Question de M. GENET Fabien (Saône-et-Loire - Les Républicains-R) publiée le 17/03/2022
M. Fabien Genet attire l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports sur les modalités de financement et de mise à disposition des accompagnants d'enfants en situation de handicap (AESH) sur les temps de restauration scolaire et d'accueil périscolaire.
L'accompagnement des élèves en situation de handicap est un principe fondamental dans le fonctionnement de nos écoles et les élus sont nombreux à s'impliquer, dans leurs communes et leurs collectivités, pour favoriser l'inclusion de tous les profils d'élèves.
Jusqu'alors, c'est l'État, au titre de sa mission d'organisation générale du service public de l'éducation et motivée par le principe d'obligation scolaire, qui prenait en charge les frais d'accompagnement des élèves en situation de handicap, à la fois pendant les heures effectives d'enseignement en classe, mais également pendant les temps périscolaires méridiens et d'accueil de début et de fin de journée.
Cependant, un récent arrêt de section du Conseil d'État pose le nouveau principe d'un financement de l'accompagnement des élèves en situation de handicap par les collectivités pendant les périodes périscolaires.
Ce changement de financement risque de provoquer des modifications particulièrement préjudiciables pour les jeunes bénéficiaires qui risquent de voir plusieurs AESH intervenir auprès d'eux pendant et hors du temps scolaire.
D'autre part, pour ces professionnels du handicap, cette mesure vient encore dégrader leurs conditions d'exercice - déjà particulièrement précaires et peu rémunératrices en multipliant leurs employeurs et en ayant recours à des contrats pour quelques heures hebdomadaires.
Enfin, selon cet arrêt, les collectivités vont désormais devoir financer ces emplois, sans compensation de l'État. Dans certains territoires ruraux où les communes peinent à maintenir et à pérenniser leurs classes, employer et financer de nouveaux salariés risque d'impacter considérablement les budgets communaux.
C'est pourquoi, face à l'inquiétude des collectivités et de leurs élus, de la communauté éducatives et des familles, il demande quelles mesures concrètes le Gouvernement entend prendre pour assurer la continuité éducative des élèves en situation de handicap, sécuriser et valoriser les AESH et enfin compenser ces nouvelles dépenses de personnel pour les collectivités.
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Réponse du Ministère de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports publiée le 19/05/2022
Permettre à l'école de la République d'être pleinement inclusive est une ambition forte du Gouvernement qui a fait du handicap une priorité du quinquennat. Au travers de cette priorité donnée à la qualité de l'inclusion scolaire ainsi qu'à l'amélioration des conditions d'emploi des accompagnants d'élèves en situation de handicap (AESH), le Gouvernement uvre à faire émerger un véritable service public du handicap. Les AESH sont des contractuels de droit public recrutés par l'État sur le fondement de l'article L. 917-1 du code de l'éducation. Ils bénéficient, depuis la loi n° 2019-791 du 26 juillet 2019 pour une école de la confiance, de contrats de trois ans avant d'accéder, après six ans de service dans ces fonctions, à un contrat à durée indéterminée (CDI). Le législateur, dans le cadre d'une proposition de loi actuellement examinée par le Parlement, entend toutefois ouvrir une possibilité de passage en CDI des AESH après un premier CDD de 3 ans, dans des conditions qui devront être précisées par décret. Sous réserve du processus législatif en cours, les conditions actuelles de recrutement des AESH sont donc susceptibles d'évoluer. Pour faciliter l'inclusion scolaire des élèves en situation de handicap, l'accompagnement doit pouvoir être assuré sur les temps scolaires et périscolaires. Ces derniers correspondent aux temps immédiatement avant et après l'école, ainsi qu'au temps de restauration. Le Conseil d'État avait déjà eu l'occasion de se prononcer sur la question de la responsabilité de la prise en charge de l'accompagnement humain des enfants en situation de handicap sur les temps périscolaires dans le cadre de référés (C.E., 20 avril 2011, ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et de la vie associative, n° 345434 et n° 345442) sans que ces décisions ne permettent de définir une organisation claire quant à la prise en charge du temps périscolaire. Par une décision de section (C.E., 20 novembre 2020, ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports, n° 422248, au Recueil Lebon), la Haute juridiction a précisé le champ de compétences respectif ainsi que le régime de responsabilité entre l'État et les collectivités territoriales. Le Conseil d'État a jugé, en s'appuyant notamment sur les dispositions des articles L. 114-1, L. 114-1-1 et L. 114-2 du code de l'action sociale et des familles, que lorsqu'une collectivité territoriale organise un service de restauration scolaire ou des activités complémentaires aux activités d'enseignement et de formation pendant les heures d'ouverture des établissements scolaires, ou encore des activités périscolaires sur le fondement des articles L. 216-1 et L. 551-1 du code de l'éducation, il lui appartient de garantir l'accès des enfants en situation de handicap à ces services ou activités. La prise en charge financière éventuelle des AESH sur ces temps incombe ainsi à la collectivité territoriale. S'il ne revient donc pas à l'État d'organiser ni de prendre en charge financièrement cet accompagnement, « il [lui] appartient de déterminer avec la collectivité territoriale qui organise ce service et ces activités si et, le cas échéant, comment cette même personne peut intervenir auprès de l'enfant durant ce service et ces activités, de façon à assurer, dans l'intérêt de l'enfant, la continuité de l'aide qui lui est apportée ». Trois options différentes sont envisagées par le Conseil d'État pour l'organisation de la prise en charge des élèves en situation de handicap sur le temps périscolaire : la mise à disposition des AESH aux collectivités territoriales sur le fondement de l'article L. 916-2 du code de l'éducation, le recrutement direct par la collectivité territoriale pour les heures de temps périscolaire et le recrutement conjoint par l'État et par la collectivité territoriale sur le fondement de l'article L. 917-1 du code de l'éducation. Depuis la rentrée 2021, les services académiques veillent à s'assurer de la bonne information des collectivités territoriales lors du recrutement d'un AESH afin de garantir la continuité de l'accompagnement de l'élève et la bonne articulation entre temps scolaires et périscolaires. Des travaux interministériels sont en cours pour décliner les différentes options rappelées par le Conseil d'État dans sa décision du 20 novembre 2020 et préciser les modalités concrètes que prendra cette coordination nécessaire dans l'intérêt de ces élèves.
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