Question de M. MARCHAND Frédéric (Nord - LaREM) publiée le 29/05/2019
Question posée en séance publique le 28/05/2019
M. Frédéric Marchand. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'économie et des finances.
Le groupe Renault a annoncé, ce lundi 27 mai, avoir reçu une proposition de Fiat Chrysler Automobiles, FCA, concernant une potentielle fusion à parité.
Renault a fait savoir que son conseil d'administration avait décidé d'examiner avec intérêt l'opportunité d'un tel rapprochement, qui, en cas de fusion, ferait de la nouvelle entité le troisième groupe automobile mondial, et même le premier en y ajoutant le tandem Nissan-Mitsubishi.
L'idée est bien évidemment d'unir ses forces et de profiter de synergies considérables et indéniables, alors que le secteur automobile doit investir massivement dans la voiture électrique, connectée et autonome. En cumulé, le nouveau groupe réaliserait au moins 170 milliards d'euros de chiffre d'affaires, 10 milliards d'euros de résultat opérationnel et 8 milliards d'euros de résultat net. Les deux groupes sont bien placés sur des marchés complémentaires et espèrent aussi se renforcer sur de nouveaux secteurs géographiques.
Le secteur automobile est confronté à des défis majeurs, le véhicule autonome et la voiture électrique exigeant des investissements massifs. Seuls de grands ensembles industriels seront en capacité d'effectuer les investissements qui assureront les emplois de demain dans l'industrie automobile. Cette fusion peut permettre à Renault-Nissan et à FCA de constituer un champion européen compétitif, avec des bases européennes.
En matière de véhicules, c'est une nouvelle ère qui commence, avec la fin programmée des moteurs thermiques en France d'ici à 2040. À cet effet, Renault a déjà investi l'an dernier un milliard d'euros dans les usines de Douai et de Maubeuge, où est fabriquée la Kangoo électrique. Le groupe fusionné pourrait devenir le leader mondial dans un secteur en pleine évolution, avec un fort positionnement dans les nouvelles technologies.
Si cette fusion peut permettre de relever les défis de demain dans le secteur automobile, elle soulève aussi des questions. J'en vois deux, essentielles : ce projet de fusion représente-t-il une menace pour l'emploi et les intérêts de l'État ? Sa mise en œuvre aurait-elle une incidence sur l'alliance Renault-Nissan ? (Applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche.)
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Réponse du Ministère de l'économie et des finances publiée le 29/05/2019
Réponse apportée en séance publique le 28/05/2019
M. Bruno Le Maire, ministre de l'économie et des finances. Monsieur le sénateur, je partage votre analyse sur le secteur automobile. Avec la propulsion électrique, le stockage de l'énergie électrique, le véhicule autonome ou le véhicule connecté, il est confronté, en ce début de XXIe siècle, à des défis aussi importants que ceux qu'il a rencontrés au début du XXe siècle.
Pour garder une industrie automobile, il faudra que chaque nation investisse des dizaines de milliards d'euros. Nous ne pouvons pas le faire seuls. Une consolidation du secteur automobile est nécessaire partout dans le monde. De ce point de vue, l'offre de Fiat est une belle opportunité pour consolider notre champion industriel national automobile qu'est Renault. Nous veillerons donc à ce que les discussions se poursuivent de manière constructive entre Renault et Fiat.
Pour que cette opération puisse être menée à bien dans de bonnes conditions, j'ai demandé au président de Renault, Jean-Dominique Senard, d'apporter un certain nombre de garanties.
La première garantie concerne évidemment les sites industriels et les emplois industriels en France. Nous voulons qu'aucune fermeture de site industriel n'intervienne en France à la suite de cette fusion.
La deuxième garantie porte sur le maintien de l'alliance entre Renault et Nissan. Créée voilà vingt ans, cette alliance fonctionne bien, et nous voulons que la fusion s'inscrive dans ce cadre. La semaine dernière, j'ai eu un entretien avec mon homologue japonais sur cette question, au cours duquel nous avons réaffirmé notre volonté de renforcer l'alliance entre Renault et Nissan. Jean-Dominique Senard est aujourd'hui au Japon pour engager les discussions avec nos partenaires japonais.
La troisième garantie a trait à la gouvernance. Il faut évidemment que les intérêts de l'État, de la Nation française soient bien représentés au sein de la gouvernance de ce futur groupe.
Enfin, une dernière garantie concerne la nouvelle filière de batteries électriques franco-allemande et, demain, européenne que nous avons lancée. Nous souhaitons que le futur ensemble achète ces batteries électriques, afin de garantir le développement de cette filière.
Cette fusion peut être une belle opportunité pour notre industrie automobile, à condition que les garanties que je viens d'évoquer soient apportées. (Applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche.)
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