Question de M. MIZZON Jean-Marie (Moselle - UC) publiée le 30/05/2019

M. Jean-Marie Mizzon interroge M. le ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse sur la place de l'enseignement agricole dans le système éducatif actuel. Alors que le ministre de l'agriculture et de l'alimentation déclarait en janvier 2019 que l'enseignement agricole était au cœur de ses priorités, force est de constater que cette filière de formation est, aujourd'hui encore, bien méconnue des jeunes.
Et, aussi étonnant que cela puisse paraître, surtout dans un pays comme la France à la longue tradition agricole, cet enseignement qui prépare à plus de deux cents métiers dans de nombreux domaines demeure peu attractif envers et contre tout même si les chiffres – fournis par le ministère de tutelle - tendent à démontrer le contraire.
Ainsi, à l'heure actuelle, l'enseignement agricole, piloté par le ministère de l'agriculture et de l'alimentation, apparaît comme le second réseau éducatif français. Il fait partie du service public de l'éducation mais présente, notamment, des spécificités en termes de pédagogie ou encore de thématiques.
À ce jour, 806 établissements répartis sur l'ensemble du territoire, dont une majorité d'établissements privés sous contrat, accueillent 160 000 élèves de la 4è au brevet de technicien supérieur (BTSA), chiffre auquel s'ajoutent 35 000 apprentis.
40 % des formations proposées sont en lien avec la nature : agriculture, forêt, environnement, agroalimentaire, paysage, horticulture, viticulture. 30 % sont en lien avec les services à la personne et 30 % sont des formations générales et technologiques qui ouvrent sur une très large gamme de métiers.
Cette filière permet, en outre, d'intégrer l'enseignement supérieur agricole qui, avec douze écoles publiques, délivre des diplômes de vétérinaires, d'ingénieurs agronomes, de paysagistes ou encore de professeurs de l'enseignement agricole.
Enfin, la pédagogie y est très largement ouverte sur le monde avec des échanges européens et internationaux via le programme Erasmus et la coopération.
Dernière précision et non des moindres : l'enseignement agricole permet aux jeunes de trouver facilement un emploi au terme de leur scolarité.
Aussi le manque d'intérêt pour cette filière est-il d'autant plus incompréhensible et il lui demande pourquoi l'éducation nationale, qui peut mettre un terme à cet état de fait préjudiciable à maints égards pour notre pays, ne communique pas davantage sur l'enseignement agricole et ne valorise pas plus cette filière.

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Transmise au Ministère de l'agriculture et de l'alimentation


Réponse du Ministère de l'agriculture et de l'alimentation publiée le 15/01/2020

Réponse apportée en séance publique le 14/01/2020

M. Jean-Marie Mizzon. Monsieur le ministre, en janvier dernier, vous déclariez que l'enseignement agricole était au cœur de vos priorités. C'est une ambition que nous ne pouvons que partager.

Or, force est de constater que cette filière de formation, qui prépare à plus de deux cents métiers dans de nombreux domaines, demeure, hélas, peu attractive.

À l'heure actuelle, l'enseignement agricole, qui est piloté par votre ministère, mais qui fait partie du service public de l'éducation, est bien le deuxième réseau éducatif français. À ce jour, ce sont 806 établissements répartis sur l'ensemble du territoire qui accueillent 160 000 élèves de la classe de quatrième au brevet de technicien supérieur, chiffre auquel s'ajoutent quelque 35 000 apprentis.

Quelque 40 % des formations proposées sont en lien avec la nature – agriculture, forêt, environnement, agroalimentaire, paysage, horticulture, viticulture – et ouvrent sur une très large gamme de métiers ou permettent d'intégrer l'enseignement supérieur agricole, qui, avec douze écoles publiques, délivre des diplômes de vétérinaire, d'ingénieur agronome, de paysagiste ou encore de professeur de l'enseignement agricole.

