Question de Mme LASSARADE Florence (Gironde - Les Républicains) publiée le 27/10/2022
Question posée en séance publique le 26/10/2022
M. le président. La parole est à Mme Florence Lassarade, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
Mme Florence Lassarade. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, ce sont actuellement 6 500 soignants en pédiatrie qui ont signé une lettre ouverte au Président de la République, dans laquelle ils dénoncent les mises en danger quotidiennes des patients dans des services saturés.
En cause, l'épidémie de bronchiolite et des services hospitaliers très fragilisés, qui peinent à recruter et à garder du personnel, notamment paramédical. Pourtant, l'épidémie de bronchiolite est habituelle à l'automne, donc prévisible.
Monsieur le ministre, cette situation n'est malheureusement pas nouvelle. En 2019, déjà, faute de place en réanimation, des enfants ont dû être transférés hors de la région Île-de-France. Mais, aujourd'hui, ce problème se pose avec acuité sur l'ensemble du territoire. Des enfants sont régulièrement transférés d'un hôpital à l'autre, parfois même à plus de 200 kilomètres.
Comment en est-on arrivé là ?
Les capacités d'accueil des services se dégradent en raison de la fermeture de lits et du manque de personnel soignant.
On n'a pas assez de médecins libéraux, on restreint l'accès aux urgences et on ne fait plus appel aux kinésithérapeutes pour les bronchiolites. Pourtant, d'après une étude de la plateforme AquiRespi, l'offre de soins en kinésithérapie respiratoire permet de réduire de 13 % les consultations pédiatriques au CHU de Bordeaux le week-end.
C'est toujours le même constat : le Gouvernement n'a rien anticipé et gère la pénurie avec des rustines. Le déclenchement des plans blancs oblige à déprogrammer des interventions chirurgicales pour une simple épidémie de bronchiolite, sans qu'il y ait véritablement de perspective d'amélioration.
Vous avez annoncé le déblocage de 150 millions d'euros pour les services en tension à l'hôpital, notamment en pédiatrie. Pour autant, monsieur le ministre, le Gouvernement envisage-t-il enfin de mettre en œuvre des mesures structurelles, en revalorisant significativement la permanence des soins de nuit, du week-end et des jours fériés, en augmentant le nombre de pédiatres, en libéral et à l'hôpital, et en acceptant que les kinésithérapeutes puissent de nouveau intervenir pour lutter contre l'épidémie de bronchiolite, comme c'était le cas auparavant ? (Mme Laurence Cohen applaudit.)
Réponse du Ministère de la santé et de la prévention publiée le 27/10/2022
Réponse apportée en séance publique le 26/10/2022
M. le président. La parole est à M. le ministre de la santé et de la prévention.
M. François Braun, ministre de la santé et de la prévention. Madame la sénatrice Lassarade, je vous remercie de revenir, au travers de votre question, aux problèmes liés à la bronchiolite et, plus largement, à la situation dans nos hôpitaux. Vous savez que ce problème me préoccupe particulièrement.
Je veux cependant apporter quelques précisions à ce que je viens d'entendre.
Non, on ne trie pas les enfants à l'entrée de l'hôpital. Les mots ont un sens, madame la sénatrice, et celui-ci ajoute artificiellement de l'inquiétude et de l'angoisse chez les parents. Pis, il peut inciter au renoncement aux soins, ce qui est dangereux.
Je le redis avec force, notre système de santé dans son ensemble prend en charge tous les enfants en situation de détresse, dans le cadre de parcours de soins identifiés pour répondre aux besoins. Je le répète, toutes les bronchiolites ne doivent pas aller à l'hôpital.
S'agissant de ce parcours, vous parlez de la place des kinésithérapeutes. Voilà plusieurs mois, la Haute Autorité de santé a relevé que certaines pratiques de kinésithérapie habituelles réalisées sur les bronchiolites étaient dangereuses et qu'il fallait y mettre fin. La place de ces professionnels est donc désormais beaucoup moins importante dans le traitement de cette pathologie précise.
Comment savoir où faire prendre en charge son enfant victime d'une crise de bronchiolite avec des difficultés respiratoires ? Je le redis aux parents, si vous ne savez pas et que vous n'avez pas de médecin traitant, composez le 15, pour appeler le Samu, le service d'aide médicale urgente. (Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.)
Mme Pascale Gruny. Le Samu est saturé !
M. François Braun, ministre. Vous trouverez des professionnels compétents, qui pourront vous diriger vers le meilleur parcours de soins pour votre enfant. En effet, je le répète, ce n'est pas toujours l'hôpital ; c'est bien souvent le médecin traitant. Je vous invite à aller voir ces professionnels, que ce soit à Bordeaux ou à Créteil.
En ce qui concerne la problématique plus large de l'hôpital, je vous rejoins, madame la sénatrice. Nous avons des problèmes structurels qui ne sont malheureusement pas nouveaux.
L'un de mes engagements est justement de travailler sur les problèmes structurels globaux de l'hôpital, et pas uniquement sur la filière pédiatrique. C'est ce que porte le PLFSS pour l'année prochaine, dont nous aurons l'occasion, je pense, de discuter dans les semaines qui viennent. Je pourrai alors plus librement vous détailler l'ensemble des mesures destinées à restructurer notre système de santé et l'hôpital public. (M. François Patriat applaudit.)
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