Question de M. BONNEAU François (Charente - UC-A) publiée le 03/03/2022
M. François Bonneau attire l'attention de Mme la ministre des armées sur le sujet de la relation stratégique que notre pays entretient avec les Émirats arabes unis. Assurément, cet État est notre allié majeur dans le Golfe. Le 4 février 2022, à la suite d'attaques initiées par des rebelles yéménites houthis, il était annoncé que la France viendrait soutenir la sécurisation de son espace aérien. Il convient d'ajouter, pour prendre la pleine mesure de ce partenariat entre nos deux états, que la France possède une base aérienne installée aux Émirats, depuis laquelle elle organise régulièrement ses frappes contre les groupes jihadistes au Levant. De même, les Émirats arabes unis reconnaissent le savoir-faire français en matière d'armement. L'attaque aérienne qu'ont essuyé les Émirats arabes unis, puisqu'elle s'est faite par le biais de missiles et de drones, doit être rattachée à la « guerre froide » plus générale qui oppose le royaume d'Arabie saoudite et la République islamique d'Iran dans cette région du Moyen Orient. Cette confrontation s'exprime actuellement le plus violemment sur le théâtre d'opération yéménite, par la voie d'alliés interposés. Dans les années qui viennent, cette confrontation peut tout à fait toucher plus sensiblement des pays tiers, même s'ils ne participent pas ou plus à la coalition engagée au Yémen, à l'instar des Émirats arabes unis, ce qui, de fait, engagerait en quelque sorte la France. Il souhaiterait savoir comment le ministère envisage l'évolution de la situation dans le Golfe, notamment pour ce qui concerne la confrontation entre l'Arabie saoudite et l'Iran, son impact sur notre allié émirati et le soutien que la France pourrait être amenée à mettre en œuvre.
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Réponse du Ministère des armées publiée le 19/05/2022
Le conflit au Yémen, les attaques récurrentes contre les territoires saoudien et émirien ainsi que les incidents maritimes réguliers illustrent la volatilité de la situation dans le Golfe arabo-persique (GAP). Véritables menaces à la stabilité régionale, ces tensions reflètent la rivalité stratégique entre plusieurs acteurs régionaux ainsi que les conséquences déstabilisatrices de la prolifération de drones et missiles dans cette zone. Cette situation est d'autant plus préoccupante que les intérêts géostratégiques de la France dans la région sont considérables : présence de 35 000 ressortissants français, d'une part importante de l'approvisionnement de la France en hydrocarbures ainsi que d'un point d'appui militaire français aux Emirats arabes unis (EAU), essentielle pour notre capacité d'action dans le GAP et, plus largement au Moyen Orient, en particulier contre Daech en Syrie et en Irak. Au Yémen, la France demeure pleinement mobilisée en faveur d'une cessation des hostilités et d'une relance des discussions en vue d'un accord politique global, sous l'égide des Nations unies. Elle a salué le 2 avril 2022 l'annonce faite par l'Envoyé spécial du Secrétaire général des Nations unies, M. Hans Grundberg, et soutenue par les parties, d'une trêve de deux mois au Yémen. Face aux débordements du conflit yéménite dans la région, la France n'a cessé d'uvrer en faveur de la désescalade des tensions et de la stabilité régionale et s'est attachée à soutenir ses partenaires régionaux. Ainsi, elle a condamné, à plusieurs reprises, les attaques à l'encontre des territoires saoudien et émirien et a appelé les Houthis à mettre un terme à leurs activités déstabilisatrices au Yémen et dans la région. S'agissant des EAU, partenaire privilégié de la France dans la zone avec lequel elle est liée par un accord de défense, les frappes des 17, 24, 30 janvier et du 2 février 2022 ont conduit la France à réaffirmer sa solidarité au travers de garanties de sécurité, grâce aux moyens français déployés sur notre point d'appui militaire à Abou Dabi. En réponse à la demande de soutien des Emirats, la France a mobilisé des moyens dans les plus brefs délais. Dès le 24 janvier, une mission d'expertise s'est rendue aux Emirats arabes-unis. Dès le 25 janvier, des Rafale de la base des Forces françaises aux Emirats arabes unis (FFEAU) ont participé à des missions de protection du territoire émirien, ils ont assuré quotidiennement des vols de réassurance au profit des Emirats arabes unis face à la menace aérienne. Pour optimiser l'engagement de ces avions de chasse, un avion de ravitaillement a alors également été mis à disposition des forces aériennes émiriennes. Enfin, un système de défense sol-air Crotale NG a été déployé sur le territoire des Emirats arabes unis. Ce dernier a été connecté au réseau de défense aérienne émirien et a permis le développement d'une véritable synergie de nos moyens face à la menace aérienne qui pesait sur les Emirats. Cette mobilisation de capacités militaires est le signe du soutien indéfectible de la France aux Emirats arabes unis. La France, qui a également pour objectif de préserver la liberté de navigation et la sécurité des approvisionnements dans cette région, participe activement à l'initiative européenne de sûreté maritime dans le détroit d'Ormuz (EMASoH) ainsi qu'à son volet militaire, Agénor, pleinement opérationnel depuis février 2021. Depuis son lancement, des frégates et des déploiements d'avions de reconnaissance et de patrouille maritime ont contribué très régulièrement à l'opération permettant la sécurisation de nombreux bâtiments en transit dans le GAP. Elle est commandée depuis le 1er mars commandé par un état-major belgo-néerlandais. La France promeut, en outre, la poursuite du dialogue régional, aussi bien dans des formats bilatéraux que multilatéraux, dans la continuité de la conférence régionale sur la coopération et le partenariat, organisée par l'Irak en coopération avec la France. Enfin, notre pays s'investit dans la lutte contre la prolifération nucléaire qui participe au renforcement de la sécurité régionale. En ce sens, elle soutient, avec le Royaume-Uni et l'Allemagne, la conclusion rapide d'un accord qui permettra une réintégration des États-Unis au Plan d'Action Global Commun (JCPOA) et un retour de l'Iran à ses engagements pris au titre de cet accord.
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