Question de M. BURGOA Laurent (Gard - Les Républicains) publiée le 03/02/2022
M. Laurent Burgoa attire l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports sur la forte baisse des compétences mathématiques des élèves français.
Parmi les enjeux stratégiques du plan France 2030 présenté par le Président de la République, nombreux sont ceux pour lesquels une bonne maitrise de cette discipline est nécessaire. Au temps des algorithmes et de l'hyperconnexion, la maitrise des fondamentaux est essentielle pour une démocratie éclairée. Décrypter les manipulations par les chiffres, percevoir les généralisations abusives, les erreurs de raisonnement et développer un esprit rationnel semble, en cette période de pandémie, plus que nécessaire.
La réforme des lycées professionnels, en se concentrant sur l'adaptation au métier, a déjà fragilisé l'appropriation de cette culture mathématique. Aussi, la note de la direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance n° 21 22 de mai 2021 indique que « les mathématiques sont conservées en enseignement de spécialité par 60 % des élèves principalement par les garçons et les élèves d'origine sociale très favorisée ».
De plus, les rapports successifs sur cet enseignement, dont celui dirigé par un sénateur, insistent sur cette baisse d'intérêt. Si la mission sur les mathématiques, à l'initiative du ministre de l'éducation nationale en 2018 a proposé 21 mesures, les moyens alloués à la mise en œuvre du plan ne sont pas à la hauteur. Les propositions de la commission de réflexion, constituée en 1999 par le ministre de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie, sont quant à elles restées lettre morte.
Face à cette baisse continue de nos résultats aux évaluations internationales, à l'accroissement des inégalités face à la réussite scolaire et aux difficultés de recrutement d'enseignants, il lui demande quelles mesures il compte prendre.
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Réponse du Ministère de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports publiée le 10/03/2022
La baisse des compétences mathématiques des élèves français depuis 30 ans est un sujet majeur de préoccupation du ministre depuis sa prise de fonction. Les mathématiques constituent une priorité nationale très clairement affirmée dans l'action déployée depuis bientôt 5 années par le ministère, en particulier au travers du déploiement du plan mathématiques. Les constats et les enjeux sociétaux, économiques et démocratiques liés à la maîtrise des fondamentaux dans une société du numérique sont largement analysés et détaillés dans le rapport rédigé par messieurs Villani et Torossian, qui a été remis au ministre le 12 février 2018. Les 21 mesures pour l'enseignement des mathématiques proposées dans le rapport et déployées depuis septembre 2018 par le ministère constituent une réponse systémique d'une ampleur inédite sur toutes les strates du système éducatif pour contribuer au développement d'un enseignement des mathématiques plus efficace et plus explicite au bénéfice de tous les élèves. Ainsi que le préconise le rapport du sénateur Gérard Longuet dans la continuité du rapport Villani-Torossian, les moyens mis en uvre et la stratégie développée à différents niveaux ont visé à lutter contre la chute du niveau en mathématiques mais aussi contre les difficultés croissantes de recrutement des enseignants en mathématiques. Depuis 2017, le premier degré est une priorité absolue du ministère : dans ce cadre, les mesures 14 et 15 du rapport Villani-Torossian préconisaient le déploiement de référents mathématiques de circonscription (RMC) qui a depuis été pleinement mis en uvre. À la rentrée de septembre 2021, ce sont en effet plus de 1?800 RMC qui accompagnent 45?000 professeurs des écoles par an pour leur proposer une formation plus adaptée et renforcée, entre pairs et en petits groupes : les constellations. Cette année près de 5?900 constellations sont ainsi formées sur l'ensemble du territoire : sur la base d'une programmation pluriannuelle de l'accompagnement sur 6 années, ce plan de formation concernera l'ensemble des professeurs des écoles dans les circonscriptions. Au travers des enseignants accompagnés, environ 700?000 à 900?000 élèves sont concernés par an par le dispositif, ce qui permettra d'escompter une amélioration sensible des résultats des élèves. Les RMC bénéficient eux-mêmes d'un plan national et académique de formation d'une ampleur inédite. L'accent a été mis sur les compétences mathématiques les plus fondamentales comme le calcul, la modélisation ou la résolution de problèmes et les plus échouées chez