Question de Mme IMBERT Corinne (Charente-Maritime - Les Républicains-R) publiée le 28/01/2021

Question posée en séance publique le 27/01/2021

M. le président. La parole est à Mme Corinne Imbert, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

Mme Corinne Imbert. Monsieur le Premier ministre, il est temps que vaccination rime avec anticipation. Dans deux jours, le vaccin mis au point par le laboratoire AstraZeneca devrait obtenir son autorisation de mise sur le marché. La Haute Autorité de santé désignera, alors, la part de la population pour laquelle le vaccin sera indiqué. La France devrait recevoir environ 20 millions de doses, dont la livraison serait échelonnée entre février et avril, permettant de vacciner 10 millions de nos concitoyens en trois mois.

Ce vaccin a pour avantages des conditions de conservation classiques et des modalités de transport qui ne posent pas de difficulté. Si personne ne conteste la mise à disposition des vaccins à ARN messager dans les centres hospitaliers et dans les centres de vaccination, pensez-vous vous appuyer sur le circuit pharmaceutique, exemple d'aménagement du territoire national – M. le ministre de la santé a rappelé précédemment l'intérêt de ce réseau –, pour la distribution de ce nouveau vaccin ?

Au nom de la transparence, pouvez-vous nous confirmer le nombre de doses commandées auprès du laboratoire AstraZeneca ? Ce vaccin sera-t-il réservé au circuit de ville, ou bien est-il destiné à compenser les doses non reçues de Pfizer et de Moderna ? Ferez-vous confiance aux professionnels de santé de proximité incarnés par le trio médecins-infirmiers-pharmaciens, lequel est au plus près des patients ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)


Réponse du Ministère des solidarités et de la santé publiée le 28/01/2021

Réponse apportée en séance publique le 27/01/2021

M. le président. La parole est à M. le ministre des solidarités et de la santé.

M. Olivier Véran, ministre des solidarités et de la santé. Madame la sénatrice, je vous confirme mon intention très forte de m'appuyer sur l'ensemble du réseau des professionnels de santé en ville et à l'hôpital pour mener la campagne vaccinale. Si le vaccin Pfizer ou le vaccin Moderna, compte tenu de leurs conditions de conservation et d'utilisation et de la nécessité d'une surveillance médicale de quinze minutes sur place après la vaccination, ne permettaient pas d'exploiter pleinement la richesse de notre maillage pharmaceutique et médical, et dès lors qu'un vaccin comparable au vaccin antigrippal existerait, nous aurions tort de nous priver de ces ressources et de ces compétences. Rappelons que, dans le cadre de la campagne de vaccination antigrippale, près de 1 million de personnes peuvent être vaccinées par jour.

J'attends désormais les recommandations de l'Agence européenne des médicaments (EMA). On ne peut pas me reprocher de ne pas anticiper la décision qu'une agence sanitaire européenne n'a pas encore donnée !

Pas plus, madame la sénatrice, qu'on ne peut me reprocher – même si l'on peut, et j'en ai l'habitude, tout me reprocher au final (Oui ! sur les travées du groupe Les Républicains. – Rires.) –…

M. Roger Karoutchi. C'est le job !

M. Olivier Véran, ministre. … de ne pas anticiper sur les décisions que prendra la Haute Autorité de santé dans trois ou quatre jours. Vous comprenez bien que je ne peux pas aller plus vite que la musique !

En revanche, je puis vous garantir que tous les scénarios sont sur la table. D'ailleurs, au cours de mon trajet en voiture pour venir au Sénat, je me suis entretenu avec la présidente du conseil de l'Ordre national des pharmaciens : le réseau est totalement prêt.

Je suis davantage préoccupé – je le dis ici sachant que mes propos sont publics – par la capacité du laboratoire AstraZeneca à tenir ses engagements de livraison.

Acte I : AstraZeneca nous informe qu'au lieu de recevoir 3, puis 4 millions de doses, respectivement en février et en mars, nous en recevrons 2 millions, puis 2,5 millions.

Acte II : finalement, sur les 2 millions de doses devant être livrées au mois de février, 400 000 le seront dans un premier temps, puis 700 000, puis un million à la fin du mois. Il en est ainsi pour la France et les autres pays européens.

Acte III : AstraZeneca, convoqué ce matin devant des responsables de l'Union européenne, a, semble-t-il, quitté la réunion. En général, ce n'est pas très bon signe.

Acte IV : j'ai appris, au cours de cette séance de questions d'actualité au Gouvernement, qu'AstraZeneca aurait communiqué sur son incapacité à fournir davantage qu'un tiers ou un quart des doses à l'Europe d'ici à la fin du premier trimestre.

C'est la raison pour laquelle, madame la sénatrice, je me suis voulu prudent, la semaine dernière, en affirmant que je n'étais pas certain que les publics fragiles pourraient tous être vaccinés avant l'été. Factuellement, je le rappelle, nous avons passé des commandes, et les fabricants de vaccins se sont engagés contractuellement à fournir aux États les vaccins qu'ils produisent.

Madame la sénatrice, je suis, comme vous, dans l'attente des décisions des autorités européennes, tout comme j'attends de l'ensemble des laboratoires qu'ils respectent les engagements qu'ils ont pris devant la Commission européenne. (M. Alain Richard applaudit.)

M. le président. La parole est à Mme Corinne Imbert, pour la réplique.

Mme Corinne Imbert. Monsieur le ministre, je ne vous fais pas de procès par anticipation ; je dis simplement qu'il faut réfléchir, par anticipation, à la distribution du vaccin AstraZeneca, lequel ne présente ni difficulté de transport, ni difficulté de logistique, ni difficulté de conservation.

Je me réjouis que vous pensiez aux professionnels de santé pour assurer la distribution de ce médicament. Encore une fois, les 21 000 officines pharmaceutiques que compte notre pays – chiffre à rapprocher des 900 centres de vaccination – sont au plus près des territoires.

Que vous fassiez confiance, c'est très bien ; je sais bien que vous ne produisez pas vous-même les vaccins et je n'ignore pas la complexité de ce dossier. En tout cas, et je le redis, vaccination doit rimer non seulement avec anticipation – il faut avoir plusieurs plans en tête ! –, mais également avec raison. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

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