Question de M. BONNUS Michel (Var - Les Républicains) publiée le 13/11/2020

Question posée en séance publique le 12/11/2020

M. Michel Bonnus. Monsieur le président, mes chers collègues, ma question s'adresse à M. le Premier ministre.

Compte tenu de la situation très inquiétante dans laquelle se trouvent aujourd'hui nos hôpitaux, j'ai approuvé la décision prise par le Gouvernement de procéder à un nouveau confinement, malgré les conséquences pour nos entreprises. Or, depuis cette décision, ordres et contrordres n'ont cessé de me perturber. De graves incohérences et de profondes injustices ruinent, dans l'esprit des Français, la raison d'être de cette mesure.

Votre prise de parole de ce soir, monsieur le Premier ministre, est à ce titre très attendue. Nous sommes inquiets, mais le pire serait que le futur déconfinement, que nous attendons tous, connaisse les mêmes errements que le premier – je pense notamment à l'absence d'obligation de porter un masque que rien ne pouvait justifier.

Nos entreprises, nos commerçants devront une nouvelle fois improviser et découvrir le dispositif au dernier moment, dans la confusion et l'urgence, sans avoir le temps de s'y préparer. Nous avons besoin d'une stratégie de déconfinement précise et connue de tous à l'avance, d'un protocole clair avec des interlocuteurs spécifiques. Le protocole d'ouverture d'un salon de coiffure ou d'un restaurant ne peut pas être pensé comme celui d'une librairie ou d'une salle de sport.

Monsieur le Premier ministre, ce que nous voulons – c'est le restaurateur qui vous parle –, c'est travailler ! Nous sommes en train de perdre notre patrimoine, notre retraite. Nous ne voulons pas être sous perfusion, même si nous avons bien sûr besoin des aides de l'État ; nous voulons surtout travailler et faire travailler nos collaborateurs dans le respect des règles sanitaires et de la santé de chacun.

Donnez-nous des perspectives ! Une concertation entre les préfets, les maires, les forces vives du territoire et les soignants doit permettre, dès à présent, d'ajuster localement les protocoles. Il faut un déconfinement sur mesure.

Monsieur le Premier ministre, êtes-vous en mesure de nous apporter des assurances en termes de calendrier pour anticiper ces protocoles localisés et d'engagement de l'État sur une communication claire et accessible en direction des acteurs concernés ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)


Réponse du Secrétariat d'État auprès du ministre des solidarités et de la santé, chargé de l'enfance et des familles publiée le 13/11/2020

Réponse apportée en séance publique le 12/11/2020

M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'État chargé de l'enfance et des familles.

M. Adrien Taquet, secrétaire d'État auprès du ministre des solidarités et de la santé, chargé de l'enfance et des familles. Monsieur le sénateur, je ne vais pas m'exprimer avant que le Premier ministre ne le fasse ce soir. (Protestations sur les travées du groupe Les Républicains.) Nous essayons de faire les choses dans l'ordre et cela serait probablement un très mauvais calcul de ma part… (Mêmes mouvements.)

Mme Sophie Primas. Nous sommes au Parlement !

M. Adrien Taquet, secrétaire d'État. Madame la sénatrice, un certain nombre de données sont encore en cours de consolidation ; elles permettront de fonder les décisions qui seront présentées plus tard dans la journée. Ce calendrier avait été annoncé au Parlement et à l'ensemble des Français il y a quinze jours, au moment de l'annonce du reconfinement.

Avant que le Premier ministre ne réactualise les chiffres ce soir, je voudrais vous rappeler, monsieur le sénateur, que notre pays connaît encore un taux de positivité très élevé – 19,5 % – et que plus de 4 800 patients sont en réanimation. Le nombre des décès dépasse à ce jour 42 430, ce qui est un bilan terrible.

Nous partageons tous les jours, avec l'ensemble de la communauté nationale, les différents indicateurs de suivi de l'épidémie et, vous le savez, ils montrent tous la persistance d'une pression épidémique de haut niveau. Par ailleurs, un certain nombre d'établissements sociaux et médico-sociaux – je pense notamment aux Ehpad – sont, encore aujourd'hui, touchés fortement par l'épidémie.

Dans cette situation, notre première préoccupation à tous, à vous comme à nous, doit être de tout mettre en œuvre pour que notre système sanitaire tienne bon. C'est ce à quoi nous nous employons depuis le début de cette crise et c'est tout le sens des mesures que nous prenons : augmentation progressive des capacités en réanimation, formation de nouveaux personnels médicaux ou encore coordination interrégionale et internationale pour pouvoir transférer des patients dans d'autres régions ou pays.

L'un des axes majeurs de cette anticipation réside dans les mesures de freinage qui ont été décidées : un premier couvre-feu le 17 octobre, son extension le 24, puis le confinement le 30 octobre, il y a quinze jours. La réévaluation de ces mesures avait été annoncée pour aujourd'hui – c'est l'objet de l'intervention du Premier ministre ce soir – et il y aura une nouvelle échéance au 1er décembre prochain. Il existe donc un calendrier qui est connu de tous et nous le respectons.

Le suivi épidémiologique et sanitaire est un élément essentiel pour analyser l'évolution des contaminations. (Marques d'impatience sur des travées du groupe Les Républicains.)

M. le président. Il faut conclure !

M. Adrien Taquet, secrétaire d'État. Ce suivi se poursuit sur tout le territoire grâce à l'action de milliers d'hommes et de femmes que je salue ici et je vous garantis, monsieur le sénateur, que ce soir nous serons en mesure de dresser les perspectives, en fonction de la situation sanitaire que connaît aujourd'hui notre pays, pour les jours et les semaines qui viennent. (Protestations sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. le président. La parole est à M. Michel Bonnus, pour la réplique.

M. Michel Bonnus. Monsieur le secrétaire d'État, j'ai envie d'y croire et de me battre avec vous, mais si vous répondez à côté, nous n'allons pas nous en sortir, nous ne ferons que subir et nous allons tous au-devant de graves désillusions ! Pensez aux restaurateurs qui vont déposer le bilan, aux personnes qui seront au chômage ! Et je ne parle même pas des emplois indirects…

Alors, donnez-nous envie de nous rassembler autour de vous et de nous battre ! Je vous le dis franchement, vous n'avez pas du tout répondu à ma question, alors que tous les restaurateurs attendent la même chose : ils ont besoin d'aide, pas d'un discours à la télévision ou d'une interview dans la presse écrite !

Monsieur le secrétaire d'État, nous avons besoin de vous ! (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains, ainsi que sur des travées des groupes RDSE et SER.)

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