Question de Mme JASMIN Victoire (Guadeloupe - SOCR) publiée le 06/02/2020
Question posée en séance publique le 05/02/2020
Mme Victoire Jasmin. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'éducation nationale.
Monsieur le ministre, je souhaite relayer ici les craintes des parents d'élèves et des enseignants de la Guadeloupe sur l'avenir de l'enseignement public. L'ensemble du système scolaire et universitaire y est désormais en danger, et les dernières annonces de votre gouvernement concernant la suppression de postes dans de nombreuses académies ont suscité l'émoi des parents d'élèves et des enseignants.
Par ailleurs, les déclarations inquiétantes d'un ancien ministre concernant la mutation secrète d'enseignants supposés pédophiles en outre-mer suscitent également l'émoi, la consternation et des interrogations au sein de la population.
Au moment où je vous parle, et ce depuis plusieurs semaines, 90 % des écoles et des établissements scolaires de l'archipel sont bloqués par un mouvement de grève.
Au-delà de la consternation des enseignants opposés à votre réforme des retraites, les revendications en Guadeloupe portent sur les moyens accordés par l'État dans le cadre des politiques éducatives mises en place sur le territoire.
Les conditions d'enseignement se dégradent considérablement. La qualité de l'apprentissage, ainsi que l'accompagnement des enfants en situation de handicap sont au cœur du mécontentement, amplifié par l'annonce récente de la suppression de 72 postes d'enseignants à la rentrée prochaine, après 86 suppressions en 2019 et 44 en 2018.
Une rencontre entre le recteur et les grévistes a eu lieu vendredi dernier, date d'un début de dialogue et de la présentation d'un moratoire. Néanmoins, l'inquiétude demeure face à la dégradation des conditions d'exercice et à la réduction drastique incompréhensible des moyens, notamment pour la prise en charge d'enfants en difficulté.
Monsieur le ministre, quelles mesures envisagez-vous pour les enfants en situation de handicap, et plus particulièrement pour répondre au moratoire sur les cinq ans à venir afin de garantir la qualité de l'enseignement et rassurer les parents d'élèves, la population et avant tout les enseignants ? (Applaudissements sur les travées du groupe SOCR. M. Guillaume Gontard applaudit également.)
Réponse du Ministère de l'éducation nationale et de la jeunesse publiée le 06/02/2020
Réponse apportée en séance publique le 05/02/2020
M. le président. La parole est à M. le ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse.
M. Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse. Madame la sénatrice Jasmin, je vous remercie de votre question. J'aurai le plaisir de vous recevoir dans deux heures avec les autres parlementaires guadeloupéens pour faire un point complet sur la situation de l'éducation en Guadeloupe. Je m'en réjouis parce que nous avons évidemment beaucoup de choses à nous dire sur le plan quantitatif, mais aussi sur le plan qualitatif.
Vous me posez plusieurs questions, auxquelles je vais essayer de répondre en deux minutes.
Je commencerai par l'aspect le plus émotionnel, c'est-à-dire les déclarations de Mme Royal sur la supposée mutation de personnes qui seraient pédophiles outre-mer. Je ne dispose d'aucun élément pour corroborer de tels propos. Je partage donc votre émotion et je suis complètement ouvert pour étudier, en toute transparence, les problèmes qui auraient pu se produire dans le passé auxquels fait référence Mme Royal. Cependant, je doute fort de la réalité d'une telle assertion ; soyons très attentifs à ne pas accorder un crédit excessif à ces déclarations, même si je suis tout à fait d'accord pour regarder ce point. En tout cas, je comprends l'émotion suscitée, et je la partage. Je tiens évidemment à vous rassurer sur le fait que cela ne correspond à aucune réalité d'aujourd'hui ; ça, c'est certain.
S'agissant des autres points que vous abordez, comme vous le savez, du fait de la démographie, il y a moins d'élèves en Guadeloupe. Les suppressions de postes ne sont pas proportionnelles à la diminution du nombre d'élèves, ce qui signifie que le taux d'encadrement en Guadeloupe l'an prochain sera amélioré, comme c'était déjà le cas lors de la rentrée précédente. Aujourd'hui, le taux d'encadrement en éducation prioritaire en Guadeloupe est de 17,6, pour plus de 20 à l'échelle nationale ; rappelons aussi que 65 % des écoles en Guadeloupe ont moins de 22 élèves par classe. Le taux d'encadrement en Guadeloupe fait donc l'objet d'un regard très favorable de la part du ministère, mais nous aborderons aussi d'autres sujets qualitatifs, comme ceux qui ont été évoqués par le sénateur Antiste. C'est donc ensemble que nous pouvons arriver à ce que la situation redevienne normale en Guadeloupe, dans l'intérêt de tous les élèves. (Applaudissements sur les travées du groupe LaREM. M. Yvon Collin applaudit également.)
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