Question de M. LONGEOT Jean-François (Doubs - UC) publiée le 10/11/2022

Question posée en séance publique le 09/11/2022

M. le président. La parole est à M. Jean-François Longeot, pour le groupe Union Centriste. (Applaudissements sur les travées du groupe UC.)

M. Jean-François Longeot. Ma question s'adresse à M. le ministre du travail, du plein emploi et de l'insertion.

La 27e conférence des parties à la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, ou COP27, s'est ouverte dimanche dernier à Charm el-Cheikh. Il s'agit d'un rendez-vous déterminant pour l'avenir de la planète. Nous ne pouvons que saluer les engagements pris par l'Europe et la France pour parvenir à la neutralité carbone en 2050.

Atteindre cet objectif demandera des compétences. C'est précisément l'objet de ma question : les ressources humaines nécessaires à la transition.

Si nous ne prenons pas assez au sérieux l'enjeu de la formation, la transition écologique pourrait demain se heurter à une pénurie de savoir-faire dans notre pays. En ce moment même, des soudeurs américains réparent les défauts de corrosion sous contrainte de notre parc nucléaire, car nous n'avons pas assez de ressources humaines pour y parvenir seuls dans les délais resserrés actuels.

Parmi les problématiques les plus parlantes au sujet de la pénurie de compétences, on sait que le secteur des transports est l'un des gros émetteurs de gaz à effet de serre. Le ferroviaire aura un rôle clé dans le verdissement de ce secteur. Or une étude prospective menée par l'Observatoire de la métallurgie a récemment démontré que, d'ici à 2030, le besoin en ingénieurs ferroviaires serait de près de 14 000 ingénieurs, nécessitant plus de 7 900 nouveaux recrutements en tenant compte des départs à la retraite. Cela signifie que devraient sortir des formations supérieures spécialisées dans le ferroviaire environ 790 ingénieurs par an, alors qu'il n'en sort aujourd'hui que 250.

La question est en l'occurrence quantitative, mais elle est aussi qualitative. Il faut former à la décarbonation. C'est particulièrement vrai dans le domaine des énergies renouvelables, du nucléaire ou encore de l'agriculture. Tel était d'ailleurs le message de l'appel des étudiants de l'AgroParisTech, déplorant ne pas être formés à l'agroécologie.

Monsieur le ministre, à l'heure de la COP27, notre système de formation initiale et continue a-t-il bien pris en compte l'enjeu de la transition environnementale ? Si oui, comment ? (Applaudissements sur les travées du groupe UC.)


Réponse du Ministère du travail, du plein emploi et de l'insertion publiée le 10/11/2022

Réponse apportée en séance publique le 09/11/2022

M. le président. La parole est à M. le ministre du travail, du plein emploi et de l'insertion.

M. Olivier Dussopt, ministre du travail, du plein emploi et de l'insertion. Je vous remercie tout d'abord, monsieur le sénateur Longeot, de rappeler par votre question l'importance des transitions à mener et des travaux conduits à l'occasion de la COP27.

Je vous répondrai en deux points.

Vous avez mille fois raison s'agissant de la formation initiale et de la nécessité d'orienter celle-ci vers l'accompagnement des transitions, notamment la transition écologique.

Mon collègue ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse, ainsi que ma collègue ministre déléguée chargée de l'enseignement et de la formation professionnels pourraient vous dire tout ce qui est fait en matière de réorientation de la formation, de réorientation et de réforme de la filière professionnelle, pour, justement, disposer de formations qualifiantes, permettant d'aborder l'avenir. C'est vrai pour les études secondaires, mais aussi pour les études supérieures – Mme la ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche y veille.

Il s'agit bien de faire en sorte que notre appareil de formation initiale intègre pleinement les besoins de formation que vous avez évoqués.

Au-delà de la formation initiale, nous devons aussi penser l'accompagnement des transitions pour l'ensemble des entreprises et des salariés. C'est pourquoi nous sommes aussi extrêmement attentifs à ce que les entreprises puissent accompagner la transition en leur sein. Vous avez évoqué le nucléaire, l'agriculture, le secteur de l'hydrogène et des transports ; le secteur de l'automobile est, lui aussi, particulièrement concerné.

Nous devons, par la formation continue, par les dispositifs de transition collective, par les programmes de formation des salariés, chercher à accompagner cette transition, en permettant que celles et ceux qui ont été formés sur des techniques d'excellence voilà dix, quinze ou vingt ans puissent l'être à nouveau et puissent monter en qualification.

Dans le cadre du projet de loi de finances pour 2023 – vous aurez l'occasion de le constater dans les prochains jours, mesdames, messieurs les sénateurs –, plus de 350 millions d'euros ont été prévus pour réabonder le fonds national de l'emploi sur son volet formation, en vue du financement de dispositifs de transition collective. Il s'agit aussi de permettre que les branches professionnelles, par le dialogue social, se saisissent de ce besoin de reclassement, de formation et d'apport à leurs salariés de nouvelles qualifications et compétences. (MM. Martin Lévrier et Joël Guerriau applaudissent.)

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