Question de M. GUÉRINI Jean-Noël (Bouches-du-Rhône - RDSE) publiée le 28/07/2022

M. Jean-Noël Guérini appelle l'attention de M. le ministre de la santé et de la prévention sur l'accroissement de l'obésité infantile durant la pandémie.
Une étude publiée dans le bulletin épidémiologique hebdomadaire de Santé publique France du 26 avril 2022 s'est intéressée à l'impact de la crise sanitaire sur le statut staturo-pondéral des enfants de quatre ans. Elle a été menée auprès de 48 119 enfants scolarisés en maternelle dans le département du Val-de-Marne.
Ses conclusions indiquent que la proportion d'enfants obèses a quasiment doublé entre les années scolaires de référence 2018-2019 et 2020-2021, passant de 2,8 % à 4,6 %. Le taux d'enfants en surpoids a également progressé de 8,9 % à 11,2 %.
Cette augmentation significative est plus importante encore dans le réseau d'éducation prioritaire ou prioritaire renforcée et frappe davantage les filles. Il semblerait que les mesures prises lors de la pandémie aient accru la sédentarité et dégradé les modes d'alimentation (accroissement des grignotages, consommation de produits ultra-transformés).
L'obésité constituant un facteur de risque important pour les maladies cardio-vasculaires, le diabète et certains cancers, il lui demande comment mener des actions particulières de prévention nutritionnelle et de prise en charge du surpoids et de l'obésité des enfants dans les zones socialement défavorisées.

- page 3981


Réponse du Ministère de la santé et de la prévention publiée le 01/06/2023

L'amélioration de l'état de santé nutritionnelle de la population constitue un enjeu majeur des politiques de santé publique auquel le Programme national nutrition santé 2019-2023 (PNNS 4) vise à répondre en mobilisant notamment deux leviers : d'une part, la promotion de comportements individuels favorables à la santé (ex : recommandations nutritionnelles, éducation à l'alimentation, …) et d'autre part, l'amélioration des environnements alimentaires et physiques (ex : réduction de l'exposition au marketing, amélioration de la qualité nutritionnelle de l'offre, amélioration de l'information du consommateur par l'affichage du Nutri-Score, …). Le PNNS 4 a pour objectifs quantifiés, définis par le Haut conseil de la santé publique (HCSP), de diminuer la prévalence du surpoids et de l'obésité de 20 % chez les enfants et les adolescents et de 10 % chez les enfants et adolescents issus de familles défavorisées. Parmi les différentes actions mises en oeuvre dans le cadre du PNNS 4, de nombreuses mesures de prévention ciblent spécifiquement les enfants, qui constituent une cible prioritaire car les comportements acquis dans l'enfance persistent le plus souvent à l'âge adulte. Le surpoids et l'obésité des enfants de 6 à 17 ans demeurent très élevés, avec 17 % d'enfants en surpoids dont 4 % sont obèses. Les inégalités sociales sont marquées, un enfant d'ouvrier aura 4 fois plus de risques d'être obèse qu'un enfant de cadre. Ces différentes actions sont autant de leviers permettant aux acteurs locaux de mener des actions particulières de prévention nutritionnelle et de prise en charge du surpoids et de l'obésité des enfants dans les zones socialement défavorisées. En octobre 2021, Santé publique France a publié des recommandations nutritionnelles actualisées pour les enfants de 0 à 3 ans, à partir des avis de l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES) et du Haut Conseil de la santé publique. Une brochure sur la diversification alimentaire et les différents messages permettant d'accompagner les parents pour une alimentation favorable à la santé de leurs jeunes enfants sont diffusés sur le site mangerbouger.fr. La publication par Santé publique France des nouvelles recommandations nutritionnelles pour les enfants de 4 à 17 ans est attendue courant 2023. Pour favoriser la diffusion des comportements favorables, il est prévu de développer une offre de formation sur l'alimentation, l'activité physique et la sédentarité à destination des professionnels de la petite enfance et des familles. D'autres mesures visent à améliorer la qualité de l'offre alimentaire en restauration collective. Ainsi, sur la base des nouvelles recommandations alimentaires du PNNS, les recommandations nutritionnelles et la règlementation relative à la qualité nutritionnelle des repas servis en restauration scolaire seront mises à jour en 2023. Par ailleurs, le PNNS 4 intègre l'enjeu d'amélioration de l'accès à une alimentation favorable à la santé pour les personnes en situation de précarité alimentaire, en articulation avec la stratégie nationale de lutte contre la pauvreté ; plusieurs actions visent les enfants telles que l'offre ciblée de petits déjeuners à l'école ou les tarifs sociaux pour les cantines scolaires. Plus largement, le PNNS 4 prévoit d'améliorer la qualité nutritionnelle de l'offre alimentaire par des engagements volontaires des industriels, sur la base de seuils de reformulation en sel, sucres, graisses saturées et fibres proposés par l'ANSES pour les aliments transformés couramment consommés. Les départements et région d'Outre-mer font face à des prévalences plus élevées de surpoids, d'obésité et de diabète que dans l'Hexagone. Ces éléments ont été pris en compte dans une déclinaison ultramarine du PNNS 4 publiée fin septembre 2022 qui mobilise les acteurs autour d'actions liées notamment aux enfants. En matière de prise en charge, la feuille de route « Prise en charge des personnes en situation d'obésité » est axée sur l'amélioration de la prise en charge sanitaire et l'organisation du parcours de soins des personnes concernées. Sa mise en oeuvre constitue une action à part entière du PNNS. Les actions portent en particulier sur l'amélioration de l'orientation des personnes obèses ou à risque d'obésité vers les équipes compétentes, l'amélioration de la lisibilité de l'offre sur les territoires, le renforcement des centres spécialisés de l'obésité, ainsi que la poursuite d'expérimentations innovantes en direction de publics ciblés, notamment les enfants et adolescents. Issu de ces expérimentations, le dispositif « Mission : retrouve ton cap » destiné à prévenir le surpoids et l'obésité infantile à travers une prise en charge pluridisciplinaire, est en cours de généralisation sur l'ensemble du territoire. Ce dispositif permet aux enfants de 3 à 12 ans à risque d'obésité, en surpoids ou en obésité non complexe, de bénéficier sur prescription médicale d'une prise en charge précoce, pluridisciplinaire diététique, psychologique, activité physique remboursée à 100 % par l'Assurance maladie sans avance de frais par la famille ni dépassement d'honoraire. La prise en charge est prescrite par le médecin de l'enfant (médecin généraliste, pédiatre, médecin de Protection maternelle et infantile, médecin de santé scolaire) et mise en oeuvre par des professionnels de santé et des psychologues au sein de centres de santé ou de maisons de santé pluri-professionnelles référencés. Enfin, la Stratégie Nationale Sport Santé s'articule avec le PNNS 4 et participe de la prévention du surpoids et de l'obésité via la promotion de l'activité physique auprès des enfants et des jeunes : inscription de l'activité physique et sportive dans le développement des écoles promotrices de santé, soutien au développement de programmes pendant et en dehors des temps scolaires (programme ICAPS, programme 30 minutes d'activité physique quotidienne à l'école).

- page 3525

Page mise à jour le