Question de Mme VARAILLAS Marie-Claude (Dordogne - CRCE) publiée le 11/08/2022

Mme Marie-Claude Varaillas attire l'attention de M. le ministre du travail, du plein emploi et de l'insertion sur la hausse particulièrement marquée des accidents du travail chez les femmes.

Selon l'étude publiée par l'agence nationale pour l'amélioration des conditions de travail (Anact) début juillet 2022, le nombre d'accidents du travail a baissé de 11 % entre 2001 et 2019. Derrière cette baisse, le recul important d'accidents du travail chez les hommes (- 27 %) masque une très forte augmentation du nombre d'accidents du travail chez les femmes (+ 46 %).

Si les femmes sont moins exposées aux accidents mortels que les hommes, leurs accidents sont en moyenne plus graves, entraînent des arrêts plus longs (73 jours d'arrêt contre 67 pour les hommes) et tendent à devenir de plus en plus récurrents.

Ce sont les secteurs d'emploi du service (santé, social, médico-social, nettoyage), particulièrement féminisés, qui sont concernés en premier lieu puisqu'ils enregistrent une hausse des accidents du travail chez les femmes de 110 % alors que dans le même temps, dans ce secteur, il y a eu une baisse des accidents du travail chez les hommes. Ce même constat est observé dans les métiers du bâtiment et des travaux publics (BTP) où les accidents du travail des femmes ont augmenté de 85 % alors que ceux des hommes ont baissé et ce, malgré une hausse des effectifs masculins.

Ces chiffres révèlent des conditions d'exposition différenciées des femmes et des hommes avec une sous-évaluation des risques et des mutations du travail des femmes. Ils reflètent des risques accrus sur la santé des femmes dans des professions omniprésentes et souvent les moins bien rémunérées.

C'est pourquoi elle lui demande quelles mesures il envisage de mettre en œuvre pour garantir une plus grande prévention et une meilleure protection des femmes dans leur activité professionnelle.

- page 4236


Réponse du Ministère du travail, du plein emploi et de l'insertion publiée le 24/11/2022

A titre liminaire, le ministère du travail, du plein emploi et de l'insertion est pleinement mobilisé dans la lutte contre les accidents du travail, comme en témoigne le plan de lutte contre les accidents du travail graves et mortels qui mobilise l'Etat et ses partenaires autour d'actions visant à la fois des risques et des publics prioritaires. L'évaluation des risques est la première étape de l'application des principes de prévention qui incombent à l'employeur. Conformément aux principes généraux de prévention définis dans le code du travail, tout employeur doit procéder à l'évaluation des risques pour la santé et la sécurité des travailleurs qui ne peuvent être évités, en tenant compte de l'impact différencié de l'exposition au risque en fonction du sexe. Cela peut correspondre au recensement des postes à risques dans le document unique d'évaluation des risques professionnels (DUERP), à la définition, à l'actualisation et à la mise en œuvre de mesures de prévention adaptées à la nature et au niveau de risque. La loi du 2 août 2021 a renforcé ces dispositions en rehaussant au niveau législatif l'obligation de réaliser un DUERP, ainsi qu'en précisant le fait que cette évaluation doit déboucher sur des actions de prévention et de protection. L'accompagnement de l'employeur pour mener à bien ces travaux, grâce au dialogue social interne à l'entreprise et par les organismes de prévention, a par ailleurs été renforcé. La prise en compte différenciée de l'exposition au risque en fonction du sexe, obligatoire dans le droit, est donc déjà au cœur de la démarche de la prévention de risques de l'employeur. Il s'agit désormais de mieux sensibiliser et accompagner les employeurs, mais également les acteurs de la santé au travail, afin qu'ils s'approprient pleinement cette démarche et la mettent en œuvre de manière opérationnelle. A ce titre, le quatrième plan Santé au travail (PST4), feuille de route de l'État, des institutions de la santé au travail et des partenaires sociaux, prévoit de sensibiliser et de mieux outiller les employeurs et les acteurs de la prévention à ce sujet. Pour réaliser cette action, le ministère du travail se fonde sur l'expertise en matière d'égalité entre les femmes et les hommes au travail de l'Agence nationale pour l'amélioration des conditions de travail. Est ainsi prévu, pour l'année 2023, un guide à destination des employeurs pour mieux prendre en compte et évaluer les risques auxquels les femmes sont exposées dans la construction de leur DUERP. Conformément aux engagements du Grenelle des violences conjugales, le PST4 prévoit également d'accompagner les entreprises dans la prévention des violences sexistes et sexuelles au travail mais aussi dans la prise en compte des violences conjugales, en outillant les services de ressources humaines et les comités social et économique. Dans la continuité de cette impulsion nationale, la prise en compte de la santé des femmes au travail se décline au niveau régional, au travers des plans régionaux en santé au travail.

- page 5974

Page mise à jour le