Question de M. BRISSON Max (Pyrénées-Atlantiques - Les Républicains) publiée le 24/02/2022

Question posée en séance publique le 23/02/2022

M. le président. La parole est à M. Max Brisson, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Max Brisson. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports.

Monsieur le ministre, c'est la Cour des comptes qui le dit – il est donc inutile de vous mettre, comme hier, en colère contre moi – : la performance du système éducatif français reste médiocre malgré l'importance des moyens mobilisés, les systèmes scolaires les plus performants sont ceux qui donnent le plus de place à chaque établissement, qui fédèrent la communauté éducative autour d'un projet et qui encouragent les enseignants à être novateurs.

Que constate la Cour des comptes pour la France ? Une autonomie des établissements très encadrée, un système éducatif très centralisé et une chaîne managériale qui contrôle fortement les marges d'action des établissements.

C'est encore la Cour qui note que seulement 10 % des décisions éducatives sont prises au niveau des établissements et 2 % à peine en autonomie totale.

Ma question est donc simple : monsieur le ministre, vous qui êtes depuis cinq ans aux manettes, que pensez-vous de ce constat implacable de la Cour des comptes ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. – Mme Catherine Morin-Desailly applaudit également.)


Réponse du Ministère de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports publiée le 24/02/2022

Réponse apportée en séance publique le 23/02/2022

M. le président. La parole est à M. le ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports.

M. Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports. Monsieur le sénateur Max Brisson, comme à chaque fois, je vais devoir répondre non seulement à votre question, mais aussi à ce que vous direz ensuite, puisque vous vous ménagez toujours un temps important pour la réplique…

Je ferai un bilan général à la lumière des remarques de la Cour des comptes, dont je pourrais partager l'essentiel des observations.

Sur la question de l'autonomie des établissements, la réforme du lycée – j'ai l'impression que ce point vous a échapp頖 conduit à une bien plus grande autonomie des établissements, car l'équipe éducative, ainsi que les lycéens disposent de plus de choix.

Puisque votre question porte plus globalement sur notre bilan, je veux souligner que, de 2017 à 2022, les élèves de primaire ont progressé en France – la Cour des comptes connaît elle aussi ces chiffres.

Je pourrais vous parler de beaucoup de choses – les devoirs faits au collège, la réforme du lycée, les cités éducatives, les vacances apprenantes –, car dorénavant le ministère de l'éducation nationale regroupe aussi la jeunesse et les sports.

Mais puisque le temps me manque, je me concentrerai sur ce que j'ai affiché comme étant ma première priorité, à savoir lire, écrire, compter et respecter autrui.

Comme vous aimez les chiffres, j'en citerai quelques-uns. Pour lire à voix haute en CE1, l'écart était de 14,5 points entre les réseaux d'éducation prioritaire et le reste du pays, il est de 7,8 points à la fin de ce quinquennat. Pour comprendre des phrases lues, les élèves qui entrent en CE1 ont gagné 1 point, alors même que l'Unesco estime que, du fait de la crise sanitaire, les élèves ayant dix ans sont, dans le monde, 50 % de plus désormais à ne pas maîtriser les savoirs fondamentaux.

Oui, notre politique de l'école primaire commence à porter ses fruits. Les savoirs fondamentaux se sont renforcés. Nous serons certainement l'un des rares pays à avoir atteint cet objectif malgré la très grave crise sanitaire que nous avons traversée. Fort heureusement, la France a échappé à la crise éducative : nous devons en être fiers !

J'en profite pour remercier l'ensemble des professeurs de France et des personnels de l'éducation nationale et toutes les collectivités locales pour le rôle qu'ils ont joué en la matière. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI. – Mme Françoise Gatel applaudit également.)

M. le président. La parole est à M. Max Brisson, pour la réplique.

M. Max Brisson. Monsieur le ministre, cet après-midi, tous vos collègues ont été beaux joueurs. Pas vous !

Vous aviez fait beaucoup de promesses.

Vous aviez promis de donner davantage d'autonomie aux équipes éducatives. Bilan : il n'y a jamais eu autant de discours prescriptifs, de circulaires et de vade-mecum.

Vous aviez promis de donner la priorité à l'école primaire. Bilan : 28 % des élèves ont une maîtrise insuffisante des mathématiques.

Vous aviez promis de redonner aux professeurs toute leur place dans la société. Bilan : 93 % des professeurs de collège estiment que leur profession n'est plus appréciée et 1 500 d'entre eux ont démissionné en 2021.

Vous aviez promis de retisser le lien de confiance entre la société et l'école. Bilan : 53 % des Français estiment que l'école fonctionne mal, 65 % sont pessimistes quant à son avenir, cette proportion atteignant près de 80 % chez les enseignants.

Je sais que, du haut de votre gestion solitaire, vous ne voulez pas entendre ce que vous disent les enseignants et les Français : non, définitivement, monsieur le ministre, l'école ne se porte pas mieux aujourd'hui qu'en 2017 ! (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. – Mme Laurence Cohen applaudit également.)

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