Question de M. PELLEVAT Cyril (Haute-Savoie - Les Républicains) publiée le 11/07/2019

M. Cyril Pellevat attire l'attention de M. le ministre d'État, ministre de la transition écologique et solidaire, sur la prévention des avalanches et la qualité des bulletins météorologiques.

À l'heure du réchauffement climatique, de nombreuses situations deviennent inédites et ne doivent plus être traitées en vase clos mais en prenant en compte l'intégralité des informations dont on peut disposer.

Dans le cas de la Haute-Savoie, la prévention des avalanches est au cœur des préoccupations des guides de montagne. Ces derniers ont besoin de bulletins météorologiques d'une qualité optimale.

À l'ère de la 5G et de la fibre à haut-débit, Météo France se doit d'être un outil précis dans la transmission d'informations. Il semblerait que la qualité des bulletins d'avalanche soit l'objet de critiques de certains acteurs référents du milieu de la montagne qui suggèrent une meilleure prise en compte de l'avis des acteurs de terrain.

C'est pourquoi il souhaite connaître ses intentions pour améliorer la qualité des bulletins dans le souci de prévenir au maximum les risques d'avalanches.

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Réponse du Secrétariat d'État auprès du ministre d'État, ministre de la transition écologique et solidaire publiée le 17/07/2019

Réponse apportée en séance publique le 16/07/2019

M. Cyril Pellevat. Madame la secrétaire d'État, Météo France est un établissement public administratif exerçant les attributions de l'État en matière de sécurité météorologique des personnes et des biens. À ce titre, il apporte son expertise technique aux services compétents de l'État. Mais peut-on encore parler d'expertise, au regard des failles systématiques dans les prévisions météorologiques annoncées par Météo France ? Telle est, madame la secrétaire d'État, la question qui inquiète les acteurs référents du milieu de la montagne.

Une menace de fermeture continue de planer sur les stations Météo France de Chamonix et Bourg-Saint-Maurice – mes collègues Loïc Hervé et Martine Berthet, ici présents, partagent mon inquiétude à cet égard. Le Gouvernement ne peut pas se permettre d'entretenir le flou autour de cette décision.

En effet, au-delà de leur fonction de prévision météorologique, les stations de Chamonix et Bourg-Saint-Maurice réunissent des agents qui disposent de la connaissance indispensable du territoire et de ses zones à risque, ainsi que de l'évolution des conditions nivologiques en période de crise en zone de montage. Le choix d'une approche centralisée au détriment d'une approche de proximité et celui de la confiance accordée aux capteurs automatiques au détriment de celle accordée aux salariés formés et expérimentés de Météo France nous inquiètent.

Les avalanches représentent un danger mortel pour les métiers de l'encadrement des sports de montagne. La faiblesse des outils de prévision et la perspective de la fermeture des stations Météo France laissent présager une recrudescence des accidents potentiellement mortels consécutifs à une avalanche dont la prévision n'aurait pas fait l'objet d'une diffusion préalable suffisante.

Les chiffres sont édifiants : on compte en moyenne vingt et un accidents mortels et trente décès par an ; plus de 80 % des accidents mortels touchent les activités de randonnée et de hors-piste. Vous conviendrez, madame la secrétaire d'État, que l'inquiétude des professionnels est légitime, et vous comprendrez que je la partage. Je la partage d'autant plus que j'ai échangé avec des guides de montagne ayant relevé des erreurs de prévision dépassant, selon leurs propres termes, le seuil de tolérance inévitable s'agissant d'une prévision.

Pierre Dac disait : « Les prévisions sont difficiles, surtout lorsqu'elles concernent l'avenir. » Je le lui concède… Toutefois, la qualité des bulletins météorologiques à destination des guides de montagne et des autres acteurs référents du milieu relève d'une mission de sécurité publique qui ne peut ni ne doit être sacrifiée sur l'autel du budget.

Depuis une dizaine d'années, le budget de Météo France consacré aux prévisions est en baisse : c'est alarmant, et il faut dès aujourd'hui en tirer les conséquences. À court terme, les professionnels de la montagne préfèrent aux prévisions de Météo France celles de nos voisins suisses ou belges. À plus long terme, se profile de manière inquiétante le risque d'un développement de sociétés météorologiques privées qui remettrait en question l'existence et la pertinence du service public de Météo France. Certaines entreprises monnaient déjà leur expertise, et la perspective que d'anciens salariés de Météo France rejoignent ces sociétés à but lucratif ne relève pas seulement de la fiction : cela force le constat d'un discrédit des services de l'État.

À l'heure de l'urgence climatique, la perte de précision des outils de Météo France n'est pas seulement une aberration : c'est un danger. Madame la secrétaire d'État, quelles mesures entendez-vous prendre pour remplir la mission qui est la vôtre d'assurer la sécurité des personnes et des biens, la sécurité de nos concitoyens ?

M. le président. La parole est à Mme la secrétaire d'État.

Mme Emmanuelle Wargon, secrétaire d'État auprès du ministre d'État, ministre de la transition écologique et solidaire. Monsieur le sénateur Cyril Pellevat, François de Rugy, qui ne peut être présent au Sénat ce matin, m'a chargée de vous répondre.

Vous souhaitez connaître nos intentions en matière d'amélioration de la qualité des bulletins de prévision des risques d'avalanche. Vous avez raison : l'enjeu est d'importance. Ainsi, lors de la dernière saison hivernale, soixante accidents d'avalanche ont été recensés, ayant entraîné le décès de treize personnes. Encore s'est-il agi d'une saison peu accidentogène : entre 2010 et 2018, les avalanches ont causé en moyenne trente décès par saison dans notre pays.

Météo France diffuse quotidiennement en saison hivernale des bulletins d'estimation des risques d'avalanche fournissant une information sur l'état du manteau neigeux et des risques. Ces bulletins, diffusés sur le site internet et l'application mobile de Météo France, sont produits à l'échelle de trente-six massifs pour les Alpes, les Pyrénées et la Corse.

Pour chaque massif, en complément de l'indice chiffré du risque d'avalanche, le bulletin contient des informations synthétiques sur la nature du risque attendu – départ spontané ou déclenchement par des skieurs potentiels – et sur la localisation des pentes les plus dangereuses. Ainsi, pour le département de la Haute-Savoie, trois bulletins sont diffusés, qui fournissent une information précise sur l'état du manteau neigeux et le risque d'avalanche dans les massifs du Mont-Blanc, des Aravis et du Chablais.

Ces bulletins sont rédigés par Météo France avec la contribution des observateurs du réseau nivo-météorologique et en partenariat avec l'Association nationale des maires des stations de montagne, Domaines skiables de France et l'Association nationale des directeurs de pistes et de la sécurité de stations de sports d'hiver.

Compte tenu des révolutions technologiques en cours, conduisant à multiplier les possibilités de recueil et de transmission d'informations tirées de sources nouvelles, nous avons demandé à Météo France d'engager, en concertation avec les partenaires déjà cités, mais également avec l'Association nationale pour l'étude de la neige et des avalanches, le Système national d'observation des sports de montagne, le Syndicat national des guides de montagnes, le Syndicat des moniteurs de ski et les représentants des usagers, une réflexion en vue d'accroître le partage d'informations avec les acteurs de terrain. À cet effet, un plan d'actions pour animer et pérenniser le réseau d'observateurs nivo-météorologistes sera établi d'ici à la fin de l'année.

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