Dernière précision, et non des moindres, l'enseignement agricole, très largement ouvert sur le monde, avec des échanges européens et internationaux via Erasmus et la coopération, permet aux jeunes de trouver facilement un emploi au terme de leur scolarité. Aussi la confidentialité entourant cette filière est-elle d'autant plus incompréhensible.

Ma question est donc simple : pourquoi, avec votre collègue de l'éducation nationale, ne communiquez-vous pas davantage et plus efficacement sur l'enseignement agricole et ne valorisez-vous pas plus cette filière auprès des jeunes ?

Mme la présidente. La parole est à M. le ministre.

M. Didier Guillaume, ministre de l'agriculture et de l'alimentation. Monsieur Mizzon, vous parlez d'or : l'enseignement agricole est un joyau, une pépite.

Laissez-moi vous expliquer comment nous communiquons. Lorsque j'ai été nommé à mon poste, j'ai immédiatement déclaré que la réussite de la transition agroécologique et l'avènement de nouvelles pratiques agraires passeraient par la formation.

Vous l'avez dit, nous avons plus de 800 lycées techniques agricoles, mais, depuis dix ans, le nombre d'élèves dans ces établissements diminuait sans cesse. J'ai voulu mettre fin à cette hémorragie.

C'est pourquoi, avec Jean-Michel Blanquer, l'année dernière, lors du Salon de l'agriculture, nous avons lancé une immense campagne, que nous avons baptisée « L'aventure du vivant », pour intéresser les jeunes. En effet, au lieu d'être un second choix, l'enseignement agricole doit devenir un primo-choix, que ce soit dans un lycée public, dans un lycée privé ou dans une maison familiale rurale – je ne fais pas de différence entre les trois familles d'établissements.

Cela a fonctionné. Alors que nous perdions environ 4 000 élèves par an, pour la première fois, cette année, nous avons enregistré 750 élèves en plus ; le delta est là.

L'enseignement agricole est devenu une force, parce que nous avons lancé une communication sur internet qui a été vue par 12 millions de personnes et parce que nous avons créé le site « L'aventure du vivant », que je vous invite à consulter. Vous avez raison, monsieur le sénateur, il y a plus de 200 métiers possibles à la clé. Vous l'avez compris, je suis un ardent défenseur de l'enseignement agricole et je suis fier d'avoir inversé la tendance.

Cette année, nous allons lancer au Salon de l'agriculture un tour de France des bus de « L'aventure du vivant ». Ces véhicules vont sillonner la France pour faire la promotion de l'enseignement agricole, en zone rurale comme dans les quartiers urbains.

Cet enseignement est une solution, car ses résultats aux examens et au baccalauréat sont très bons. Lorsque l'on entre dans un établissement de la filière enseignement agricole, on en sort avec une formation et un emploi. Que l'on soit fort ou moins fort à l'école, on peut être accueilli dans cet enseignement, la palette de nos formations permettant d'intégrer tout le monde, les élèves de la ruralité comme ceux des villes.

Monsieur le sénateur, je partage totalement votre enthousiasme. L'enseignement agricole – public, privé ou assuré par les maisons familiales rurales –, tous ses lycées, toutes ses formations constituent un vivier, pour que, demain, l'agriculture française soit résiliente, des jeunes venant s'installer pour travailler selon les principes de l'agroécologie.

Mme la présidente. La parole est à M. Jean-Marie Mizzon, pour la réplique.

M. Jean-Marie Mizzon. Monsieur le ministre, je ne vous surprendrai pas en disant que l'agriculture doit être accompagnée à tous les échelons, et singulièrement à celui de l'éducation et de la formation.

J'entends votre réponse. Vous me dites que la courbe est inversée et que les effectifs sont désormais en hausse. Je n'ai pas de raison d'en douter et je ne puis que vous encourager à poursuivre sur cette voie. Un premier pas a été accompli, et il faut maintenir l'effort, voire l'amplifier, pour que cette filière, qui débouche sur des emplois, soit traitée de la meilleure manière possible.

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