les élèves dans les évaluations nationales et internationales afin de renforcer la qualité de la formation des enseignants dans ces domaines. L'accent a également été mis sur les leviers didactiques et pédagogiques pour mettre en place un enseignement des mathématiques plus explicite et plus efficace au bénéfice de tous les élèves, permettant de renforcer l'efficacité et la réflexivité du geste pédagogique chez les enseignants et ainsi de lutter contre les inégalités dans la réussite scolaire en mathématiques. Par ailleurs, la réforme des instituts nationaux supérieurs du professorat et de l'éducation (INSPE) et l'ouverture des parcours préparatoires au professorat des écoles (PPPE) dans chaque académie ont redonné une part importante aux mathématiques dans la formation de nos étudiantes et étudiants futurs professeurs des écoles, et constituent au travers du renforcement de la place des mathématiques dans la formation initiale une réponse anticipée au déficit de compétences en mathématiques qui a pu être constaté chez les professeurs des écoles. Ce renouveau de la formation continue des enseignants s'est incarné en parallèle dans le second degré depuis 4 ans au travers de la création de 300 laboratoires de mathématiques. Il s'agit de lieux de formation (associant parfois professeurs des écoles et professeurs du second degré) au sein même des établissements scolaires, dans lesquels les professeurs issus de diverses disciplines peuvent confronter entre pairs leurs pratiques et travailler autour des mathématiques avec les professeurs spécialisés. La production de ressources a constitué également un axe important du rapport Villani-Torossian pour renforcer le continuum didactique premier et second degré. Le but a été de constituer un corpus de ressources permettant aux professeurs de partager une vision et des gestes professionnels communs afin de renforcer l'efficacité de l'enseignement des mathématiques au bénéfice de tous les élèves, en évitant les ruptures épistémologiques, didactiques et pédagogiques entre le primaire et le collège. En 2020 et 2021, des guides pour l'enseignement des mathématiques, notamment en résolution de problèmes, ont été produits pour les niveaux clés CP, cours moyen (CM1 et CM2) et collège. La refonte des repères annuels de progression et les attendus de fin de cycle jusqu'au collège ont quant à eux permis aux professeurs de mieux suivre leurs élèves et d'éviter de renvoyer à la fin du cycle les sujets les plus complexes en termes d'apprentissage. Ces outils se sont avérés précieux lors des périodes troublées que nous avons connues à cause de la pandémie. Ils sont complétés aujourd'hui de ressources afin que les élèves et les professeurs se familiarisent sur les items d'évaluation PISA et TIMSS. Enfin, des grilles de positionnement pour choisir les manuels scolaires de mathématiques utilisés en classe sont disponibles et complètent des ressources spécifiques pour le pilotage des mathématiques pour les chefs d'établissement en collège. Le plan mathématiques développe également depuis deux ans un effort particulier au collège avec le plan « Réussir en mathématiques au collège ». Il s'inscrit dans la continuité du plan déployé dans le premier degré pour dynamiser et rendre plus performant l'enseignement des mathématiques au collège. Il se déploie selon trois pistes d'actions : des ressources pour les professeurs (leur permettant de préciser leurs gestes professionnels et de travailler à une image positive des mathématiques) ; des ressources et des actions de formation pour les formateurs au niveau national (pour déployer ensuite une formation en académie) ; des ressources pour accompagner les chefs d'établissement dans le pilotage de la discipline mathématiques. La réforme des lycées, qui ouvre un vrai espace de liberté de choix pour nos élèves, fait aussi le pari de la transformation des filières d'enseignement supérieur pour prendre en compte les compétences réelles des élèves et leur motivation et les élargir. Les lycéens et lycéennes se sont saisis des possibilités qui leur ont été ouvertes et ont bien compris que l'essentiel réside dans le parcours, les compétences acquises, la motivation et l'engagement que l'on met dans les spécialités qu'on a choisies. Les lycéens professionnels bénéficient d'un enseignement en mathématiques organisé par modules. Les programmes reprennent essentiellement les mêmes thématiques qu'en voie générale et proposent en terminale professionnelle un programme complémentaire pour les élèves qui voudraient poursuivre des études. L'accompagnement personnalisé permet par ailleurs d'individualiser le