Question de Mme BORCHIO FONTIMP Alexandra (Alpes-Maritimes - Les Républicains) publiée le 19/11/2020

Question posée en séance publique le 18/11/2020

Mme Alexandra Borchio Fontimp. Ma question s'adresse au Premier ministre.

Monsieur le Premier ministre, les associations caritatives tirent la sonnette d'alarme. Étudiants, jeunes, familles monoparentales, artisans, commerçants, extras, intérimaires, autoentrepreneurs, salariés fragilisés par le chômage partiel, voilà les nouveaux profils de ceux qui, aujourd'hui, basculent dans la précarité, nouveaux visages que je côtoie notamment en tant que bénévole à la Croix-Rouge d'Antibes.

Pour ces derniers, demander de l'aide est insupportable, mais ils n'ont pas le choix. Ils la demandent avec crainte et angoisse.

Vous le savez, la crise sanitaire a eu pour conséquence la précarisation de 1 million de Français. C'est une estimation basse. Ainsi, 800 000 pertes d'emplois sont attendues à la fin de cette année.

Comment rester imperméable à un drame pareil ? Les mois se suivent et apportent leur lot de statistiques effrayantes. L'aide alimentaire est l'un des thermomètres qui affichent les résultats les plus frappants : 8 millions de personnes en France n'arrivent plus à se nourrir. Les associations constatent une hausse de 25 % des demandes d'aide alimentaire. Le nombre d'allocataires du RSA et celui de demandeurs d'emploi connaissent une hausse sans précédent – dans mon département des Alpes-Maritimes, de respectivement plus de 18 % et 14 %.

Nous ne pouvons pas détourner le regard. Il faut désormais nous prémunir contre un autre mal, l'indifférence face à la vulnérabilité de nos plus fragiles.

Monsieur le Premier ministre, les sénateurs de notre groupe ont fait de nombreuses propositions pour leur venir en aide réellement et le plus rapidement possible. Les réponses à l'urgence sociale ne peuvent souffrir aucun clivage politique. Pourtant, nous n'avons guère été entendus jusqu'à présent. J'espère que ma question en sera l'occasion !

Le but de celle-ci n'est pas de vous entendre dresser la liste des actions temporaires mises en place au printemps dernier – nous les connaissons –, mais je n'aurai de cesse de vous alerter sur l'urgence d'intensifier notre combat contre la pauvreté de nos concitoyens.

Pouvez-vous nous dire clairement si le « quoi qu'il en coûte » s'adresse aussi à ces nouveaux visages de la précarité ? Ils sont 9,3 millions à ce jour. Combien seront-ils demain ? La pauvreté ne disparaît pas avec le virus, monsieur le Premier ministre : au contraire, elle ne fait que commencer ! (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)


Réponse du Ministère auprès du ministre des solidarités et de la santé - Autonomie publiée le 19/11/2020

Réponse apportée en séance publique le 18/11/2020

M. le président. La parole est à Mme la ministre déléguée chargée de l'autonomie.

Mme Brigitte Bourguignon, ministre déléguée auprès du ministre des solidarités et de la santé, chargée de l'autonomie. Madame la sénatrice Alexandra Borchio Fontimp, comme vous le soulignez, la situation sanitaire, économique et sociale est bien évidemment dramatique pour nos compatriotes les plus vulnérables.

La pauvreté, comme vous le dites, n'est pas morte avec le covid, mais elle n'est pas non plus née avec celui-ci. Si nous n'avons pas attendu la crise sanitaire pour apporter des réponses aux besoins des Françaises et des Français, notre politique de solidarité à destination de nos concitoyens a été renforcée pour permettre à chacune et chacun de surmonter la situation.

Je rappelle que nous avons défini une stratégie structurelle contre la pauvreté, déployée en 2018. Cette stratégie a bien sûr été renforcée au regard des conséquences de la crise.

Nous avons agi pour assurer l'accès à la santé sans barrière financière. Je pense notamment au reste à charge zéro pour l'accès aux soins optiques, dentaires et auditifs, qui sont intégralement pris en charge par la solidarité nationale. Le Ségur de la santé consacre 100 millions d'euros par an à la lutte contre les inégalités de santé.

Nous protégeons les plus fragiles, avec la reconduction automatique des minima sociaux et près de 3 milliards d'euros d'aides directes à nos concitoyens. Ce sont des dizaines de millions d'euros qui ont été mobilisés pour assurer la mise à l'abri, l'accès à l'alimentation, la mise à disposition de masques pour les plus précaires, parfois sans domicile.

Enfin, ce sont 100 milliards d'euros qui sont mobilisés dans le plan de relance pour permettre à notre économie de tenir le choc et d'assurer une relance créant des emplois pour nos concitoyens, en particulier pour les jeunes. Ce sont 6,5 milliards d'euros qui sont mobilisés dans le plan « 1 jeune, 1 solution », pour la formation, l'insertion et l'embauche de plusieurs centaines de millions de jeunes.

Vous l'aurez compris, madame la sénatrice, nous agissons concrètement pour apporter une réponse d'ensemble et, ainsi, permettre à nos concitoyens de faire face aux conséquences de cette crise sociale majeure, qui dure. Le Gouvernement veillera activement à ce qu'aucun de nos compatriotes en difficulté ne soit laissé sur le bord du chemin. (Applaudissements sur des travées du groupe RDPI.)

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