Question de Mme FILLEUL Martine (Nord - SER) publiée le 06/10/2022
Question posée en séance publique le 05/10/2022
M. le président. La parole est à Mme Martine Filleul, pour le groupe Socialiste, Écologiste et Républicain. (Applaudissements sur les travées du groupe SER.)
Mme Martine Filleul. Toutes les enquêtes convergent pour dire que cette rentrée universitaire sera la plus chère de ces vingt dernières années.
L'Union nationale des étudiants de France (UNEF) estime la hausse du coût de la vie étudiante à 400 euros : les frais d'inscription explosent, et le prix des pâtes, base de l'alimentation des étudiants, a augmenté de 21 % en un an.
Ainsi, 56 % des étudiants ne mangeraient pas à leur faim ; je dis bien 56 % ! À Lille, un tiers des étudiants vivent déjà sous le seuil de pauvreté.
Oui, en France, les étudiants ont faim. L'inflation est pour eux un coup de grâce.
Oui, en France, les étudiants ont froid. Ils vont subir un nouvel hiver dans les logements délabrés des centres régionaux des œuvres universitaires et scolaires (Crous), qui seront encore moins bien chauffés cette année.
Oui, en France, les étudiants ont peur. Le traumatisme de l'enseignement à distance ressurgit. Certaines universités, comme celle de Strasbourg, envisagent une fermeture pour faire des économies d'énergie. Ils ont peur également de Parcoursup, dont l'algorithme opaque les hante, et de la sélection à l'entrée en master, véritable épée de Damoclès.
Le Gouvernement fait des annonces, mais elles sont sans commune mesure avec l'ampleur, la gravité et l'urgence de la situation.
Les étudiants sont-ils encore une priorité pour ce gouvernement ? Quelle université voulons-nous pour demain ? (Applaudissements sur les travées des groupes SER et GEST, ainsi que sur des travées du groupe CRCE.)
Réponse du Ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche publiée le 06/10/2022
Réponse apportée en séance publique le 05/10/2022
M. le président. La parole est à Mme la ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche.
Mme Sylvie Retailleau, ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche. Madame la sénatrice, je voudrais d'abord vous remercier d'avoir choisi d'évoquer un tel sujet : en cette rentrée, dans le contexte d'inflation que nous connaissons, c'est une vraie question.
Je veux directement répondre à votre question : oui, les étudiants restent au cur de la politique de notre gouvernement ; les étudiants et notre jeunesse sont clairement une priorité pour nous !
Nous avons déjà partiellement répondu à cette situation avant l'été, par des mesures d'urgence qui sont appliquées actuellement. Je voudrais vous les rappeler, parce qu'il est bon que tous les connaissent.
Je rappellerai d'abord que nous avons gelé les droits d'inscription, et ce depuis plusieurs années ; les loyers des Crous ont aussi été gelés.
Nous avons aussi augmenté de 4 % le montant des bourses ; l'aide personnalisée au logement (APL) a pour sa part été revalorisée de 3,5 %. Les étudiants recevant des aides annuelles du Crous, ainsi que tous les étudiants bénéficiaires des APL ont par ailleurs reçu une aide exceptionnelle de solidarité de 100 euros. S'y ajoute évidemment la reconduite des repas à un euro pour toute l'année universitaire, ce qui représente 100 euros d'économie par mois pour un étudiant. Plus de la moitié des étudiants sont concernés par ces mesures d'urgence dès la rentrée.
Je voudrais faire passer ce message, parce que je suis d'accord avec vous quant à l'importance de cette question. Un étudiant en situation de précarité pourra, s'il s'adresse au Crous, avoir accès très rapidement aux repas à un euro et à des aides d'urgence.
J'en viens à présent aux problèmes énergétiques. Le message est clair pour tous les établissements : rien ne doit se faire au détriment des étudiants. Il n'y aura ni remise à distance des enseignements ni blocage de gros projets d'investissement de nos établissements, en particulier pour la rénovation thermique et énergétique, ou pour le plan de sobriété. Les messages ont été passés et les établissements seront accompagnés au cas par cas pour que cela ne se reproduise pas. (Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.)
M. le président. La parole est à Mme Martine Filleul, pour la réplique.
Mme Martine Filleul. Madame la ministre, merci de votre réponse, mais changer quelques paramètres, comme vous le suggérez, n'est malheureusement pas suffisant.
Je vous en donne quelques exemples : 77 % des étudiants sont exclus du repas à un euro ; la majorité des boursiers perçoit l'échelon 0 bis, soit la somme dérisoire de 100 euros mensuels.
Il faut donc une refonte complète du système des bourses, comme le président Macron s'y était engagé en 2017, car le système des aides sociales aux étudiants est à bout de souffle. On ne peut pas se dispenser plus longtemps d'investir dans la jeunesse ! (Applaudissements sur les travées des groupes SER et GEST. Mme Laurence Cohen applaudit également.)
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