parcours des élèves en permettant de consolider leurs compétences dans les disciplines d'enseignement général, particulièrement en français et en mathématiques, de leur offrir une aide méthodologique et surtout de préparer leur orientation tout au long du cycle. La bivalence des professeurs de mathématiques-sciences et le co-enseignement entre professeurs de maths-sciences et des disciplines professionnelles ont par ailleurs ouvert des horizons pédagogiques et didactiques inédits permettant de proposer un enseignement scientifique en phase avec les enjeux économiques, industriels et sociétaux d'aujourd'hui et de demain. Ces évolutions de la voie professionnelle et les nouvelles opportunités de parcours offertes aux élèves permettent d'embrasser la dynamique du grand plan d'investissement d'avenir « France 2030 » qui entend répondre aux grands défis de notre temps pour faire émerger les futurs champions technologiques de demain et accompagner les transitions de nos secteurs d'excellence. Tous les élèves de la voie générale continuent à faire des mathématiques en seconde, puis durant le cycle terminal avec l'enseignement scientifique pour lycée général et un enseignement commun pour l'enseignement technologique. Qu'il faille réfléchir à la place des mathématiques dans cet enseignement est un débat que l'on peut ouvrir, mais n'oublions pas que les mathématiques ne sont pas uniquement dans le cours de mathématiques et qu'il convient de mieux expliciter les mathématiques dans les autres disciplines (sciences économiques et sociales, géographie, sciences). L'enjeu est de mettre en place une véritable culture scientifique pour tous où le raisonnement mathématiques et le raisonnement logique trouvent toute leur place. Les élèves du lycée général qui souhaitent s'investir davantage dans cette discipline peuvent choisir de suivre un enseignement de spécialité dès la première et une option de renforcement en terminale (mathématiques expertes), l'exigence du programme de mathématiques en enseignement de spécialité ayant permis d'étoffer et d'enrichir un programme de la filière S trop généraliste. Ils sont 60 % des lycéens et lycéennes généraux à garder en terminale un enseignement de mathématiques exigeant (spécialité ou option de mathématiques complémentaires), dont près de 50 % de filles. Plus de 50?000 ont choisi de prendre l'enseignement optionnel de mathématiques expertes. Enfin, sur le caractère élitiste de la spécialité mathématiques, si l'on compte 46 % de CSP+, il convient de rappeler que le lycée général accueille 39 % d'élèves issus de CSP+. Toute la reconquête qui a été lancée depuis le primaire et le collège a justement pour objectif de décorréler les IPS et les choix d'orientation en consolidant les fondamentaux. L'action du ministre et du ministère en faveur d'un enseignement consolidé des mathématiques s'appuie ainsi sur un volontarisme et sur une politique cohérente déployée depuis 4 ans. Elle se poursuit actuellement et vise le renforcement de la maîtrise des compétences mathématiques par tous les élèves de France, depuis l'école maternelle jusqu'au baccalauréat. Enfin, au-delà des éléments précédents centrés sur les élèves et les enseignants qui visaient à une amélioration du système au profit de l'enseignement de mathématiques, un travail important a été mené pour renforcer l'attractivité de la profession. Le Grenelle de l'éducation a permis d'aboutir à 12 engagements au service des personnels et des élèves qui visent à renforcer l'attractivité du métier d'enseignant et marquent une étape majeure pour la transformation de notre système éducatif. On peut citer entre autres les mesures qui augmentent le pouvoir d'achat des personnels éducatifs depuis la rentrée scolaire 2020, la mise en place d'une prime d'attractivité pour les professeurs en début de carrière et d'une prime d'équipement informatique, la revalorisation des directeurs d'école, des professeurs documentalistes ou encore la nouvelle revalorisation de l'indemnité d'exercice en réseau d'éducation prioritaire renforcé. À l'aune de la transformation impulsée aussi bien sur le plan de la formation continue, du pilotage de l'enseignement ou encore des pratiques professionnelles de tous les personnels et des gestes pédagogiques des enseignants, la poursuite et la consolidation de toutes ces actions conjuguées en 2021-2022 sont autant de gages d'une amélioration attendue des résultats de tous les élèves aux évaluations nationales et internationales ainsi qu'une réponse aux baisses constatées en mathématiques et aux inégalités scolaires.
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