'un engagement d'investissement de plus de 100 millions d'euros et qui est en train de recruter quatre-vingts emplois supplémentaires. Je pense donc qu'il faut replacer le sujet dans son juste positionnement. Il est question d'une possible ouverture de capital, pas d'une délocalisation : cette possible ouverture de capital a vocation à permettre au site de trouver son équilibre financier.
Vous vous inquiétez de la situation du groupe Saint-Gobain. Comme je l'ai indiqué, le site a effectivement perdu 50 % de ses parts de marché. L'enjeu pour nous, notre responsabilité vis-à-vis des salariés et de leur famille, c'est de faire en sorte que l'activité soit durable et pérenne, parce que compétitive.
Vous avez raison : c'est l'un des derniers sites de production de canalisations en Europe. C'est probablement un atout, de même que la présence de savoir-faire anciens et d'un certain nombre d'avances technologiques par rapport aux concurrents indiens et chinois.
C'est tout l'enjeu de la discussion qui va s'ouvrir maintenant avec M. de Chalendar et d'autres parties. Notre ambition est de faire du site la plaque de production pour l'ensemble de l'Europe de ces fameuses canalisations et bouches d'égout que vous évoquiez.
Nous sommes engagés dans cette direction. Bien entendu, nous avancerons dans la plus parfaite transparence avec les élus, mais également avec les organisations syndicales. Nous devons voir l'enjeu de compétitivité avec elles. (Applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche.)
M. le président. La parole est à M. Olivier Jacquin, pour la réplique.
M. Olivier Jacquin. Madame la secrétaire d'État, ne jouez pas sur les mots : le risque de délocalisation, il est à terme !
En entendant votre réponse, je m'interroge. Y a-t-il un pilote dans l'avion ?
Ma question était : quelle est la vision stratégique pour cette filière ? Quel projet industriel avec un mémorandum qui engage peut-on bâtir pour préserver l'emploi ?
M. le président. Il faut conclure !
M. Olivier Jacquin. Nous ne voulons pas d'un accord capitalistique avec les Chinois ou d'autres qui dépouillerait les salariés, le territoire et la France. (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain et du groupe communiste républicain citoyen et écologiste.)
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