Question de M. DÉTRAIGNE Yves (Marne - UC) publiée le 21/07/2022
M. Yves Détraigne souhaite appeler l'attention de Mme la ministre de l'Europe et des affaires étrangères sur l'alerte rouge lancée par l'organisation des nations unies sur le risque de catastrophe absolue que représente le retard pris dans la vaccination infantile.
Environ 24,7 millions d'enfants ont raté leur première dose contre la rougeole en 2021, soit plus de 5 millions de plus qu'en 2019. Et 14,7 millions d'enfants supplémentaires n'ont pas reçu leur deuxième dose. De même, la proportion d'enfants ayant reçu les trois doses du vaccin contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite (DTP) est tombée de 86 % en 2019 à seulement 81 % en 2021. Ce vaccin est utilisé comme indicateur clé de la couverture vaccinale à travers le monde.
Cette baisse enregistrée en 2020 et 2021 fait suite à une décennie d'améliorations. Selon l'organisation mondiale de la santé (OMS), les raisons sont multiples : conflits, désinformation accrue et problèmes d'approvisionnement ou de continuité des soins liés à la pandémie de covid-19. Il était espéré que l'année 2021 commence à opérer un rattrapage après les confinements mais au lieu de cela, les taux de vaccination ont continué à baisser, et ce, dans toutes les régions du monde. Cela intervient alors que les taux de malnutrition sont par ailleurs en hausse. Un enfant malnutri a déjà des défenses immunitaires plus faibles et est donc plus susceptible de développer des cas graves de ces maladies pourtant évitables.
Pour lutter contre les pandémies de l'avenir, il lui demande d'œuvrer avec ses partenaires européens pour que puissent s'opérer les indispensables programmes de vaccination infantile.
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Réponse du Ministère de l'Europe et des affaires étrangères publiée le 15/09/2022
La pandémie de COVID-19 a entraîné une perturbation massive de l'accès aux services de santé essentiels dans de nombreux pays à faible revenu, touchant particulièrement les enfants de moins de 5 ans. Les dernières données publiées conjointement par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et le Fonds des Nations unies pour l'enfance (UNICEF) sur les taux de couverture vaccinale dans le monde (WUENIC 2021) sont inquiétantes. Depuis 2019, 112 pays ont observé une stagnation ou une baisse de la couverture vaccinale contre la diphtérie, le tétanos et la coqueluche. Plus de 5 millions d'enfants de moins de 5 ans sont morts en 2020, dont 2,7 millions en Afrique subsaharienne ; les décès après la période néonatale, en grande partie dus à des maladies qui peuvent être prévenues par la vaccination, représenteraient jusqu'à 70 % de la mortalité globale chez les enfants de moins de 5 ans. La France promeut activement la couverture sanitaire équitable et universelle grâce à des soins de santé primaires de qualité intégrant des services de vaccination à destination des enfants. Elle est l'un des premiers bailleurs de GAVI, l'Alliance internationale du Vaccin, une organisation multilatérale dont la mission principale est l'accès des enfants vivant dans les pays à faible revenu aux vaccins innovants et/ou insuffisamment utilisés, à travers la mise en place de programmes d'immunisation de routine. En 2019, la France a renouvelé sa contribution à cette alliance à hauteur de 500 M pour la mise en uvre d'une nouvelle stratégie quinquennale (2021-2025), visant à vacciner 300 millions d'enfants supplémentaires avec la mise à disposition de 18 vaccins clés. Avec ses partenaires européens, la France soutient la mise en place de programmes dans les pays à revenus intermédiaires, avec une attention spécifique accordée aux enfants les plus isolés et les plus à risque (enfants « zéro dose »), afin de prévenir tout nouveau recul de la couverture vaccinale dans le monde. Il a été demandé à GAVI de redoubler d'efforts en direction de ces populations et de veiller à éviter les potentiels effets d'éviction de la vaccination contre la Covid, par ailleurs nécessaire, sur les programmes de vaccination de routine. La France mène également des actions de plaidoyer durables et significatives en faveur de la vaccination des enfants au sein d'institutions multilatérales telles que l'OMS et UNICEF. Elle agit concrètement, par exemple, via le Fonds français Muskoka (FFM), auquel elle contribue à hauteur de 10 M par an jusqu'en 2026, et qui uvre en Afrique de l'Ouest et du Centre pour améliorer l'accès aux services de vaccination tout en renforçant les systèmes de santé et en y intégrant des interventions de nutrition.
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